SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 16 - L
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CATALOGUE
DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS
QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,
Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.
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LABADI
Voyez ABADIE.
LABBE (Philippe)
1607 - 1667
Né à Bourges en 1607, jésuite. Il a rendu de grands services à l’histoire. On a de lui soixante-seize ouvrages. Mort en 1667.
LA BRUYÈRE (Jean de)
1644 - 1696
Né à Dourdan en 1644. Il est certain qu’il peignit dans ses Caractères des personnes connues et considérables. Son livre a fait beaucoup de mauvais imitateurs. Ce qu’il dit à la fin contre les athées est estimé ; mais quand il se mêle de théologie, il est au-dessous même des théologiens. Mort en 1696.
LA CHAMBRE (Marin Cureau de)
1594 - 1669
Né au Mans en 1594. L’un des premiers membres de l’Académie française, et ensuite de celle des sciences : mort en 1669. Lui, et son fils, curé de Saint-Barthélemy, et académicien, ont eu de la réputation.
LA CHAPELLE (Jean de)
? - 1723
Receveur général des finances, auteur de quelques tragédies qui eurent du succès en leur temps. Il était un de ceux qui tâchaient d’imiter Racine ; car Racine forma, sans le vouloir, une école comme les grands peintres. Ce fut un Raphaël qui ne fit point de Jules Romain : mais au moins ses premiers disciples écrivirent avec quelque pureté de langage ; et, dans la décadence qui a suivi, on a vu de nos jours des tragédies entières où il n’y a pas douze vers de suite dans lesquels il n’y ait des fautes grossières. Voilà d’où l’on est tombé, et à quels excès on est parvenu après avoir eu de si grands modèles. Mort en 1723.
LA CHAUSSÉE
Voyez NIVELLE.
LA CROZE (Mathurin Veissière de)
1661 - 1739
Né à Nantes en 1661, bénédictin à Paris. Sa liberté de penser, et un prieur contraire à cette liberté, lui firent quitter son ordre et sa religion. C’était une bibliothèque vivante, et sa mémoire était un prodige. Outre les choses utiles et agréables qu’il savait, il en avait étudié d’autres qu’on ne peut savoir, comme l’ancienne langue égyptienne. Il y a de lui un ouvrage estimé, c’est le Christianisme des Indes. Ce qu’on y trouve de plus curieux, c’est que les bramins croient l’unité d’un Dieu, en laissant les idoles aux peuples. La fureur d’écrire est telle, qu’on a écrit la vie de cet homme en un volume aussi gros que la Vie d’Alexandre. Ce petit extrait, encore trop long, aurait suffi. Mort à Berlin en 1739.
LA FARE (Charles-Auguste, marquis de)
1644 - 1712
Connu par ses Mémoires et par quelques vers agréables. Son talent pour la poésie ne se développa qu’à l’âge de près de soixante ans. Ce fut madame de Caylus, l’une des plus aimables personnes de ce siècle par sa beauté et par son esprit, pour laquelle il fit ses premiers vers, et peut-être les plus délicats qu’on ait de lui :
M’abandonnant un jour à la tristesse,
Sans espérance et même sans désirs,
Je regrettais les sensibles plaisirs
Dont la douceur enchanta ma jeunesse.
Sont-ils perdus, disais-je, sans retour ?
Et n’es-tu pas cruel, Amour !
Toi que je fis, dès mon enfance,
Le maître de mes plus beaux jours,
D’en laisser terminer le cours
A l’ennuyeuse indifférence ?
Alors j’aperçus dans les airs
L’enfant maître de l’univers
Qui, pleine d’une joie inhumaine,
Me dit en souriant : Tircis, ne te plains plus,
Je vais mettre fin à ta peine,
Je te promets un regard de Caylus.
Né en 1644, mort le 22 mai 1712.
LA FAYETTE (Marie-Magdelaine Pioche de La Vergne, comtesse de)
? - 1693
Sa Princesse de Clève et sa Zaïde furent les premiers romans où l’on vit les mœurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles décrites avec grâce. Avant elle on écrivait d’un style ampoulé des choses peu vraisemblables. Morte en 1693.
LA FONTAINE (Jean)
1621 - 1695
Né à Château-Thierry en 1621 ; le plus simple des hommes, mais admirable dans son genre, quoique négligé et inégal. Il fut le seul des grands hommes de son temps qui n’eut point de part aux bienfaits de Louis XIV. Il y avait droit par son mérite et par sa pauvreté. Dans la plupart de ses fables, il est infiniment au-dessus de tous ceux qui ont écrit avant et après lui, en quelque langue que ce puisse être. Dans les contes qu’il a imités de l’Arioste, il n’a pas son élégance et sa pureté ; il n’est pas, à beaucoup près, si grand peintre, et c’est ce que Boileau n’a pas aperçu dans sa Dissertation sur Joconde, parce que Despréaux ne savait presque pas l’italien : mais dans les contes puisés chez Boccace, La Fontaine lui est bien supérieur, parce qu’il a beaucoup plus d’esprit, de grâces, de finesse. Boccace n’a d’autre mérite que la naïveté, la clarté et l’exactitude dans le langage. Il a fixé sa langue, et La Fontaine a souvent corrompu la sienne. Mort en 1695.
Il faut que les jeunes gens, et surtout ceux qui dirigent leurs lectures, prennent bien garde à ne pas confondre avec son beau naturel, le familier, le bas, le négligé, le trivial ; défauts dans lesquels il tombe trop souvent. Il commence par dire au Dauphin dans son prologue :
Et si de t’agréer je n’emporte le prix,
J’aurai du moins l’honneur de l’avoir entrepris.
On sent assez qu’il n’y aurait nul honneur à ne pas emporter le prix d’agréer. La pensée est aussi fausse que l’expression est mauvaise.
Vous chantiez ! j’en suis fort aise ;
Hé bien ! dansez maintenant.
L., Ier, 1.
Comment une fourmi peut-elle dire ce proverbe du peuple à une cigale ?
Si j’apprenais l’hébreu, les sciences, l’histoire !
Tout cela c’est la mer à boire.
L., VIII, 25.
Il faut avouer que Phèdre écrit avec une pureté qui n’a rien de cette bassesse.
Le gibier du lion, ce ne sont pas moineaux.
Mais beaux et bons sangliers, daims et cerfs bons et beaux.
L., II, 19.
Un jour, sur ses longs pieds allait, je ne sais où,
Le héron au long bec emmanché d’un long cou (*)
L., VII, 4.
Et le renard qui a cent tours dans son sac ; et le chat qui n’en a qu’un dans son bissac.
Distinguons bien ces négligences, ces puérilités, qui sont en très grand nombre, des traits admirables de ce charmant auteur, qui sont en plus grand nombre encore.
Quel est donc le pouvoir naturel des vers naturels, puisque, par ce seul charme, La Fontaine, avec de grandes négligences, a une réputation si universelle et si méritée, sans avoir jamais rien inventé ? Mais aussi quel mérite dans les anciens Asiatiques, inventeurs de ces fables connues dans toute la terre habitable !
* On ne critiquerait pas aujourd’hui ces deux vers. (G.A.)
LA FOSSE (Jean)
1653 - 1708
Manlius est sa meilleure pièce de théâtre. Mort en 1708.
LA HIRE (Philippe de)
1640 - 1718
Né à Paris en 1640, fils d’un bon peintre. Il a été un savant mathématicien, et a beaucoup contribué à la fameuse méridienne de France. Mort en 1718.
LAINÉ ou LAINEZ (Alexandre)
1650 - 1710
Né dans le Hainaut en 1650, poète singulier, dont on a recueilli un petit nombre de vers heureux. Un homme (*) qui s’est donné la peine de faire élever à grands frais un Parnasse en bronze, couvert de figures en relief de tous les poètes et musiciens dont il s’est avisé, a mis ce Lainez au rang des plus illustres. Les seuls vers délicats qu’on ait de lui sont ceux qu’il fit pour madame Martel :
Le tendre Apelle un jour, dans ces jeux si vantés
Qu’Athènes sur ses bords consacrait à Neptune,
Vit au sortir de l’onde éclater cent beautés,
Et prenant un trait de chacune,
Il fit de sa Vénus le portrait immortel.
Hélas ! s’il avait vu l’adorable Martel,
Il n’en aurait employé qu’une.
On ne sait pas que ces vers sont une traduction un peu longue de ce beau morceau de l’Arioste :
Non avea de torre altra, che costei,
Che tutte le bellezze erano in lei.
C., XI, ott. LXXI.
Mort en 1710.
* Titon du Tillet. (G.A.)