THEÂTRE : LE DROIT DU SEIGNEUR - Partie 13
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LE DROIT DU SEIGNEUR.
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ACTE TROISIÈME.
SCÈNE VII.
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LE MARQUIS, ACANTHE, LE BAILLI, MATHURIN.
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MATHURIN, entrant brusquement.
Je crains, ma foi ! que l’on ne me déboute :
Entrons, entrons ; le quart d’heure est fini.
ACANTHE.
Eh quoi ! sitôt ?
LE MARQUIS, tirant sa montre.
Il est vrai, mon ami.
MATHURIN.
Maître bailli, ces sièges sont bien proches :
Est-ce encore un des droits ?
LE BAILLI.
Point de proches,
Mais du respect.
MATHURIN.
Mon Dieu ! nous en aurons ;
Mais aurons-nous ma femme ?
LE MARQUIS.
Nous verrons.
MATHURIN.
Ce nous verrons est d’un mauvais présage.
Qu’en dites-vous, bailli ?
LE BAILLI.
L’ami, sois sage.
MATHURIN.
Que je fis mal, ô ciel, quand je naquis,
De naître, hélas ! le vassal d’un marquis !
(Ils sortent.)
SCÈNE VIII.
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LE MARQUIS.
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LE MARQUIS.
Non, je ne perdrai point cette gageure…
Amoureux ! moi ! quel conte ! ah ! je m’assure
Que sur soi-même on garde un plein pouvoir :
Pour être sage on n’a qu’à le vouloir.
Il est bien vrai qu’Acanthe est assez belle…
Et de la grâce ! ah ! nul n’en a plus qu’elle…
Et de l’esprit !... quoi ! dans le fond des bois,
Pour avoir vu Dormène quelquefois,
Que de progrès ! qu’il faut peu de culture
Pour seconder les dons de la nature !
J’estime Acanthe : oui, je dois l’estimer ;
Mais, grâce au ciel, je suis très loin d’aimer,
A fuir l’amour j’ai mis toute ma gloire.
SCÈNE IX.
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LE MARQUIS, DIGNANT, BERTHE, MATHURIN.
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BERTHE.
Ah ! voici bien, pardienne, une autre histoire !
LE MARQUIS.
Quoi ?
BERTHE.
Pour le coup, c’est le droit du seigneur :
On nous enlève Acanthe.
LE MARQUIS.
Ah !
BERTHE.
Votre honneur
Sera honteux de cette vilenie ;
Et je n’aurais pas cru cette infamie
D’un grand seigneur, si bon, si libéral.
LE MARQUIS.
Comment ? qu’est-il arrivé ?
BERTHE.
Bien du mal…
Savez-vous pas qu’à peine chez son père
Elle arrivait pour finir notre affaire,
Quatre coquins, alertes, bien tournés,
Effrontément me l’ont prise à mon nez,
Tout en riant, et vite l’ont conduite
Je ne sais où ?
LE MARQUIS.
Qu’on aille à leur poursuite…
Holà ! quelqu’un… ne perdez point de temps,
Allez, courez, que mes gardes, mes gens,
De tous côtés marchent en diligence.
Volez, vous dis-je ; et, s’il faut ma présence,
J’irai moi-même.
BERTHE, à son mari.
Il parle tout de bon ;
Et l’on croirait, mon cher, à la façon
Dont monseigneur regarde cette injure,
Que c’est à lui qu’on a pris la future.
LE MARQUIS.
Et vous son père, et vous qui l’aimiez tant,
Vous qui perdez une si chère enfant,
Un tel trésor, un cœur noble, un cœur tendre,
Avez-vous pu souffrir, sans la défendre,
Que de vos bras on osât l’arracher ?
Un tel malheur semble peu vous toucher.
Que devient donc l’amitié paternelle ?
Vous m’étonnez.
DIGNANT.
Mon cœur gémit sur elle ;
Mais je me trompe, ou j’ai dû pressentir
Que par votre ordre on la faisait partir.
LE MARQUIS.
Par mon ordre ?
DIGNANT.
Oui.
LE MARQUIS.
Quelle injure nouvelle !
Tous ces gens-ci perdent-ils la cervelle ?
Allez-vous-en, laissez-moi, sortez tous.
Ah ! s’il se peut, modérons mon courroux…
Non, vous, restez.
MATHURIN.
Qui, moi ?
LE MARQUIS, à Dignant..
Non ; vous, vous dis-je.