STANCES : A M. Van-Haren
Photo de PAPAPOUSS
A M. VAN-HAREN,
DÉPUTÉ DES ÉTATS-GÉNÉRAUX
(1)
− 1743 −
Démosthène au conseil, et Pindare au Parnasse,
L’auguste vérité marche devant tes pas ;
Tyrtée a dans ton sein répandu son audace,
Et tu tiens sa trompette, organe des combats.
Je ne puis t’imiter, mais j’aime ton courage.
Né pour la liberté, tu penses en héros :
Mais qui naquit sujet ne doit penser qu’en sage,
Et vivre obscurément, s’il veut vivre en repos.
Notre esprit est conforme aux lieux qui l’ont vu naître :
A Rome on est esclave, à Londres citoyen.
La grandeur d’un Batave est de vivre sans maître ;
Et mon premier devoir est de servir le mien.
1 – Ces vers furent faits à La Haye, pendant la mission secrète dont Voltaire avait été chargé par le cabinet de Versailles. Voyez la CORRESPONDANCE à cette époque, et la Vie de Voltaire par Condorcet. (G.A.)