STANCE : Au roi de Prusse - 1751
Photo de PAPAPOUSS
AU ROI DE PRUSSE.
‒ 1751 ‒
Vainqueur des préjugés, vainqueur dans les combats,
Enfant de Marc-Aurèle, et rival de Lucrèce,
Quel étonnant génie a conduit tous vos pas
Du faîte de la gloire au sein de la sagesse !
C’est de vous que j’apprends à maîtriser le sort ;
Par vos grandes leçons ma raison raffermie
Fait de mes derniers jours les beaux jours de ma vie,
Et brave, ainsi que vous, les horreurs de la mort.
Dieux justes (s’il en est !) quoi ! cette âme si belle
N’est-il (1) qu’un composé de vos quatre éléments !
L’esprit de ce grand homme est-il une étincelle
Qui s’évapore avec les sens ?
Rentrez, esprits communs, dans la nuit éternelle ;
Périssez tout entiers, soyez anéantis.
Ame de Frédéric, vous êtes immortelle,
Ainsi que ses vertus, sa gloire, et ses écrits.
1 – Cette faute est dans le manuscrit. (Note de M. Boissonade.)