STANCE : Au roi de Prusse
Photo de PAPAPOUSS
AU ROI DE PRUSSE,
QUI L’AVAIT INVITÉ A DINER.
‒ 1752 ‒
A votre table divine
En vain je suis appelé,
Quand chez moi l’homme machine (1)
De tourments est accablé.
Que votre philosophie,
Que votre esprit courageux,
M’inspire et me fortifie
Dans ces combats douloureux !
Que vos lumières brillantes
M’éclairent malgré mes maux,
Comme ces lampes ardentes
Qui brûlaient dans les tombeaux !
Ici sous les yeux d’un sage,
Que je vive sagement ;
Que je souffre avec courage ;
Que je meure en vous aimant (2) !
1 – Un des familiers de Frédéric, La Mettrie, avait publié l’Homme machine. (G.A.)
2 – Quelques semaines après avoir écrit ces vers, Voltaire se brouillait avec Frédéric, et quittait Berlin. (G.A.)