POESIE : Nuit blanche de Sully
NUIT BLANCHE DE SULLY
A MADAME DE LA VRILLIERE
(1)
– 1716 –
Quelle beauté dans cette nuit profonde
Vient éclairer nos rivages heureux ?
Serait-ce point la nymphe de cette onde
Qu’amène ici le satyre amoureux ?
Je vois s’enfuir la jalouse dryade,
Je vois venir le faune dangereux ;
Non, ce n’est point une simple naïade ;
A tant d’attraits dont nos cœurs sont frappés,
A tant de grâce, à cet art de nous plaire,
A ces Amours autour d’elle attroupés,
Je reconnais Vénus, ou la Vrillière,
O déité ! Qui que ce soit des deux,
Vous qui venez prendre un rhume en ces lieux,
Heureux cent fois, heureux l’aimable asile
Qui vers minuit possède vos appas !
Et plus heureux les rimeurs qu’on exile
Dans ces jardins honorés par vos pas !
1 – Château où Voltaire passa le temps de son exil. (G.A.)