POESIE : Au roi de Prusse - 1751
Photo de PAPAPOUSS
AU ROI DE PRUSSE.
‒ 1751 ‒
Affublé d’un bonnet qui couvre de ses bords
Le peu que les destins m’ont donné de visage,
Sur un grabat étroit où gît mon maigre corps,
Oublié des plaisirs, et mis au rang des morts,
Que fais-je, à votre avis ? j’enrage.
Il est vrai, Salomon, que dans un bel ouvrage
Vous m’avez enseigné qu’il faut savoir vieillir,
Souffrir, mourir, s’anéantir.
Faute de mieux, grand roi, c’est un parti fort sage.
Je fais assez gaiement ce triste apprentissage,
Du mal qui me poursuit je brave en paix les coups.
Je me sens assez de courage
Pour affronter la nuit du ténébreux rivage,
Mais non pas pour vivre sans vous.