POESIE : A Madame la duchesse de Berry

Publié le par loveVoltaire

POESIE : A Madame la duchesse de Berry

 

 

Marie-Louise Elisabeth d'Orléans

Duchesse de Berry

Fille de Philippe d'Orléans, Régent

 

1695 - 1719

 

 

 

 

 

 

A MADAME LA DUCHESSE DE BERRY,

 

FILLE DU RÉGENT

 

 

 

 

  1716 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin votre esprit est guéri

Des craintes du vulgaire ;

Belle duchesse de Berri,

Achevez le mystère.

Un nouveau Loth vous sert d’époux,

Mère des Moabites :

Puisse bientôt naître de vous

Un peuple d’Ammonites !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Poésies

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A
Aujourd'hui, dans les romans historiques tout comme dans les livres d’histoire sur la Régence la Duchesse de Berry se trouve le plus souvent réduite à une figure malsaine de l’anormalité, jeune veuve nymphomane et boulimique qui s'empiffre et s'enivre de soir en soir, offrant à tout un chacun ses appas abondants lors des orgies du Luxembourg ou du Palais-Royal. De jour en jour plus grasse, l'intempérante princesse devient la “grosse Joufflotte” que ses excès de table et ses copieuses libations font enfler de toutes parts, même si la mode nouvelle des robes à paniers aide à dissimuler ses formes trop opulentes : “maquerelle” énorme et ivrogne, “la première putain du royaume” traîne son obésité de lit en sofa. (Michel Peyramaure, Les fêtes galantes, Paris, 2005, p.284). La duchesse de Berry semble devenue une véritable caricature de l’obésité féminine. Certes, la plantureuse Joufflotte aimait faire bonne chère et avait un net penchant à l’alcoolisme mais ses excès d’embonpoint étaient surtout la conséquence naturelle de sa sexualité explosive. En l’absence de contraception la Berry va de grossesse en grossesse et ne cesse de faire scandale. <br /> <br /> Le « disgracieux » et « dangereux » embonpoint de la duchesse est évoqué par sa grand-mère, la princesse Palatine dans une lettre du 2 avril 1719 : « Notre duchesse de Berry est malade, elle a la fièvre, des vapeurs et des douleurs à la matrice… À l'instant on me dit qu'elle est très mal ; je suis bien inquiète : elle est si grasse et si grosse que j'ai peur qu'elle ne fasse une bien grave maladie… ». Comme on le sait la duchesse de Berry fait alors en effet une bien grave maladie : sa grossesse arrivée à terme, elle a été prise des douleurs le 28 mars au palais du Luxembourg. Souffrant de très violentes contractions et exténuée par les douleurs effroyables d’un travail interminable elle se trouve à l'article de la mort. On l’accouche enfin le 2 avril vers midi d’une fille mort-née. La vieille princesse veut cacher le scandale retentissant que provoque ces couches clandestines et attribue la « bien grave maladie » de sa petite-fille à son obésité, conséquence de sa boulimie.<br /> <br /> On sait que la duchesse prend énormément de poids durant ses grossesses comme en témoignent ces remarques de Madame de Maintenon à propos de la dernière grossesse de la duchesse,, du vivant de son mari. Une Lettre de Mme de Maintenon à Mme la princesse des Ursins, écrite de Marly, le 13 novembre 1713 remarque que la duchesse de Berry « grossit extraordinairement » ce qui étonne la Maintenon, persuadée que la jeune princesse « n'est plus grosse ». Il s’avère pourtant que la duchesse de Berry est bien enceinte, ce qui explique son subit excès d’embonpoint ! De Versailles, le 1er janvier 1714, la Maintenon constate : « La grossesse de Madame la duchesse de Berri se confirme [...] Elle est extraordinairement grasse et débraillée ». Une fois la duchesse veuve la bienséance impose d’éviter toute allusion à la fécondité de celle qui est devenue la première Dame du Royaume. Seules les mentions de gains de poids subits de la duchesse pointent allusivement du doigt chaque nouvelle grossesse illégitime de la jeune femme.
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A
Une gravure d'époque représente Marie-Louise-Elisabeth d'Orléans, peu après son mariage avec le duc de Berry http://www.photo.rmn.fr/archive/05-508555-2C6NU07WZG9K.html<br /> Mariée à quatorze ans en juin 1710, elle accouche prématurément le 21 juillet 1711 et meurt exactement huit ans plus tard, à 23 ans, "Mère des Moabites" victime de ses grossesses malheureuses et des conséquences obstétriques de ses amours débridées.<br /> <br /> La peinture reproduite ci-dessus, attribuée à Largillière et conservée au musée Frost nous montre la duchesse de Berry dans son veuvage : on retrouve les yeux malicieux et la bouche voluptueuse mais la jeune fille délurée de jadis est devenue une beauté rubénienne, "Vénus du Luxembourg" aux formes plantureuses, gonflée par sa gloutonnerie notoire et ses plaisirs bachiques. <br /> <br /> Première Dame du royaume à la Cour de son père, Régent de France, paraissant en public dans un étalage de luxe exubérant, entourée de ses dames d’honneur et de ses gardes, vêtue des robes battantes aux tissus somptueuses et parée des bijoux les plus précieux, mettant en valeur ses chairs éclatantes et son col impérieux, Madame de Berry « est une Vénus évocatrice de voluptés orientales que ses yeux spirituels et sa bouche adorable sauvent pourtant de paraître trop lourdement charnelle » (Erlanger). Mais si les atours somptueux de la robe à paniers, dont la princesse relance la mode, semblent faits pour sa grâce et dissimulent ses formes épaisses, ils ne suffisent jamais à cacher totalement les grossesses répétées de la jeune veuve. Les seins lourds et le ventre proéminent de la plantureuse duchesse n’échappent pas aux regards scrutateurs du public, attentif au moindre surcroît d’embonpoint de « la féconde Berry ». Qu’elle soit ou non enceinte, « la Messaline de Berry » n’a nulle honte ni gêne de son état quand elle officie aux "petits soupers" du Régent, rivalisant de licence et d'impiété au milieu des roués, qui la surnomment affectueusement "Joufflotte" pour sa beauté d'odalisque et son ardeur insatiable aux plaisirs de la chair auxquels elle se livre avec frénésie, même lorsqu'elle est "grosse à pleine ceinture". « Sport occulte » fort arrosé de champagne et de liqueurs fortes dont la "grosse Joufflotte" finit par mourir. <br /> <br /> Fin mars 1719, la duchesse de Berry subit un accouchement très long et laborieux durant lequel elle croit périr et se voit refuser les Saints sacrements par le curé de Saint-Sulpice avant d’être délivrée d’une fille mort-née. Elle retombe pourtant enceinte moins d’un mois après : convalescente au château de Meudon, encore « mal rétablie et pleine de lait » Joufflotte invite son père à Meudon pour un souper nocturne, "s'imaginant qu'une fête de nuit, et en plein air, détromperoit le public qu'elle fût accouchée". Débauche fatale ! La duchesse s’éteint au château de la Muette le 21 juillet 1719. L’autopsie la révèle à nouveau grosse (des œuvres de son père selon Michelet), victime des "désirs impurs" de son ventre trop fécond.
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A
Ce poème satirique attribué à Arouet aurait été écrit suite à un accouchement clandestin de la duchesse de Berry, fille aînée du Régent, célèbre pour sa voracité charnelle. Fin janvier 1716, la jeune veuve, soi-disant "incommodée d'un gros rhume durant sept ou huit jours" (Dangeau) garda la chambre dans son palais du Luxembourg, y accouchant d'une fille qui ne vécut que trois jours. Le géniteur était peut-être le marquis de la Rochefoucauld, capitaine de la garde privée de la princesse. La duchesse de Berry était une grande protagoniste des fêtes privées et soupers licencieux organisés par le Régent au Palais-Royal ou par la Berry elle-même au Luxembourg. La rumeur publique ne manqua donc pas d'attribuer cette naissance illégitime aux amours entre la duchesse de Berry et le Régent, qui, tel Loth, aurait engrossé sa fille aînée lors d'une de ces soirées d'orgies durant lesquelles s'enivrant tous deux à en perdre la raison, ils forniquaient à tout va !
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