NOTES, REMARQUES, PENSEES - Mémoire sur le libelle

Publié le par loveVoltaire

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MÉMOIRE SUR LE LIBELLE

 

 

CLANDESTINEMENT IMPRIMÉ A LAUSANNE SOUS LE TITRE DE

 

 

GUERRE DE M. DE VOLTAIRE.

 

 

 

 

- 1759 -

 

 

(1)

 

 

 

________

 

 

 

          1° - La Défense de milord Bolingbroke est un écrit formel contre la religion, écrit très dangereux, qu’on ne peut publier ni faussement imputer à qui que ce soit sans crime (2).

 

          2° - La Lettre de M. de Voltaire, écrite de Lausanne à M. Thieriot (3) à Paris, est une lettre presque entièrement supposée, comme il est aisé de le savoir de M. Thieriot à Paris, rue Saint-Honoré, chez M. le comte de Montmorency. C’est troubler la société que d’imprimer les lettres des particuliers : il est encore plus contre les bonnes mœurs de les falsifier.

 

          3° - La Réponse (4) à cette lettre par une société de Génevois, est un outrage à la ville de Genève, un libelle anonyme qui n’a jamais été imprimé à Genève, et qu’il n’est pas permis d’imprimer ni de débiter.

 

          4° - Une autre prétendue lettre (5) écrite de Genève est encore un écrit anonyme faussement imputé aux Génevois, et ne montre qu’une intention formelle, quoique très infructueuse, de semer la discorde entre la ville de Genève et M. de Voltaire, seigneur de deux terres aux portes de cette ville dans l’ancien dénombrement.

 

          5° - La prétendue dispute de M. de Voltaire avec M. Vernet, professeur en théologie, n’a jamais existé. M. de Voltaire est seigneur de la terre où M. le professeur Vernet a une maison de campagne : et le brouillon qui a supposé un démêlé entre deux voisins et deux amis, ne peut être qu’un perturbateur du repos public.

 

          6° - Le dernier mémoire anonyme (6) sur la mémoire de feu M. Saurin ne tend qu’à désoler une famille innocente des fautes du père, s’il en a fait, et à renouveler un scandale affreux que la prudence et la bonté de leurs excellences a daigné vouloir étouffer.

 

          Le seul nom de l’éditeur rend bien suspect tout le reste de cet ouvrage de ténèbres que je ne connais pas entièrement, et dont je n’ai vu que quelques fragments et quelques titres, tous faux et calomnieux. C’est un nommé Grasset, Génevois, convaincu d’avoir volé MM. Cramer. Je joins ici le certificat (7) que Grasset a été décrété de prise de corps à Genève. Je me réserve le droit de le poursuivre en justice. C’est une vaine excuse de dire que son libelle est extrait d’autres libelles. Des personnalités calomnieuses sont punissables, et il est faux que toutes les pièces de ce recueil soient tirées d’autres brochures, puisque les dernières lettres sur Saurin sont nouvelles.

 

          Je requiers que cette déclaration signée de ma main, ensemble le certificat des sieurs Cramer, et autres pièces probantes que je ferai tenir, soient produites devant les seigneurs curateurs de l’Académie.

 

 

 

          A Tournay, près de Genève. Par moi FRANÇOIS DE VOLTAIRE,

 

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, comte de Tournay,

 

le 12 Février 1750.

 

 

 

 

 

Nota. Cette déclaration a été envoyée à l’Académie de Lausanne, sans lettre, et dans une simple enveloppe, avec cette adresse : A messieurs les recteurs et membres de l’Académie de Lausanne.

 

MEMOIRE SUR LE LIBELLE

 

1 – En 1759, un recueil intitulé : Guerre littéraire ou Choix de quelques pièces de M. de V***, avait été réimprimé à Lausanne sous le titre de : Réponse au pauvre diable. C’est à cette occasion que Voltaire publia ce mémoire. (G.A.)

 

2 – Voyez cet opuscule. (G.A.)

 

3 – Voyez dans la CORRESPONDANCE, la lettre du 26 Mars 1757. (G.A.)

 

4 – Cette Réponse avait été déjà imprimée. (G.A.)

 

5 – C’est une lettre de Vernet. (G.A.)

 

6 – Lettre à l’occasion d’un article concernant Saurin, du 23 septembre 1758, par Lervêche. Voyez, Réfutation d’un écrit anonyme. (G.A.)

 

7 – Nous soussignés, déclarons que le nommé François Grasset nous ayant volé pendant l’espace de dix-huit ans ou à peu près, qu’il nous a servis en qualité de commis, le magnifique conseil nous fit demander, en 1756, une déclaration de tout ce qui s’était passé ; que nous nous conformâmes à cet ordre, et la donnâmes à M. l’auditeur Denormandie, en l’accompagnant de toutes les pièces qui pouvaient constater ses friponneries ; ensuite de quoi le mi-conseil le décréta de prise de corps. A Genève, le 30 Février 1759. Signé, LES FRÈRES CRAMER.

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