NANINE - Partie 3
Photo de PAPAPOUSS
NANINE.
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ACTE PREMIER.
SCÈNE II.
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LE COMTE, LA BARONNE, BLAISE.
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LE COMTE.
Que veux-tu, toi ?
BLAISE.
C’est votre jardinier
Qui vient, monsieur, humblement supplier
Votre grandeur.
LE COMTE.
Ma grandeur ! Eh bien ! Blaise,
Que te faut-il ?
BLAISE.
Mais c’est, ne vous déplaise,
Que je voudrais me marier…
LE COMTE.
D’accord,
Très volontiers ; ce projet me plaît fort.
Je t’aiderai ; j’aime qu’on se marie :
Et la future, est-elle un peu jolie ?
BLAISE.
Ah ! oui, ma foi ! c’est un morceau friand.
LA BARONNE
Et Blaise en est aimé ?
BLAISE.
Certainement.
LE COMTE.
Et nous nommons cette beauté divine ? …
BLAISE.
Mais, c’est…
LE COMTE.
Eh bien ?
BLAISE.
C’est la belle Nanine.
LE COMTE.
Nanine ?
LA BARONNE
Ah, bon ! je ne m’oppose point
A de pareils amours.
LE COMTE, à part.
Ciel ! à quel point
On m’avilit ! Non, je ne le puis être.
BLAISE.
Ce parti-là doit bien plaire à mon maître.
LE COMTE.
Tu dis qu’on t’aime, impudent !
BLAISE.
Ah ! pardon.
LE COMTE.
T’a-t-elle dit qu’elle t’aimât ?
BLAISE.
Mais… non,
Pas tout-à-fait ; elle m’a fait entendre
Tant seulement qu’elle a pour nous du tendre ;
D’un ton si bon, si doux, si familier,
Elle m’a dit cent fois : « Cher jardinier,
Cher ami Blaise, aide-moi donc à faire
Un beau bouquet de fleurs, qui puisse plaire
A monseigneur, à ce maître charmant. »
Et puis d’un air si touché, si touchant,
Elle faisait ce bouquet ; et sa vue
Etait troublée, elle était tout émue,
Toute rêveuse, avec un certain air,
Un air, là, qui … peste ! l’on y voit clair.
LE COMTE.
Blaise, va-t’en… Quoi ! j’aurais su lui plaire !
BLAISE.
Ça, n’allez pas traînasser notre affaire.
LE COMTE.
Hem !...
BLAISE.
Vous verrez comme ce terrain-là
Entre mes mains bientôt profitera.
Répondez donc ; pourquoi ne me rien dire ?
LE COMTE.
Ah ! mon cœur est trop petit. Je me retire.
Adieu, madame.