FACÉTIE : Les ah ! ah !

Publié le par loveVoltaire

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LES AH ! AH !

 

A MOÏSE LE FRANC DE POMPIGNAN

 

 

 

 

   1761  

 

 

 

 

 

          Ah ! ah ! Moïse Le Franc de Pompignan, vous êtes un plagiaire, et vous nous faisiez accroire que vous étiez un génie !

 

          Ah ! ah ! Vous avez donc pillé le P. Villermet (1) dans votre histoire de monseigneur le duc de Bourgogne, et vous vous portiez pour historiographe des enfants de France, écrivant de votre chef. Vous avez cru que les biens des jésuites étaient déjà confisqués, vous vous êtes pressé de vous emparer de leur style.  Vous êtes traducteur de Villermet après avoir été traducteur de Métastase, et vous n’en disiez mot !

 

          Ah ! ah ! vous vous donniez pour un favori (2), que la famille royale a prié de vouloir bien écrire l’histoire des enfants de France. Vous nous induisiez en erreur, en disant dans votre Epître dédicatoire à monseigneur le dauphin et à madame la dauphine : « j’obéis à vos ordres ; » et il se trouve que vous avez seulement usé de la permission qu’ils ont daigné vous donner de leur dédier votre petite translation, permission qu’on accorde à qui la demande.

 

          Il semble, par votre Epître dédicatoire, que le roi et monseigneur le dauphin vous aient dit : « Monsieur le Franc de Pompignan, ayez la bonté d’apprendre à l’univers que nous ne confierons jamais nos enfants à des mains suspectes, à des cœurs corrompus, à des esprits gâtés. »

 

          Mais, Moïse Le Franc, qui jamais a voulu faire élever ses enfants par des esprits gâtés, et des cœurs corrompus, qui ont des mains suspectes ? Vos mains ont sans doute un bon cœur ; mais ce n’est pas assez pour élever nos princes.

 

          Ah ! ah ! Moïse Le Franc de Pompignan, vous vouliez donc faire trembler toute la littérature ? Il y avait un jour un fanfaron qui donnait des coups de pied dans le cul à un pauvre diable, et celui-ci les recevait par respect ; vint un brave qui donna des coups de pied au cul du fanfaron ; le pauvre diable se retourne et dit à son batteur : Ah ! ah ! Monsieur, vous ne m’aviez pas dit que vous étiez un  poltron ; et il rossa le fanfaron à son tour, de quoi le prochain fut merveilleusement content : Ah ! ah !

 

 

 

 

LES AH, AH

1 – Auteur d’une oraison funèbre du duc de Bourgogne, en latin, 1761. (G.A.)

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