EPITRE : Au roi de PRUSSE
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AU ROI DE PRUSSE.
9 Avril 1751.
Dans ce jour du saint vendredi,
Jour où l’on veut nous faire accroire
Qu’un Dieu pour le monde a pâti,
J’ose adresser ma voix à mon vrai roi de gloire.
De mon salut vrai créateur,
De d’Argens et de moi l’unique rédempteur,
Du salut éternel je ne suis pas en peine ;
Mais de ce vrai salut qu’on nomme la santé,
Mon esprit est inquiété.
Pardonnez, cher sauveur, à mon audace vaine.
O vous qui faites des heureux,
L’êtes-vous ? souffrez-vous ? êtes-vous à la gêne ?
Et les points de côté, la colique inhumaine,
Troubleraient-ils encor des jours si précieux ?
O philosophe-roi, grand homme, heureux génie !
Vous dont le charmant entretien,
L’indulgente raison, l’aimable poésie,
Etonnent mon âme ravie,
Puissiez-vous goûter tout le bien
Que vous versez sur notre vie !