EPITRE : A Mademoiselle de Guise

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A MADEMOISELLE DE GUISE,

 

SUR SON MARIAGE AVEC LE DUC DE RICHELIEU

 

 

 

(1)

 

 

 

Un prêtre, un oui, trois mots latins,

A jamais fixent vos destins ;

Et le célébrant d’un village,

Dans la chapelle de Montjeu,

Très chrétiennement vous engage

A coucher avec Richelieu,

Avec Richelieu, ce volage,

Qui va jurer par ce saint nœud

D’être toujours fidèle et sage.

Nous nous en défions un peu ;

Et vos grands yeux noirs, pleins de feu,

Nous rassurent bien davantage

Que les serments qu’il fait à Dieu.

 

Mais vous, madame la duchesse,

Quand vous reviendrez à Paris,

Songez-vous combien de maris

Viendront se plaindre à votre altesse ?

Ces nombreux cocus qu’il a faits

Ont mis en vous leur espérance :

Ils diront, voyant vos attraits :

« Dieux ! Quel plaisir que la vengeance ! »

Vous sentez bien qu’ils ont raison,

Et qu’il faut punir le coupable :

L’heureuse loi du talion

Est des lois la plus équitable.

Quoi ! votre cœur n’est point rendu ?

Votre sévérité me gronde !

Ah ! Quelle espèce de vertu

Qui fait enrager tout le monde !

Faut-il donc que de vos appas

Richelieu soit l’unique maître !

Est-il dit qu’il ne sera pas

Ce qu’il a tant mérité d’être ?

Soyez donc sage, s’il le faut ;

Que ce soit là votre chimère :

Avec tous les talents de plaire,

Il faut bien avoir un défaut.

Dans cet emploi noble et pénible

De garder ce qu’on nomme honneur

Je vous souhaite un vrai bonheur ;

Mais voilà la chose impossible.

 

 

  tulipe44

 

 

 

1 – Voltaire s’était employé pour ce mariage. Voyez la CORRESPONDANCE à cette époque. (G.A.)

 

 

 

 

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