EPITRE : A M. DESMAHIS
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A M. DESMAHIS
‒ 1750 ‒
Vos jeunes mains cueillent des fleurs
Dont je n’ai plus que les épines ;
Vous dormez dessous les courtines
Et des Grâces et des neuf Sœurs :
Je leur fais encor quelques mines,
Mais vous possédez leurs faveurs.
Tout s’éteint, tout s’use, tout passe :
Je m’affaiblis, et vous croissez ;
Mais je descendrai du Parnasse
Content, si vous m’y remplacez.
Je jouis peu, mais j’aime encore ;
Je verrai du moins vos amours :
Le crépuscule de mes jours
S’embellira de votre aurore.
Je dirai : Je fus comme vous.
C’est beaucoup me vanter peut-être ;
Mais je ne serai point jaloux :
Le plaisir permet-il de l’être ?