DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE : V comme VENALITE
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V comme VÉNALITÉ.
Ce faussaire dont nous avons tant parlé, qui fit le Testament du cardinal de Richelieu, dit, au chapitre IV, « qu’il vaut mieux laisser la vénalité et le droit annuel, que d’abolir ces deux établissements difficiles à changer tout d’un coup sans ébranler l’Etat. »
Toute la France répétait, et croyait répéter après le cardinal de Richelieu, que la vénalité des offices de judicature était très avantageuse.
L’abbé de Saint-Pierre fut le premier qui, croyant encore que le prétendu Testament était du cardinal, osa dire dans ses observations sur le chapitre IV : « Le cardinal s’est engagé dans un mauvais pas, en soutenant que quant à présent la vénalité des charges peut être avantageuse à l’Etat. Il est vrai qu’il n’est pas possible de rembourser toutes les charges. »
Ainsi, non-seulement cet abus paraissait à tout le monde irréformable, mais utile ; on était si accoutumé à cet opprobre qu’on ne le sentait pas ; il semblait éternel ; un seul homme en peu de mois l’a su anéantir (1).
Répétons donc qu’on peut tout faire, tout corriger ; que le grand défaut de presque tous ceux qui gouvernent est de n’avoir que des demi-volontés et des demi-moyens. Si Pierre-le-Grand n’avait pas voulu fortement, deux mille lieues de pays seraient encore barbares.
Comment donner de l’eau dans Paris à trente mille maisons qui en manquent ? comment payer les dettes de l’Etat ? comment se soustraire à la tyrannie révérée d’une puissance étrangère qui n’est pas une puissance, et à laquelle on paye en tribut les premiers fruits ? Osez le vouloir, et vous en viendrez à bout plus aisément que vous n’avez extirpé les jésuites, et purgé le théâtre de petits-maîtres (2).
1 – Maupeou. (G.A.)
2 – Les petits-maîtres avaient jusqu’alors occupé la scène elle-même aux représentations théâtrales. (G.A.)