DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE : D comme DIVINITE DE JESUS

Publié le par loveVoltaire

D comme DIVINITE

 

 Photo de PAPAPOUSS

 

 

 

 

 

 

 

D comme DIVINITÉ DE JÉSUS.

 

 

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          Les sociniens, qui sont regardés comme des blasphémateurs, ne reconnaissent point la divinité de Jésus-Christ. Ils osent prétendre, avec les philosophes de l’antiquité, avec les Juifs, les mahométans, et tant d’autres nations, que l’idée d’un Dieu homme est monstrueuse, que la distance d’un Dieu à l’homme est infinie, et qu’il est impossible que l’Etre infini, immense, éternel, ait été contenu dans un corps périssable.

 

          Ils ont la confiance de citer en leur faveur Eusèbe, évêque de Césarée, qui, dans son Histoire ecclésiastique, livre I, chapitre XI, déclare qu’il est absurde que la nature non engendrée, immuable, du Dieu tout-puissant, prenne la forme d’un homme. Ils citent les pères de l’Eglise Justin et Tertullien, qui ont dit la même chose : Justin dans son Dialogue avec Tryphon, et Tertullien dans son Discours contre Praxéas.

 

          Ils citent saint Paul, qui n’appelle jamais Jésus-Christ Dieu, et qui l’appelle homme très souvent. Ils poussent l’audace jusqu’au point d’affirmer que les chrétiens passèrent trois siècles entiers à former peu à peu l’apothéose de Jésus, et qu’ils n’élevaient cet étonnant édifice qu’à l’exemple des païens, qui avaient divinisé des mortels. D’abord, selon eux, on ne regarda Jésus que comme un homme inspiré de Dieu, ensuite comme une créature plus parfaite que les autres. On lui donna quelque temps après une place au-dessus des anges, comme le dit saint Paul. Chaque jour ajoutait à sa grandeur. Il devint une émanation de Dieu produite dans le temps. Ce ne fut pas assez ; on le fit naître avant le temps même. Enfin on le fit Dieu consubstanciel à Dieu. Crellius, Voquelsius, Natalis Alexander, Hornebeck, ont appuyé tous ces blasphèmes par des arguments qui étonnent les sages et qui pervertissent les faibles. Ce fut surtout Fauste Socin qui répandit les semences de cette doctrine dans l’Europe ; et sur la fin du seizième siècle il s’en est peu fallu qu’il n’établît une nouvelle espèce de christianisme : il y en avait déjà eu plus de trois cents espèces.

 

 D comme DIVINITE

 

 

1 – La secte des sociniens fut créée par Lélius Socin, jurisconsulte de Sienne, dans un véritable club établi à Vicence, en 1546, pour discuter les questions religieuses. Les membres de cette association furent dénoncés, poursuivis, et ceux qui n’eurent pas le temps de fuir subirent le dernier supplice. Lélius Socin, après avoir erré de contrée en contrée, vint mourir à Zurich en 1562, à l’âge de trente-sept ans.

 

            Son neveu, Fauste Socin, dont les œuvres composent les deux premiers volumes de la Bibliotheca fratrum Polonorum (Amsterdam, 1656, in-folio), propagea en Pologne la secte des sociniens et antitrinitaires. Il eut pour adeptes Jean Crellius et Spinosius Crellius son fils ; Jean Volkelius, dont le traité sur la Vraie religion (De verâ religione) a paru à Cracovie en 1630, et à Amsterdam en 1642. On y a joint le traité de Jean Crellius sur l’Existence et les attributs de Dieu. Le culte spécial que les sociniens avaient tenté de mettre en pratique s’est éteint comme celui des disciples de Saint-Simon ; mais les doctrines des uns et des autres ont laissé des traces qui ne s’effaceront jamais. (E.B.)

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