DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE : A comme ANTIQUITE
Photo de Khalah
A comme ANTIQUITÉ.
SECTION PREMIÈRE.
Avez-vous quelquefois vu dans un village Pierre Aoudri et sa femme Péronelle vouloir précéder leurs voisins à la procession ? « Nos grands-pères, disent-ils, sonnaient les cloches avant que ceux qui nous coudoient aujourd’hui fussent seulement propriétaires d’une étable. »
La vanité de Pierre Aoudri, de sa femme, et de ses voisins, n’en sait pas davantage. Les esprits s’échauffent. La querelle est importante ; il s’agit de l’honneur. Il faut des preuves. Un savant, qui chante au lutrin, découvre un vieux pot de fer rouillé, marqué d’un A, première lettre du nom du chaudronnier qui fit ce pot. Pierre Aoudri se persuade que c’était un casque de ses ancêtres. Ainsi César descendait d’un héros et de la déesse Vénus. Telle est l’histoire des nations telle est, à peu de chose près, la connaissance de la première antiquité.
Les savants d’Arménie démontrent que le paradis terrestre était chez eux. De profonds Suédois démontrent qu’il était vers le lac Vener, qui en est visiblement un reste. Des Espagnols démontrent aussi qu’il était en Castille ; tandis que les Japonais, les Chinois, les Tartares, les Indiens, les Africains, les Américains, sont assez malheureux pour ne savoir pas seulement qu’il y eut jadis un paradis terrestre à la source du Phison, du Gehon, du Tigre et de l’Euphrate, ou bien à la source du Guadalquivir, de la Guadiana, du Duero et de l’Ebre ; car de Phison on fait aisément Phætis ; et de Phætis ont fait le Bætis, qui est le Guadalquir. Le Gehon est visiblement la Guadiana, qui commence par un G. L’Ebre, qui est en Catalogne, est incontestablement l’Euphrate, dont un E est la lettre initiale.
Mais un Ecossais survient qui démontre à son tour que le jardin d’Eden était à Edimbourg, qui en a retenu le nom ; et il est à croire que dans quelques siècles cette opinion fera fortune.
Tout le globe a été brûlé autrefois, dit un homme versé dans l’histoire ancienne et moderne ; car j’ai lu dans un journal qu’on a trouvé en Allemagne des charbons tout noirs à cent pieds de profondeur, entre des montagnes couvertes de bois ; et on soupçonne même qu’il y avait des charbonniers en cet endroit.
L’aventure de Phaéton fait assez voir que tout a bouilli jusqu’au fond de la mer. Le soufre du mont Vésuve prouve invinciblement que les bords du Rhin, du Danube, du Gange, du Nil, et du grand fleuve Jaune, ne sont que du soufre, du nitre, et de l’huile de Gaïac, qui n’attendent que le moment de l’explosion pour réduire la terre en cendres, comme elle l’a déjà été. Le sable sur lequel nous marchons est une preuve évidente que l’univers a été vitrifié, et que notre globe n’est réellement qu’une boule de verre, ainsi que nos idées.
Mais si le feu a changé notre globe, l’eau a produit de plus belles révolutions. Car vous voyez bien que la mer, dont les marées montent jusqu’à huit pieds dans nos climats (1), a produit les montagnes qui ont seize à dix-sept mille pieds de hauteur. Cela est si vrai que des savants qui n’ont jamais été en Suisse, y ont trouvé un gros vaisseau avec tous ses agrès, pétrifié sur le mont Saint-Gothard (2), ou au fond d’un précipice, on ne sait pas bien où ; mais il est certain qu’il était là. Donc originairement les hommes étaient poissons. Quod erat demonstrandum.
Pour descendre à une antiquité moins antique, parlons des temps où la plupart des nations barbares quittèrent leur pays pour en aller chercher d’autres qui ne valaient guère mieux. Il est vrai, s’il est quelque chose de vrai dans l’histoire ancienne, qu’il y eut des brigands gaulois qui allèrent piller Rome du temps de Camille.
D’autres brigands des Gaules avaient passé, dit-on, par l’Illyrie, pour aller louer leurs services de meurtriers à d’autres meurtriers, vers la Thrace ; ils échangèrent leur sang contre du pain, et s’établirent ensuite en Galatie. Mais quels étaient ces Gaulois ? étaient-ce des Berrichons et des Angevins ? Ce furent sans doute des Gaulois que les Romains appelaient Cisalpins, et que nous nommons Transalpins, des montagnards affamés, voisins des Alpes et de l’Apennin. Les Gaulois de la Seine et de la Marne ne savaient pas alors si Rome existait, et ne pouvaient s’aviser de passer le mont Cenis, comme fit depuis Annibal, pour aller voler les garde-robes des sénateurs romains, qui avaient alors pour tous meubles une robe d’un mauvais drap gris, ornée d’une bande couleur de sang de bœuf ; deux petits pommeaux d’ivoire, ou plutôt d’os de chien, aux bras d’une chaise de bois, et, dans leurs cuisines, un morceau de lard rance.
Les Gaulois, qui mouraient de faim, ne trouvant pas de quoi manger à Rome, s’en allèrent donc chercher fortune plus loin, ainsi que les Romains en usèrent depuis, quand ils ravagèrent tant de pays l’un après l’autre ; ainsi que firent ensuite les peuples du Nord, quand ils détruisirent l’empire romain.
Et par qui encore est-on très faiblement instruit de ces émigrations ? C’est par quelques lignes que les Romains ont écrites au hasard ; car pour les Celtes, Welches ou Gaulois, ces hommes qu’on veut faire passer pour éloquents, ne savaient alors, eux et leurs bardes (3), ni lire ni écrire.
Mais inférer de là que les Gaulois ou Celtes conquis depuis par quelques légions de César, et ensuite par une horde de Goths, et puis par une horde de Bourguignons, et enfin par une horde de Sicambres, sous un Clodivic, avaient auparavant subjugué la terre entière, et donné leurs noms et leurs lois à l’Asie, cela me paraît bien fort : la chose n’est pas mathématiquement impossible, et si elle est démontrée, je me rends ; il serait fort incivil de refuser aux Welches ce qu’on accorde aux Tartares.
SECTION II.
De l’antiquité des usages.
Qui étaient les plus fous et les plus anciennement fous, de nous, ou des Egyptiens, ou des Syriens, ou des autres peuples ? Que signifiait notre gui de chêne ? Qui le premier a consacré un chat ? c’est apparemment celui qui était le plus incommodé des souris. Quelle nation a dansé la première sous des rameaux d’arbres à l’honneur des dieux ? Qui la première a fait des processions, et mis des fous avec des grelots à la tête de ces processions ? Qui promena un priape par les rues, et en plaça aux portes en guise de marteaux ? Quel Arabe imagina de pendre le caleçon de sa femme à la fenêtre le lendemain de ses noces ?
Toutes les nations ont dansé autrefois à la nouvelle lune : s’étaient-elles donné le mot ? Non, pas plus que pour se réjouir à la naissance de son fils, et pour pleurer, ou faire semblant de pleurer, à la mort de son père. Chaque homme est fort aise de revoir la lune après l’avoir perdue pendant quelques nuits. Il est cent usages qui sont si naturels à tous les hommes, qu’on ne peut dire que ce sont les Basques qui les ont enseignés aux Phrygiens, ni les Phrygiens aux Basques.
On s’est servi de l’eau et du feu dans les temples ; cette coutume s’introduisit d’elle-même. Un prêtre ne veut pas toujours avoir les mains sales. Il faut du feu pour cuire les viandes immolées, et pour brûler quelques brins de bois résineux, quelques aromates qui combattent l’odeur de la boucherie sacerdotale.
Mais les cérémonies mystérieuses dont il est si difficile d’avoir l’intelligence, les usages que la nature n’enseigne point, en quel lieu, quand, où, pourquoi les a-t-on inventés ? qui les a communiqués aux autres peuples ? Il n’est pas vraisemblable qu’il soit tombé en même temps dans la tête d’un Arabe et d’un Egyptien de couper à son fils un bout du prépuce ni qu’un Chinois et un Persan aient imaginé à la fois de châtrer les petits garçons.
Deux pères n’auront pas eu en même temps, dans différentes contrées, l’idée d’égorger leur fils pour plaire à Dieu. Il faut certainement que des nations aient communiqué à d’autres leurs folies sérieuses, ou ridicules, ou barbares.
C’est dans cette antiquité qu’on aime à fouiller pour découvrir, si on peut, le premier insensé et le premier scélérat qui ont perverti le genre humain.
Mais comment savoir si Jéhud, en Phénicie, fut l’inventeur des sacrifices de sang humain en immolant son fils ?
Comment s’assurer que Lycaon mangea le premier de la chair humaine, quand on ne sait pas qui s’avisa le premier de manger des poules ?
On recherche l’origine des anciennes fêtes. La plus antique et la plus belle est celle des empereurs de la Chine, qui labourent et qui sèment avec les premiers mandarins (4). La seconde est celle des thesmophories d’Athènes. Célébrer à la fois l’agriculture et la justice, montrer aux hommes combien l’une et l’autre sont nécessaires, joindre le frein des lois à l’art qui est la source de toutes les richesses, rien n’est plus sage, plus pieux et plus utile.
Il y a de vieilles fêtes allégoriques qu’on retrouve partout, comme celles du renouvellement des saisons. Il n’est pas nécessaire qu’une nation soit venue de loin enseigner à une autre qu’on peut donner des marques de joie et d’amitié à ses voisins le jour de l’an. Cette coutume était celle de tous les peuples. Les saturnales des Romains sont plus connues que celles des Allobroges et des Pictes, parce qu’il nous est resté beaucoup d’écrits et de monuments romains, et que nous n’en avons aucun des autres peuples de l’Europe occidentale.
La fête de Saturne était celle du temps ; il avait quatre ailes : le temps va vite. Ses deux visages figuraient évidemment l’année finie et l’année commencée. Les Grecs disaient qu’il avait dévoré son père, et qu’il dévorait ses enfants ; il n’y a point d’allégorie plus sensible ; le temps dévore le passé et le présent, et dévorera l’avenir.
Pourquoi chercher de vaines et tristes explications d’une fête si universelle, si gaie, et si connue ? A bien d’examiner l’antiquité, je ne vois pas une fête annuelle triste ; ou du moins, si elles commencent par des lamentations, elles finissent par danser, rire et boire. Si on pleure Adoni ou Adonaï, que nous nommons Adonis, il ressuscite bientôt, et on se réjouit. Il en est de même aux fêtes d’Isis, d’Osiris et d’Horus. Les Grecs en font autant pour Cérès et pour Proserpine. On célébrait avec gaieté la mort du serpent Python. Jour de fête et jour de joie était la même chose. Cette joie n’était que trop emportée aux fêtes de Bacchus.
Je ne vois pas une seule commémoration générale d’un événement malheureux. Les instituteurs des fêtes n’auraient pas eu le sens commun, s’ils avaient établi dans Athènes la célébration de la bataille perdue à Chéronée, et à Rome celle de la bataille de Cannes.
On perpétuait le souvenir de ce qui pouvait encourager les hommes, et non de ce qui pouvait leur inspirer la lâcheté du désespoir. Cela est si vrai qu’on imaginait des fables pour avoir le plaisir d’instituer des fêtes. Castor et Pollux n’avaient pas combattu pour les Romains auprès du lac Régile ; mais des prêtres le disaient au bout de trois ou quatre cents ans, et tout le peuple dansait. Hercule n’avait point délivré la Grèce d’une hydre à sept têtes ; mais on chantait Hercule et son hydre.
SECTION III.
Fêtes instituées sur des chimères.
Je ne sais s’il y eut dans toute l’antiquité une seule fête fondée sur un fait avéré. On a remarqué ailleurs à quel point sont ridicules les scoliastes qui vous disent magistralement : Voilà un ancien hymne à l’honneur d’Apollon qui visita Claros ; donc Apollon est venu à Claros. On a bâti une chapelle à Persée ; donc il a délivré Andromède. Pauvres gens : dites plutôt : Donc il n’y a point eu d’Andromède.
Eh ! que deviendra donc la savante antiquité qui a précédé les Olympiades ? Elle deviendra ce qu’elle est, un temps inconnu, un temps perdu, un temps d’allégories et de mensonges, un temps méprisé par les sages, et profondément discuté par les sots qui se plaisent à nager dans le vide comme les atomes d’Epicure.
Il y avait partout des jours de pénitence, des jours d’expiation dans les temples : mais ces jours ne s’appelèrent jamais d’un mot qui répondît à celui des fêtes. Toute fête était consacrée au divertissement, et cela est si vrai, que les prêtres égyptiens jeûnaient la veille pour manger mieux le lendemain : coutume que nos moines ont conservée. Il y eut sans doute des cérémonies lugubres ; on ne dansait pas le branle des Grecs en enterrant ou en portant au bûcher son fils et sa fille ; c’était une cérémonie publique, mais certainement ce n’était pas une fête.
SECTION IV.
De l’antiquité des fêtes qu’on prétend
avoir toutes été lugubres.
Des gens ingénieux et profonds, des creuseurs d’antiquités, qui sauraient comment la terre était faite il y a cent mille ans, si le génie pouvait le savoir, ont prétendu que les hommes réduits à un très petit nombre dans notre continent et dans l’autre, encore effrayés des révolutions innombrables que ce triste globe avait essuyées, perpétuèrent le souvenir de leurs malheurs par des commémorations funestes et lugubres. « Toute fête, disent-ils, fut un jour d’horreur, institué pour faire souvenir les hommes que leurs pères avaient été détruits par les feux échappés des volcans, par des rochers tombés des montagnes, par l’irruption des mers, par les dents et les griffes des bêtes sauvages, par la famine, la peste et les guerres. »
Nous ne sommes donc pas faits comme les hommes l’étaient alors. On ne s’est jamais tant réjoui à Londres qu’après la peste et l’incendie de la ville entière sous Charles II. Nous fîmes des chansons lorsque les massacres de la Saint-Barthélémy duraient encore. On a conservé des pasquinades faites le lendemain de l’assassinat de Coligny ; on imprima dans Paris : « Passio domini nostri Gaspardi Colignii secundùm Bartholomæum. »
Il est arrivé mille fois que le sultan qui règne à Constantinople a fait danser ses châtrés et ses odalisques dans des salons teints du sang de ses frères et de ses vizirs.
Que fait-on dans Paris le jour qu’on apprend la perte d’une bataille et la mort de cent braves officiers ? On court à l’Opéra et à la Comédie.
Que faisait-on quand la maréchale d’Ancre était immolée dans la Grève à la barbarie de ses persécuteurs ; quand le maréchal de Marillac était traîné au supplice dans une charrette, en vertu d’un papier signé par des valets en robe dans l’antichambre du cardinal de Richelieu ; quand un lieutenant général des armées, un étranger qui avait versé son sang pour l’Etat, condamné par les cris de ses ennemis acharnés, allait sur l’échafaud dans un tombereau d’ordures, avec un bâillon à la bouche ; quand un jeune homme de dix-neuf ans, plein de candeur, de courage et de modestie, mais très imprudent, était conduit au plus affreux des supplices ? on chantait des vaudevilles.
Tel est l’homme, ou du moins l’homme des bords de la Seine. Tel il fut dans tous les temps, par la seule raison que les lapins ont toujours eu du poil, et les alouettes des plumes.
SECTION V.
De l’origine des arts.
Quoi ! nous voudrions savoir quelle était précisément la théologie de Thaut, de Zerdust, de Sanchoniathon, des premiers brachmanes, et nous ignorons qui a inventé la navette ! Le premier tisserand, le premier maçon, le premier forgeron, ont été sans doute de grands génies ; mais on n’en a tenu aucun compte. Pourquoi ? c’est qu’aucun d’eux n’inventa un art perfectionné. Celui qui creusa un chêne pour traverser un fleuve ne fit point de galères ; ceux qui arrangèrent des pierres brutes avec des traverses de bois n’imaginèrent point les pyramides ; tout se fait par degrés, et la gloire n’est à personne.
Tout se fit à tâtons jusqu’à ce que des philosophes, à l’aide de la géométrie, apprirent aux hommes à procéder avec justesse et sûreté.
Il fallut que Pythagore, au retour de ses voyages, montrât aux ouvriers la manière de faire une équerre qui fût parfaitement juste (5). Il prit trois règles, une de trois pieds, une de quatre, une de cinq, et il en fit un triangle rectangle. De plus, il se trouvait que le côté 5 fournissait un carré qui était juste le double des carrés produits par les côtés 4 et 3 ; méthode importante pour tous les ouvrages réguliers. C’est ce fameux théorème qu’il avait rapporté de l’Inde, et que nous avons dit ailleurs (6) avoir été connu longtemps auparavant à la Chine, suivant le rapport de l’empereur Kang-hi. Il y avait longtemps qu’avant Platon les Grecs avaient su doubler le carré par cette seule figure géométrique.
Archytas et Ératosthènes inventèrent une méthode pour doubler un cube, ce qui était impraticable à la géométrie ordinaire, et ce qui aurait honoré Archimède.
Cet Archimède trouva la manière de supputer au juste combien on avait mêlé d’alliage à de l’or, et on travaillait en or depuis des siècles avant qu’on pût découvrir la fraude des ouvriers. La friponnerie exista longtemps avant les mathématiques. Les pyramides construites d’équerre, et correspondant juste aux quatre points cardinaux, font voir assez que la géométrie était connue en Egypte de temps immémorial ; et cependant il est prouvé que l’Egypte était un pays tout nouveau.
Sans la philosophie, nous ne serions guère au-dessus des animaux qui se creusent des habitations, qui en élèvent, qui s’y préparent leur nourriture, qui prennent soin de leurs petits dans leurs demeures, et qui ont par-dessus nous le bonheur de naître vêtus.
Vitruve, qui avait voyagé en Gaule et en Espagne, dit qu’encore de son temps les maisons étaient bâties d’une espèce de torchis, couvertes de chaume ou de bardeau de chêne, et que les peuples n’avaient pas l’usage des tuiles. Quel était le temps de Vitruve ? celui d’Auguste. Les arts avaient pénétré à peine chez les Espagnols, qui avaient des mines d’or et d’argent, et chez les Gaulois, qui avaient combattu dix ans contre César.
Le même Vitruve nous apprend que dans l’opulente et ingénieuse Marseille, qui commerçait avec tant de nations, les toits n’étaient que de terre grasse pétrie avec de la paille.
Il nous instruit que les Phrygiens se creusaient des habitations dans la terre. Ils fichaient des perches autour de la fosse, et les assemblaient en pointe ; puis ils élevaient de la terre tout autour. Les Hurons et les Algonquins sont mieux logés. Cela ne donne pas une grande idée de cette Troie bâtie par les dieux, et du magnifique palais de Priam.
Apparet domus intùs, et atria longa patescunt ;
Apparent Priami et veterum penetralia regum.
Æn. II, 483-84.
Mais aussi le peuple n’est pas logé comme les rois : on voit des huttes près du Vatican et de Versailles.
De plus, l’industrie tombe et se relève chez les peuples par mille révolutions.
Et campos ubi Troja fuit…
Æn. III, 11.
Nous avons nos arts, l’antiquité eut les siens. Nous ne saurions faire aujourd’hui une trirème ; mais nous construisons des vaisseaux de cent pièces de canon.
Nous ne pouvons élever des obélisques de cent pieds de haut d’une seule pièce ; mais nos méridiennes sont plus justes.
Le byssus nous est inconnu ; les étoffes de Lyon valent bien le byssus.
Le Capitole était admirable ; l’église de Saint-Pierre est beaucoup plus grande et plus belle.
Le Louvre est un chef-d’œuvre en comparaison du palais de Persépolis, dont la situation et les ruines n’attestent qu’un vaste monument d’une riche barbarie.
La musique de Rameau vaut probablement celle de Timothée : et il n’est point de tableau présenté dans Paris, au salon d’Apollon, qui ne l’emporte sur les peintures qu’on a déterrées dans Herculanum (7).
1 – Voyez les articles MER et MONTAGNE. (Voltaire.)
2 – Voyez Telliamed et tous les systèmes forgés sur cette belle découverte. (Voltaire.)
3 – Bardes, bardi ; recitantes carmina bardi ; c’étaient les poètes, les philosophes des Welches. (Voltaire.)
4 – Voyez l’article AGRICULTURE. (Voltaire.)
5 – Voyez VITRUVE, lib. IX.(Voltaire.)
6 – Essai sur les mœurs, etc. (Voltaire.)
7 – Voyez l’article ANCIENS ET MODERNES. (Voltaire.)