CORRESPONDANCE avec le roi de Prusse - 1758 - Partie 82
Photo d'ELODIE (USA)
335 – DU ROI
A Breslau, le 16 Janvier 1758.
J’ai reçu vos lettres du 22 de novembre et du 2 de janvier en même temps (1). J’ai à peine le temps de faire de la prose, bien moins des vers pour répondre aux vôtres. Je vous remercie de la part que vous prenez aux heureux hasards qui m’ont secondé à la fin d’une campagne où tout semblait perdu. Vivez heureux et tranquille à Genève ; il n’y a que cela dans le monde ; et faites des vœux pour que la fièvre chaude héroïque de l’Europe se guérisse bientôt, pour que le triumvirat (2) se détruise, et que les tyrans de cet univers ne puissent pas donner au monde les chaînes qu’ils lui préparent. FÉDÉRIC.
Je ne suis malade ni de corps ni d’esprit, mais je me repose dans ma chambre. Voilà ce qui a donné lieu aux bruits que mes ennemis ont semés. Mais je peux leur dire comme Démosthène aux Athéniens : Eh bien ! si Philippe était mort, que serait-ce ? ô Athéniens ! vous vous feriez bientôt un autre Philippe.
Ô Autrichiens ! votre ambition, votre désir de tout dominer, vous feraient bientôt d’autres ennemis ; et les libertés germaniques et celles de l’Europe ne manqueront jamais de défenseurs.
1 – On n’a pas ces lettres. (G.A.)
2 – Elisabeth de Russie, Marie-Thérèse et la Pompadour, toutes trois liguées contre Frédéric pour venger leur amour-propre blessé. G.A.)