CORRESPONDANCE avec le roi de Prusse - Année 1750 - Partie 71
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271 – DE VOLTAIRE
1750.
Sire, mon secrétaire (1) m’a avoué que d’Arnaud l’avait séduit, et lui avait tourné la tête, au point de l’engager à voler le manuscrit en question pour le faire imprimer. Il m’a demandé pardon ; il m’a rendu tous mes papiers.
Votre majesté verra que je mettrai à la raison le juif Hirschell (2) aussi facilement. Je suis très affligé d’avoir un procès ; mais s’il n’y a point d’autre moyen d’avoir justice, si Hirschell veut abuser de ma facilité pour me voler environ onze mille écus, si quelques conseillers ou avocats, ou M. de Kercheisen, ne peuvent être chargés de prévenir le procès et d’être arbitres, s’il faut que je plaide contre un juif que j’ai convaincu d’avoir agi contre sa signature, c’est un malheur qu’il faut soutenir comme bien d’autres ; la vie en est semée. Je n’ai pas vécu jusqu’à présent sans savoir souffrir. Mais le bonheur de vous admirer et de vous aimer est une consolation bien chère.
1 – Tinois, secrétaire de Voltaire depuis un an. Voyez la lettre à d’Argental, du
8 Octobre 1749. (G.A.)
2 – Ou plutôt Hirsch. Voyez sur le procès que Voltaire eut avec ce négociant israélite la CORRESPONDANCE GÉNÉRALE à cette époque, et les Mémoires de Longchamp. (G.A.)