CORRESPONDANCE - Année 1753 - Partie 5
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à M. le comte d’Argental.
1753
Mon cher ange, j’ai espéré de jour en jour de venir vous embrasser. Je ne vous ai point écrit, mais toutes mes lettres à madame Denis ont été pour vous, et mon cœur vous écrivait toutes les postes. Il eût fallu faire des volumes pour vous instruire de tout, et ces volumes vous auraient paru les Milles et une Nuits. Mon cher ange, j’ai eu tant de choses à vous dire que je ne vous ai rien dit ; mais, dans tout ce tumulte, je vous ai envoyé Zulime. Jugez si je vous aime ; non que je croie que Zulime vaille Catilina ; mais vous aimez cette femme ; je ne crois pas que vous ayez d’autre plaisir que celui de la lire. Il faut, pour jouer Zulime, une personne jeune et belle, qui ne s’enivre pas (1).
J’espère vous embrasser bientôt. A mon départ de Syracuse, j’ai passé par d’autres cours de la Grèce, et je finirai par philosopher avec vous à Athènes.
Depuis trois mois je n’ai pas un moment à moi. Mon cœur sera à jamais à vous.
1 – La Dumesnil s’enivrait. (G.A.)
à M. le comte d’Argental.
A Francfort-sur-le-Mein, au Lion d’or, le 4 Juin 1753.
Quand vous saurez, mon cher ange, toutes les persécutions cruelles que Maupertuis m’a attirées, vous ne serez pas surpris que j’aie été si longtemps sans vous écrire. Quand vous saurez que j’ai toujours été en route ou malade, et que j’ai compté venir bientôt vous embrasser, vous me pardonnerez encore davantage ; et, quand vous saurez le reste, vous plaindrez bien votre vieil ami. Je vous adresse ma lettre à Paris, sachant bien qu’un conseiller d’honneur n’entre point dans la querelle des conseillers ordinaires, et est trop sage pour voyager. J’ai voyagé, mon cher et respectable ami, et le pigeon a eu l’aile cassée avant de revenir au colombier. Je suis d’ailleurs forcé de rester encore quelque temps à Francfort, où je suis tombé malade. J’ai appris, en passant par Cassel, que Maupertuis y avait séjourné quatre jours, sous le nom de Morel, et qu’il y avait fait imprimer un libelle de La Beaumelle, sous le titre de Francfort, revu et corrigé par lui. Vous remarquerez qu’il imprimait cet ouvrage au mois de mai, sous le nom de La Beaumelle, dans le temps que ce La Beaumelle était à la Bastille dès le mois d’avril. C’est bien mal calculer pour un géomètre. Il l’a envoyé à M. le duc de Saxe-Gotha, lorsque j’étais chez ce prince. C’est encore un mauvais calcul ; cela n’a fait que redoubler les bontés que M. le duc de Saxe-Gotha et toute sa maison avaient pour moi.
Voilà une étrange conduite pour un président d’académie. Il est nécessaire pour ma justification, qu’on en soit instruit. Ce sont là de ses artifices, et c’est ainsi, à peu près, qu’il en usait avec d’autres personnes lorsqu’il mettait le trouble dans l’Académie des sciences. Cette vie-ci, mon cher ange, me paraît orageuse ; nous verrons si l’autre sera plus tranquille. On dit qu’autrefois il y eut une grande bataille dans ce pays-là, et vous savez que la Discorde habitait dans l’Olympe. On ne sait où se fourrer. Il fallait rester avec vous. Ne me grondez pas, je suis très bien puni, et je le suis surtout par mon cœur. Je m’imagine que vous, et madame d’Argental, et vos amis, vous me plaignez autant que vous me condamnez. Madame Denis est à Strasbourg, et moi à Francfort, et je ne puis l’aller trouver. Je suis arrivé avec les jambes et les mains enflées. Cette petite addition à mes maux n’accommode point en voyage. Je resterai à Francfort, dans mon lit, tant qu’il plaira à Dieu.
Adieu, mon cher ange, je baise, à tous tant que vous êtes, le bout de vos ailes avec tendresse et componction. Il est très cruellement probable que je pourrai rester ici assez de temps pour y recevoir la consolation d’une de vos lettres, au lieu d’avoir celle de venir vous embrasser.
à M. KŒNIG.
Francfort, Juin 1753 (1).
Votre martyr est arrivé à Francfort dans un état qui lui fait envisager de fort près le pays où l’on saura le principe des choses, et ce que c’est que cette force motrice sur laquelle on raisonne tant ici-bas, mais dont je suis presque privé. J’ai été, comme je vous l’ai mandé, désabusé des idées fausses que vos adversaires avaient données sur la vitesse vraie et sur la vitesse propre. Il est plus difficile de se détromper des illusions de ce monde, et des sentiments qui nous y attachent jusqu’au dernier moment. J’en éprouve d’assez douloureux pour avoir pris votre parti ; mais je ne m’en repens pas, et je mourrai dans ma créance. Il me paraît toujours absurde de faire dépendre l’existence de Dieu d’a plus b divisé par z.
Où en serait le genre humain s’il fallait étudier la dynamique et l’astronomie pour connaître l’Etre suprême ? Celui qui nous a créés tous doit être manifeste à tous, et les preuves les plus communes sont les meilleures, par la raison qu’elles sont communes ; il ne faut que des yeux et point d’algèbre pour voir le jour.
Dieu a mis à notre portée tout ce qui est nécessaire pour nos moindres besoins ; la certitude de son existence est notre besoin le plus grand. Il nous a donné assez de secours pour le remplir ; mais comme il n’est point du tout nécessaire que nous sachions ce que c’est que la force, et si elle est une propriété essentielle ou non à la matière, nous l’ignorons, et nous en parlons. Mille principes se dérobent à nos recherches, parce que tous les secrets du Créateur ne sont pas faits pour nous.
On a imaginé, il y a longtemps, que la nature agit toujours par le chemin le plus court, qu’elle emploie le moins de force et la plus grande économie possible ; mais que répondraient les partisans de cette opinion à ceux qui leur feraient voir que nos bras exercent une force de près de cinquante livres pour lever un poids d’une seule livre ; que le cœur en exerce une immense pour exprimer une goutte de sang ; qu’une carpe fait des milliers d’œufs pour produire une ou deux carpes ; qu’un chêne donne un nombre innombrable de glands qui souvent ne font pas naître un seul chêne ? Je crois toujours, comme je vous le mandais il y a longtemps (2), qu’il y a plus de profusion que d’économie dans la nature.
Quant à votre dispute particulière avec votre adversaire, il me semble de plus en plus que la raison et la justice sont de votre côté. Vous savez que je ne me déclarai pour vous quand vous m’envoyâtes votre Appel au Public. Je dis hautement alors ce que toutes les Académies ont dit depuis, et je pris, de plus, la liberté de me moquer d’un livre très ridicule que votre persécuteur écrivit dans le même temps.
Tout cela a causé des malheurs qui ne devaient pas naître d’une si légère cause. C’est là encore une des profusions de la nature. Elle prodigue les maux ; ils germent en foule de la plus petite semence.
Je peux vous assurer que votre persécuteur et le mien n’a pas, en cette occasion, obéi à sa loi de l’épargne ; il a ouvert le robinet du mauvais tonneau quand il s’est trouvé auprès de Jupiter. Quelle étrange misère d’avoir passé de Jupiter à La Beaumelle ? Peut-il se disculper de la cruauté qu’il eut de susciter contre moi un pareil homme ? Peut-il empêcher qu’on ne sache où il a fait imprimer depuis peu un mémoire de La Beaumelle revu et corrigé par lui ? Ne sait-on pas dans quelle ville il resta les quatre premiers jours du mois de mai dernier, sous le nom de Morel, pour faire imprimer ce libelle ? Ne connaît-on pas le libraire qui l’imprima sous le titre de Francfort ? Quel emploi pour un président d’académie ! Il en envoya, le 12 Mai, un exemplaire à son altesse sérénissime monseigneur le duc de Saxe-Gotha, croyant par là m’arracher les bontés, la protection, et les soins, dont on m’honorait à Gotha pendant ma maladie. C’était mal calculer, de toutes les façons, pour un géomètre. La Beaumelle était à la Bastille dès le 22 (3) avril, pour avoir insulté des citoyens et des souverains dans deux mauvais livres (4) ; il ne pouvait par conséquent alors envoyer à Gotha, et dans d’autres cours d’Allemagne, ce mémoire ridicule, imprimé sous son nom.
Voilà un de ces arguments, monsieur, dont on ne peut se tirer. Il est, dans le genre des probabilités, ce que les vôtres sont dans le genre des démonstrations.
Ce que je vous écrivais, il y a près d’un an, est bien vrai ; les artifices sont, pour les gens de lettres, la plus mauvaise des armes ; l’on se croit un politique, et on n’est que méchant. Point de politique en littérature. Il faut avoir raison, dire la vérité, et s’immoler. Mais faire condamner son ami comme faussaire, et se parer de la modération de ne point assister au jugement ; mais ne point répondre à des preuves évidentes, et payer de l’argent de l’Académie la plume d’un autre ; mais s’unir avec le plus vil des écrivains, ne s’occuper que de cabales, et en accuser ceux mêmes qu’on opprime, c’est la honte éternelle de l’esprit humain.
Les belles-lettres sont d’ordinaire un champ de dispute ; elles sont, dans cette occasion, un champ de bataille. Il ne s’agit plus d’une plaisanterie gaie et innocente sur les dissections des géants, et sur la manière d’exalter son âme pour lire dans l’avenir :
Ludus enim genuit trepidum certamen et iram ;
Ira truces inimicitias et funebre bellum.
HOR., lib. I, ep. XIX.
Je ne dispute point quand il s’agit de poésie et d’éloquence, c’est une affaire de goût ; chacun a le sien ; je ne peux prouver à un homme que c’est lui qui a tort quand je l’ennuie.
Je réponds aux critiques quand il s’agit de philosophie ou d’histoire, parce qu’on peut, à toute force, dans ces matières, faire entendre raison à sept ou huit lecteurs qui prennent la peine de vous donner un quart d’heure d’attention. Je réponds quelquefois aux calomnies, parce qu’il y a plus de lecteurs des feuilles médisantes que des livres utiles.
Par exemple, monsieur, lorsqu’on imprime que j’ai donné avis à un auteur illustre (5) que vous vouliez écrire contre ses ouvrages, je réponds que vous êtes assez instruit par des preuves incontestables que non seulement cela est très faux, mais que j’ai fait précisément le contraire.
Lorsqu’on ose insérer dans des feuilles périodiques que j’ai vendu mes ouvrages à trois ou quatre libraires d’Allemagne et de Hollande, je suis encore forcé de répondre qu’on a menti, et qu’il n’y a pas, dans ces pays, un seul libraire qui puisse dire que je lui aie jamais vendu le moindre manuscrit.
Lorsqu’on imprime que je prends à tort le titre de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi de France, ne suis-je pas encore forcé de dire que, sans me parer jamais d’aucun titre, j’ai pourtant l’honneur d’avoir cette place, que sa majesté le roi mon maître m’a conservée ?
Lorsqu’on m’attaque sur ma naissance, ne dois-je pas à ma famille de répondre que je suis né égal à ceux qui ont la même place que moi, et que si j’ai parlé sur cet article avec la modestie convenable, c’est parce que cette même place a été occupée autrefois par les Montmorency et par les Châtillon ?
Lorsqu’on imprime qu’un souverain m’a dit : « Je vous conserve votre pension, et je vous défends de paraître devant moi », je réponds que celui qui a avancé cette sottise en a menti impudemment.
Lorsqu’on voit dans les feuilles périodiques que c’est moi qui ai fait imprimer les Variantes de la Henriade sous le nom de M. Marmontel, n’est-il pas encore de mon devoir d’avertir que cela n’est pas vrai, que M. Marmontel a fait une Préface à la tête d’une des éditions de la Henriade ? et que c’est M. l’abbé Lenglet Dufresnoi qui avait fait imprimer les Variantes auparavant, à Paris, chez Gandouin ?
Lorsqu’on imprime que je suis l’auteur de je ne sais quel livre intitulé Des beautés de la langue française, je réponds que je ne l’ai jamais lu, et j’en dis autant sur toutes les impertinentes pièces que des écrivains inconnus font courir sous mon nom, qui est trop connu.
Lorsqu’on imprime une prétendue lettre de feu milord Tyrconnell, je suis obligé de donner un démenti formel au calomniateur ; et, puisqu’il débite ces pauvretés pour gagner quelque argent, je déclare, moi, que je suis prêt de lui faire l’aumône pour le reste de sa vie, en cas qu’il puisse prouver un seul des faits qu’il avance.
Lorsqu’on imprime que l’on doit s’attendre que j’écrirai contre les ouvrages d’un auteur respectable (6) à qui je serai attaché jusqu’au dernier moment de ma vie, je réponds que, jusqu’ici, on n’a calomnié que pour le passé, et jamais pour l’avenir ; que c’est trop exalter son âme, et que je ferai repentir le premier impudent qui oserait écrire contre l’homme vénérable dont il est question.
Lorsqu’on imprime que je me suis vanté mal à propos d’avoir une édition de la Henriade honorée de la Préface (7) d’un souverain, je réponds qu’il est faux que je m’en sois vanté, qu’il est faux que cette édition existe, et qu’il est faux que cette Préface, qui existe réellement, ait été citée mal à propos ; elle a toujours été citée dans les éditions de la Henriade, depuis celle de M. Marmontel. Elle avait été composée pour être mise à la tête de ce poème, que cet illustre souverain, dont il est parlé, voulait faire graver. C’était un double honneur qu’il faisait à cet ouvrage.
Lorsqu’on imprime que j’ai volé un madrigal (8) à feu M. de La Motte, je réponds que je ne vole de vers à personne, que je n’en ai que trop fait, que j’en ai donné à beaucoup de jeunes gens (9), ainsi que de l’argent, sans que ni eux ni moi en aient jamais parlé.
Voilà, monsieur, comment je serai obligé de réfuter les calomnies dont m’accablent tous les jours quelques auteurs, dont les uns me sont inconnus, et dont les autres me sont redevables. Je pourrais leur demander pourquoi ils s’acharnent à entrer dans une querelle qui n’est pas la leur, et à me persécuter sur le bord de mon tombeau ; mais je ne leur demande rien. Continuez à défendre votre cause comme je défends la mienne. Il y a des occasions où l’on doit dire avec Cicéron : Seipsum deserere turpissimum est.
Il faut, en mourant, laisser des marques d’amitié à ses amis, le repentir à ses ennemis, et sa réputation entre les mains du public. Adieu.
1 – Cette lettre fut écrite pour être publiée. Pour la comprendre, il faut relire la Diatribe du docteur Akakia. (G.A.)
2 – Le 17 Novembre 1752. (G.A.)
3 – C’est la date de l’ordre. La Beaumelle fut incarcéré le 24. Voltaire est fort innocent de cette arrestation. (G.A.)
4 – Le Qu’en dira-t-on ? et l’édition annotée du Siècle de Louis XIV. (G.A.)
5 – Frédéric II. (G.A.)
6 –Sans doute le président Hénault. (G.A.)
7 – Voyez l’A-propos du poème. (G.A.)
8 –Voyez les vers à la princesse Ulrique. (G.A.)
9 – Linant, La Mare, d’Arnaud, etc. (G.A.)
à M. le comte de Stadion (1)
A Francfort-sur-le-Mein, au Lion-d’Or, le 5 Juin 1753.
(SECRÈTE.)
A qui puis-je mieux m’adresser qu’à votre excellence ? Elle m’a comblé de ses bontés, elle m’a procuré des marques de la bienveillance de leurs majestés impériales, et je regarde aujourd’hui comme un de mes devoirs de n’implorer que sa protection. Je suis sûr du secret avec votre excellence ; elle verra de quelle nature est l’affaire dont il s’agit par la lettre à cachet volant que je prends la liberté de mettre aux pieds de sa sacrée majesté l’empereur. Elle verra que ce qui se passe à Francfort est d’un genre bien nouveau ; elle sentira assez quel est mon danger de recourir à sa sacrée majesté dans des conjonctures où tout est à craindre, avant qu’un étranger, qui ne connaît personne dans Francfort, puisse se soustraire à la violence.
J’espère que ma lettre et les ordres de sa majesté impériale pourront arriver à temps. Mais si vous avez la bonté, monsieur, de me protéger dans cette circonstance étonnante, je vous supplie que tout cela soit dans le plus grand secret. Celui que mon persécuteur, le sieur Freitag, ministre du roi de Prusse, garde soigneusement, prouve assez son tort et ses mauvais desseins. Je ne puis me défendre qu’avec le secours d’un ordre aussi secret adressé à Francfort à quelque magistrat attaché à sa majesté impériale ; c’est ce que j’attends de l’équité et de la compassion de votre excellence.
Mon hôte, chez qui je suis en prison par un attentat inouï, m’a dit aujourd’hui que le ministre du roi de Prusse, le sieur Freitag, est en horreur à toute la ville, mais qu’on n’ose lui résister.
Votre excellence est bien persuadée que je ne demande pas que sa majesté impériale se compromette : je demande simplement qu’un magistrat à qui je serai recommandé, empêche qu’il ne se fasse rien contre les lois.
Je supplie votre excellence de vouloir bien m’adresser sa réponse par quelque homme affidé ; sinon je la prie de daigner m’écrire par la poste, d’une manière générale. Elle peut assurer l’empereur, ou sa sacrée majesté l’impératrice, que, si je pouvais avoir l’honneur de leur parler, je leurs dirais des choses qui les concernent ; mais il serait fort difficile que j’allasse à Vienne incognito ; et ce voyage ne pourrait se faire qu’en cas qu’il fût inconnu à tout le monde. J’appartiens au roi de France, je suis très incapable de dire jamais un seul mot qui puisse déplaire au roi mon maître, ni de faire aucune démarche qu’il pût désapprouver. Mais, ayant la permission de voyager, je puis aller partout sans avoir de reproches à me faire ; et peut-être mon voyage ne serait pas absolument inutile. Je pourrais donner des marques de ma respectueuse reconnaissance à leurs majestés impériales, sans blesser aucun de mes devoirs. Et si, dans quelque temps, quand ma santé sera raffermie, on voulait seulement m’indiquer une maison à Vienne où je pusse être inconnu quelques jours, je ne balancerais pas. J’attends vos ordres, monsieur, et vos bontés.
Je suis avec la reconnaissance la plus respectueuse, etc. VOLTAIRE, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi très chrétien.
1 – Dans toutes les éditions cette lettre et trois autres sont sans adresse. On croit pourtant que c’est à ce ministre de l’empereur qu’elles furent envoyées. (G.A.)