CORRESPONDANCE - Année 1753 - Partie 4

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A UN HOMME DE LETTRES DE LEIPSICK,

 

Qui lui avait envoyé un Extrait traduit en français

Du psaume allemand d’Arminius (1).

Leipsick.

 

 

          Je vous renvoie, monsieur, le manuscrit que vous m’avez fait l’honneur de me confier. J’ai aperçu, à travers la traduction, la plus sublime poésie, et les sentiments les plus vertueux, comme on adorait autrefois les divinités, dont les statues étaient couvertes d’un voile. Si vous connaissez le jeune auteur, je vous prie de l’assurer de ma parfaite estime. C’est un sentiment que je vous ai voué, il y a longtemps, aussi bien qu’à votre illustre épouse. J’y joins aujourd’hui l’amitié et la reconnaissance que je dois à vos bontés prévenantes.

 

Permettez-moi de finir ce petit billet comme les anciens que vous imitez si bien. Scribe et vale.

 

 

1 – Cette lettre parut sous ce titre dans les Mélanges de 1768. Il s’agit du poème d’Arminus, par le baron de Schonaich. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. Roques.

Leipsick, avril 1753.

 

 

          Je suis tombé malade à Leipsick, monsieur, et je ne sais pas encore quand je pourrai en partir (1). J’y ai reçu votre lettre du 22 Mars. Elle m’étonnerait, si à mon âge quelque chose pouvait m’étonner.

 

          Comment a-t-on pu imaginer, monsieur, que j’aie pris des lettres de La Beaumelle pour des lettres de Maupertuis ? Non, monsieur, chacun a ses lettres. Maupertuis à celles où il veut qu’on aille disséquer des géants aux antipodes ; et La Beaumelle a les siennes, qui sont l’antipode du bon sens. Dieu me garde d’attribuer jamais à un autre qu’à lui ces belles choses qui ne peuvent être que de lui, et qui lui font tant d’honneur et tant d’amis ! On vous aurait accusé juste si on vous avait dit que je m’étais plaint du procédé de Maupertuis, qui alla trouver La Beaumelle à Berlin, pour l’envenimer contre moi, et qui se servit de lui comme un homme profondément artificieux et méchant peut se servir d’un jeune homme imprudent.

 

          Il me calomnia, vous le savez ; il lui dit que j’avais accusé l’auteur du Qu’en dira-t-on ? auprès du roi dans un souper ; je vous ai déclaré que ce n’était pas moi qui avais rendu compte à sa majesté du Qu’en dira-t-on ? que ce fut M. le marquis d’Argens. J’en atteste encore le témoignage de d’Argens et du roi lui-même. C’est cette calomnie, d’après Maupertuis, qui a fait composer les trois volumes d’injures de La Beaumelle. Il devrait sentir à quel point on a méchamment abusé de sa crédulité ; il devrait sentir qu’il est le Raton dont Bertrand s’est servi pour tirer les marrons du feu ; il devrait s’apercevoir que Maupertuis, le persécuteur de Kœnig et le mien, s’est moqué de lui ; il devrait savoir que Maupertuis, pour récompense, le traite avec le dernier mépris ; il devrait ne point menacer un homme à qui il a fait tant d’outrages avec tant d’injustice.

 

          Non, monsieur, il ne s’est jamais agi des quatre lettres de La Beaumelle, que jamais je n’ai entendu attribuer à Maupertuis ; il s’agit de la lettre que La Beaumelle vous écrivit, il y a six mois, lettre dont vous m’avez envoyé le contenu dans une des vôtres, lettre par laquelle La Beaumelle avoua que Maupertuis l’avait excité contre moi par une calomnie. J’ai fait connaître cette calomnie au roi de Prusse, et cela me suffit. Ma destinée n’a rien de commun avec toutes ces tracasseries, ni avec cette infâme édition du Siècle de Louis XIV ; je sais supporter les malheurs et les injures. Je pourrai faire un Supplément au Siècle de Louis XIV (2), dans lequel j’éclaircirai des faits dont La Beaumelle a parlé sans en avoir la moindre connaissance. Je pourrai, comme M. Kœnig, en appeler au public. J’en appelle déjà à vous-même. S’il vous reste quelque amitié pour La Beaumelle, cette amitié même doit lui faire sentir tous ses torts. Il doit être honteux d’avoir été l’instrument de la méchanceté de Maupertuis, instrument dont on se sert un moment, et qu’on jette ensuite avec dédain.

 

          Voilà monsieur, tout ce que le triste état où je suis de toute façon me permet à présent de vous répondre. Je vous embrasse sans cérémonie.

 

 

1 – Arrivé à Leipsick le 27 Mars à six heures du soir, Voltaire en repartit au bout de vingt-trois jours. (G.A.)

 

2 – Une partie en était faite, et ce Supplément fut dédié à Roques. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. le baron de Schonaich.

Leipsick, 18 Avril 1753.

 

 

          Pardonnez, monsieur, à un pauvre malade qui ne peut guère écrire, si je ne vous dis qu’en deux mots à quel point vous avez gagné mon estime. Pardonnez à un Français et à un homme de lettres, si j’en use avec si peu de cérémonie. Mais je ne me pardonnerai jamais d’ignorer une langue que les Gottscheds, et vous, rendez nécessaire à tous les amateurs de la littérature.

 

          Jeh bihn umstand sins gehorsamer diener. VOLTAIRE (1).

 

 

1 – Voltaire a voulu dire : Je suis sans cérémonie votre obéissant serviteur. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. Roques.

 

Chez M. le duc de Gotha

30 Avril 1753.

 

 

          Monsieur, je comptais, en passant à Francfort, vous présenter moi-même le Supplément au Siècle de Louis XIV, que je vous ai dédié. C’est un procès bien violent ; vous en êtes le juge par votre esprit et par votre probité, et vous êtes devenu un témoin nécessaire. Vous ne pouvez être informé pleinement du malheur que le passage de La Beaumelle à Berlin a causé. Vous en jugerez en partie par ma dernière lettre (1) au roi de Prusse, dont je vous envoie copie pour vous seul.

 

          Vous savez que je vous ai toujours mandé que j’étais trop instruit des cruels procédés de M. de Maupertuis envers moi. Je savais que madame la comtesse de Bentinck avait obligé deux fois La Beaumelle de jeter dans le feu cet indigne ouvrage, où tant de souverains et sa majesté prussienne sont encore plus outragés que moi. Je savais que La Beaumelle, au sortir de chez Maupertuis, avait deux fois recommencé ; mais je ne puis citer le témoignage de madame la comtesse de Bentinck, ni celui des autres personnes qui ont été témoins de la cruauté artificieuse avec laquelle Maupertuis m’a poursuivi près de deux années entières. Je ne peux citer que des témoignages par écrit, et je n’ai que la lettre de La Beaumelle.

 

          Vous n’ignorez pas avec quel nouvel artifice Maupertuis a voulu en dernier lieu déguiser et obscurcir l’affaire, en exigeant de La Beaumelle un désaveu ; mais ce désaveu ne porte que sur des choses étrangères à son procédé.

 

          Je n’ai jamais accusé Maupertuis d’avoir fait les quatre lettres scandaleuses dont La Beaumelle a chargé la coupable édition du Siècle de Louis XIV. Je me suis plaint seulement de ce qu’il m’a voulu perdre, et de ce qu’il a réussi. Je ne me suis défendu qu’en disant la vérité ; c’est une arme qui triomphe de tout à la longue. C’est au nom de cette vérité toujours respectable et souvent persécutée que je vous écris. Je suis très malade, et j’espérerai, jusqu’au dernier moment, que le roi de Prusse ouvrira enfin les yeux. Je mourrai avec cette consolation, qui sera probablement la seule que j’aurai. Je suis, etc.

 

 

1 – Voyez la lettre écrite de Leipsick à Frédéric. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. Roques.

A Gotha, 18 Mai 1753.

 

 

          Je suis fâché à présent, monsieur, d’avoir répondu à La Beaumelle avec la sévérité qu’il méritait. On dit qu’il est à la Bastille (1) ; le voilà malheureux, et ce n’est pas contre les malheureux qu’il faut écrire. Je ne pouvais deviner qu’il serait enfermé dans le temps même que ma réponse paraissait. Il est vrai qu’après tout ce qu’il a écrit avec une si furieuse démence contre tant de citoyens et de princes, il n’y avait guère de pays dans le monde où il ne dût être puni tôt ou tard ; et je sais, de science certaine, qu’il y a deux cours où on lui aurait infligé un châtiment plus capital que celui qu’il éprouve. Vous me parlez de votre amitié pour lui ; vous avez apparemment voulu dire pitié.

 

          Il était de mon devoir de donner un préservatif contre sa scandaleuse édition du Siècle de Louis XIV, qui n’est que trop publique en Allemagne et en Hollande. J’ai dû faire voir par quel cruel artifice on a jeté ce malheureux auteur dans cet abîme. Je vous répète encore, monsieur, ce que j’ai mandé au roi de Prusse ; c’est que si les choses dont vous m’avez bien voulu avertir, et que j’ai sues par tant d’autres, ne sont pas vraies, si Maupertuis n’a pas trompé La Beaumelle, tandis qu’il était à Berlin, pour l’exciter contre moi, si Maupertuis peut se laver des manœuvres criminelles dont la lettre de La Beaumelle le charge, je suis prêt à demander pardon publiquement à Maupertuis. Mais aussi, monsieur, si vous ne m’avez pas trompé, si tous les autres témoins sont unanimes, s’il est vrai que Maupertuis, parmi les instruments qu’il a employés pour me perdre, n’ait pas dédaigné de me calomnier même auprès de La Beaumelle, et de l’exciter contre moi, il est évident que le roi de Prusse me doit rendre justice.

 

          Je ne demande rien, sinon que ce prince connaisse qu’après lui avoir été passionnément attaché pendant quinze ans, ayant enfin tout quitté pour lui dans ma vieillesse, ayant tout sacrifié, je n’ai pu certainement finir par trahir envers lui des devoirs que mon cœur m’imposait. Je n’ai d’autres ressources que dans les remords de son âme royale, que j’ai crue toujours philosophe et juste. Ma situation est très funeste ; et quand la maladie se joint à l’infortune, c’est le comble de la misère humaine. Je me console par le travail et par les belles-lettres, et, surtout, par l’idée qu’il y a beaucoup d’hommes qui valaient cent fois mieux que moi, et qui ont été cent fois plus infortunés. Dans quelque situation cruelle que nous nous trouvions, que sommes-nous pour oser murmurer ?

 

          Au reste, je ne vous ai rien écrit que je ne veuille bien que tout le monde sache, et je peux vous assurer que, dans toute cette affaire, je n’ai pas eu un sentiment que j’eusse voulu cacher. Je suis, monsieur, etc.

 

 

1 – Voyez une note du Supplément au Siècle. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. le marquis d’Argens.

Le 26 Mai 1753.

 

 

          Mon cher révérend diable et bon diable, j’ai reçu avec une syndérèse cordiale votre correction fraternelle. J’ai un peu lieu d’être lapsus, et les damnés rigoristes pourraient bien me refuser place dans nos enfers ; mais je compte sur votre indulgence. Vous comprendrez que c’en serait un peu trop d’être brûlé (1) dans ce monde-ci et dans l’autre. Je me flatte que votre clémence diminuera un peu les peines que vous m’imposez.

 

          J’ai frémi au titre des livres que vous dites brûlés ; mais sachez qu’il y a encore dans la province une édition des Lettres (2) d’Isaac-Onitz, et que ce sera mon refuge. Je bois d’ailleurs des eaux du Léthé, et je vais incessamment boire celles de Plombières. Mon médecin m’avait conseillé de me faire enduire de poix-résine, selon la nouvelle méthode ; mais il a fait réflexion que le feu y prendrait trop aisément, et que nous devons, vous et moi, nous défier des matières combustibles. Je crois, mon cher frère, que vous avez été bien fourré cet hiver ; il a été diabolique, comme disent les gens du monde. Pour moi, j’ai fait un feu d’enfer, et je me suis toujours tenu auprès, sans sortir de mon caveau.

 

          Encore une fois, pardonnez-moi mon péché ; songez que je suis un juste à qui la grâce de notre révérend père prieur a manqué. Je me vois immolé aux géants de la terre australe, à une ville latine, au grand secret de connaître la nature de l’âme avec une dose d’opium. Que sa sainte volonté soit faite sur la terre comme en enfer ! Je vous souhaite, mon cher frère, toutes les prospérités de ce monde-ci et de l’autre. Surtout n’oubliez pas de vous affubler d’un bonnet à oreilles, au mois de juin, d’une triple camisole, et d’un manteau. Jouez de la basse de viole, et, si vous avez quelques ordres à donner à votre frère, envoyez-les à la même adresse.

 

          A propos, je me meurs positivement. Bonsoir ; je vous embrasse de tout mon cœur.

 

 

1 – La Diatribe avait été brûlée le 24 Décembre 1752. (G.A.)

 

2 – Les Lettres juives de d’Argens. (G.A.)

 

 

 

 

 

à la duchesse de Saxe-Gotha.

 

A Vabern, près de Cassel, le 28 Mai 1753 (1).

 

 

 

Je suis comme tous vos sujets,

Je vous respecte et vous adore.

O destin, ô dieux, que j’implore,

Quels seront pour moi désormais

Les jours que vous ferez éclore ?

Dieux ! le plus cher de mes projets

Est de pouvoir lui dire encore :

Je suis comme tous vos sujets,

Je vous respecte et vous adore.

 

 

          Madame, ma figure souffrante et ambulante est à Vabern, près de Cassel, chez monseigneur le landgrave, et mon âme est à Gotha ; elle est à vos pieds ; elle y sera tant que je respirerai. J’ai bien peur que vos altesses sérénissimes ne m’aient rendu malheureux pour le reste de ma vie ; je leur pardonne de tout mon cœur. Ce n’est pas mauvaise intention de leur part ; mais en vérité elles devaient songer, en me comblant de tant de bontés, en me faisant mener une vie si délicieuse, qu’elles me préparaient d’éternels regrets.

 

          Où pourrais-je vivre dorénavant, madame, après avoir passé un mois entier à vos pieds ?  Croyez-vous qu’en quittant votre palais, le séjour de Plombières me sera bien agréable ? Ce serait des eaux du Léthé qu’il me faudrait. Je prévois, madame, que je n’aurai autre chose à faire qu’à revenir faire ma cour à vos altesses sérénissimes. J’ai été dans le temple des grâces, de la raison, de l’esprit, de la bienfaisance et de la paix ; je retournerai dans ce temple ; il n’y aura pas moyen d’aller vivre avec des profanes.

 

          Je me mets aux pieds de monseigneur le duc, et de toute votre auguste famille. Quand pourrai-je revoir ce que j’ai vu, et entendre encore ce que j’ai entendu ? Je pars pour Plombières cependant, madame : j’obéis aux deux plus terribles médecins que je connaisse, et j’aurai l’honneur de renouveler à vos altesses sérénissimes les témoignages d’un respect, d’un attachement et d’une reconnaissance qui ne finiront qu’avec la vie de V. à qui le papier manque.

 

 

1 – Editeurs de Cayrol et A. François. ‒ Voltaire avait quitté Gotha le 25 Mai ; il était arrivé à Cassel le 26, et le landgrave Guillaume VIII, alors à Vabern, désira le voir. (G.A.)

 

 

 

 

 

à Madame de Buchwald.

 

A Vabern près de Cassel, 28Mai 1753.

 

 

Grande maîtresse de Gotha,

Et des cœurs plus grande maîtresse,

Quand mon étoile me porta

Dans votre cour enchanteresse,

Un trop grand bonheur me flatta ;

Le destin jaloux me l’ôta,

J’ai tout perdu ; mais ma tendresse

Avec les désirs me resta :

C’est bien assez dans ma vieillesse.

 

 

          Non, madame, ce n’est point assez, et il faudra absolument que je revienne dans ce pays enchanté qui n’est pas le palais d’Alcine. Quels jours j’ai passés auprès de vous, madame, et que je vous ai envié cette certitude où vous êtes de vivre toujours auprès de madame la duchesse Dunois, Chandos, La Trimouille et le Père Grisbourdon (1) auraient tout quitté pour une cour telle que Gotha ; et moi je vais par les chemins chercher les aventures. J’en ai trouvé une. J’ai su à Cassel que Maupertuis y avait été quatre jours incognito sous le nom de Bonnel (2), à l’hôtel de Stockholm, et que là il avait fait imprimer ce mémoire de La Beaumelle, qu’il a envoyé à monseigneur le duc, lorsqu’il a passé par la Lorraine. Quel président d’académie ! quelles indignes manœuvres ! Est-il possible qu’il ait trompé si longtemps le roi de Prusse, et que je sois la victime d’un tel homme ! Mais, madame, vos bontés sont au-dessus de mes malheurs. J’oublie tout hors Gotha. Je n’ai, je pense, malgré la reconnaissance que je vous dois, qu’un petit reproche à vous faire. J’ai emporté les ouvrages de mademoiselle votre fille, et je n’ai pas quatre lignes de vous ; je n’en ai pas deux de son altesse sérénissime. Je viendrai les chercher, madame ; oui, j’y viendrai si je suis en vie. Permettez-moi, madame ; de présenter mes respects à M. le grand-maître, à toute votre famille, à tout ce qui vous est attaché, à mademoiselle de Waldner, à M. de Rotberg, à M. Klupfel. Mon indiscrétion s’arrête. Je la pousserais trop loin, si je mettais ici la liste de toux ceux à qui vos bontés en ont inspiré pour moi. Mais que deviendront nos empereurs, et nos papes, et tout l’illustre corps germanique (3)) ? C’est un ouvrage qu’il faut finir, puisque la Minerve de l’Allemagne me l’a ordonné. Mais il faut y donner la dernière main à Gotha. C’est son air natal. Heureux, si je peux jamais respirer cet air et revoir une cour où mon cœur me rappellera sans cesse : Adieu, madame ; je vais peut-être aux eaux, mais sûrement je vais porter partout où je serai le plus tendre souvenir de vos bontés, et l’attachement le plus respectueux. Jeanne, Agnès, et moi, se recommandent avec respect à vos bontés.

 

 

1 – Voyez la Pucelle. (G.A.)

 

2 – Il dit ailleurs Morel. (G.A.)

 

3 – Les Annales de l’Empire, qu’il avait commencées. (G.A.)

 

 

 

1753 - Partie 4

 

 

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