CORRESPONDANCE : Année 1740 - Partie 6

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à M. Van Duren

A Bruxelles, ce 23 Juin.

 

         Voici, monsieur, les XXIIe et XXIIIe chapitres ; j’attends les derniers avec impatience. Plus je relis cet ouvrage, plus j’en augure un succès grand et durable, et plus je me félicite de contribuer à le publier. Si vous n’avez point d’Amelot de La Houssaie, ne balancez pas à imprimer l’italien à côté du français. Vous devez avoir commencé déjà. Vous devez trouver à La Haye les armes.  .  . (du roi de Prusse) qui veut bien protéger cet ouvrage, et auquel vous devez faire tenir deux douzaines d’exemplaires. Au reste, je vous manderai à qui il faudra les adresser en droiture ; ce sera je crois, à son .  .  .  . et ce ne sera pas un mauvais service que je vous aurai rendu, si vous pouvez par cette occasion, fournir la bibliothèque de .  .  .  . (Berlin).

 

 

 

 

 

à M. le comte d’Argental

Ce 24 de Juin.

 

Zulime, mon respectable ami, est faite pour mon malheur. Vous savez que madame de Richelieu est à la mort ; peut-être en est-ce fait à l’heure où je vous écris (1). Vous n’ignorez pas la perte que je fais en elle ; j’avais droit de compter sur ses bontés, et j’ose dire, sur l’amitié de M. de Richelieu. Il faut que je joigne à la douleur dont cette mort m’accable celle d’apprendre que M. de Richelieu me fait le plus mauvais gré du monde d’avoir laissé jouer Zulime dans ces cruelles circonstances. Vous pouvez me rendre justice. Cette malheureuse pièce devait être donnée longtemps avant que madame de Richelieu fût à Paris. Elle fut représentée le 9 Juin, quand madame de Richelieu donnait à souper, et se croyait très loin d’être en danger. J’ai fait depuis humainement ce que j’ai pu pour la retirer, sans en venir à bout. Elle était à la troisième représentation, lorsque j’eus le malheur de perdre mon neveu (2) qui était correcteur des comptes et que j’aimais tendrement. Ma famille ne s’est point avisée de trouver mauvais qu’on représentât un de mes ouvrages, pendant que mon pauvre neveu était à l’agonie, et que j’avais le cœur percé. Faudrait-il que ceux qui se disent protecteurs ou amis, et qui souvent ne sont ni l’un ni l’autre, affectassent de se fâcher d’un prétendu manque de bienséance dont je n’ai pas été le maître, quand ma famille n’a pas imaginé de s’en formaliser ? Vous êtes peut-être à portée, vous ou M. votre frère, de faire valoir à M. de Richelieu mon innocence ; il a grand tort assurément de m’affliger. Je sens aussi douloureusement que lui la perte de madame de Richelieu, et je suis bien loin de mériter son mécontentement ; il m’est très sensible dans une occasion si triste. Il est bien dur de paraître insensible quand on a le cœur déchiré.

 

Mille tendres respects à madame d’Argental. Madame du Châtelet vous fait à tous deux bien des compliments ; elle vous aime autant que je vous suis attaché.

 

 

1 – Elle ne mourut qu’au mois d’août. (G.A.)

 

2 – Correcteur à la cour des comptes. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. l’abbé Prévost

Bruxelles, Juin 1740.

 

Arnauld (1) fit autrefois l’apologie de Boileau, et vous voulez, monsieur, faire la mienne (2). Je serais aussi sensible à cet honneur que le fut Boileau, non que je sois aussi vain que lui, mais parce que j’ai plus besoin d’apologie. La seule chose qui m’arrête tout court est celle qui empêcha le grand Condé d’écrire des mémoires. Vous voyez que je ne prends pas d’exemples médiocres. Il dit qu’il ne pourrait se justifier sans accuser trop de monde.

 

.  .  .  .  .  . Si parva licet componere magnis.

 

GEORG., IV.

 

Je suis à peu près dans le même cas.

 

         Comment pourrais-je, par exemple, ou comment pourriez-vous parler des souscriptions de ma Henriade, sans avouer que M. Thieriot, alors fort jeune, dissipa malheureusement l’argent des souscriptions de France ? J’ai été obligé de rembourser à mes frais tous les souscripteurs qui ont eu la négligence de ne point envoyer à Londres, et j’ai encore par devers moi les reçus de plus de cinquante personnes. Serait-il bien agréable pour ces personnes, qui, pour la plupart, sont des gens très riches, de voir publier qu’ils ont eu l’économie de recevoir à mes dépens l’argent de mon livre ? Il est très vrai qu’il m’en a coûté beaucoup pour avoir fait la Henriade, et que j’ai donné autant d’argent en France que ce poème m’en a valu à Londres ; mais plus cette anecdote est désagréable pour notre nation, plus je craindrais qu’on ne la publiât.

 

         Sil fallait parler de quelques ingrats que j’ai faits, ne serait-ce pas me faire des ennemis irréconciliables ? Pourrais-je enfin publier la lettre que m’écrivait l’abbé Desfontaines, de Bicêtre, sans commettre ceux qui y sont nommés ? J’ai sans doute de quoi prouver que l’abbé Desfontaines me doit la vie, je ne dirai point l’honneur ; mais y a-t-il quelqu’un qui l’ignore, et n’y a-t-il pas de la honte à se mesurer avec un homme aussi universellement haï et méprisé que Desfontaines ?

 

         Loin de chercher à publier l’opprobre des gens de lettres, je ne cherche qu’à le couvrir. Il y a un écrivain connu (3) qui m’écrivit un jour : « Voici, monsieur, un libelle que j’ai fait contre vous ; si vous voulez m’envoyer cent écus, il ne paraîtra pas. » Je lui fis mander que cent écus étaient trop peu de chose, que son libelle devait lui valoir au moins cent pistoles, et qu’il devait le publier. Je ne finirais point sur de pareilles anecdotes ; mais elles me peignent l’humanité trop en laid, et j’aime mieux les oublier.

 

         Il y a un article dans votre lettre qui m’intéresse beaucoup davantage ; c’est le besoin que vous avez de douze cents livres. M. le prince de Conti (4) est à plaindre de ce que ses dépenses le mettent hors d’état de donner à un homme de votre mérite autre chose qu’un logement. Je voudrais être prince, ou fermier-général, pour avoir la satisfaction de vous marquer une estime solide. Mes affaires sont actuellement fort loin de ressembler à celles d’un fermier-général, et sont presque aussi dérangées que celles d’un prince. J’ai même été obligé d’emprunter deux mille écus de M. Bronod, notaire (5) ; et c’est de l’argent de madame la marquise du Châtelet que j’ai payé ce que je devais à Prault fils ; mais sitôt que je verrai jour à m’arranger, soyez très persuadé que je préviendrai l’occasion de vous servir avec plus de vivacité que vous ne pourriez la faire naître. Rien ne me serait plus agréable et plus glorieux que de pouvoir n’être pas inutile à celui de nos écrivains que j’estime le plus. C’est avec ces sentiments très sincères, que je suis, monsieur, etc.

 

 

1 – Antoine Arnauld. (G.A.)

 

2 – Prévost lui avait écrit le 15 Janvier pour lui emprunter de l’argent, en s’engageant à écrire une Défense de M. de Voltaire et de ses ouvrages. (G.A.)

 

3 – La Jonchère. (G.A.)

 

4 – Chez qui Prévost était logé. (G.A.)

 

5 – Ceci est exact. Voyez une lettre à Moussinot du mois de mai. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. Van duren

A Bruxelles, rue de la Grosse-Tour, ce 27 Juin.

 

Je reçois, monsieur, votre lettre du 24 avec la préface d’Amelot de La Houssaie, à l’occasion de laquelle je vais composer celle dont je suis chargé. Voici la fin de l’ouvrage en deux paquets. Celui qui est marqué A devait partir par le même ordinaire ; B n’a été prêt qu’aujourd’hui.

 

Puisque vous avez la traduction d’Amelot, ne manquez pas de l’imprimer à côté de mon auteur. Ma Préface précèdera celle d’Amelot et celle de Machiavel, qu’Amelot a traduite, et annoncera l’économie de tout le livre.

 

Je vous prie de m’envoyer la première feuille imprimée.

 

 

 

 

 

à M. de Cideville

A Bruxelles, ce 28 de Juin.

 

Eh bien ! mon cher ami, avez-vous reçu le paquet T (1) ? C’est M. Helvétius, un de nos confrères en Apollon, quoique fermier-général, qui s’est chargé de le faire mettre au coche de Reims, recommandé à Paris pour Rouen. Si les soins d’un fermier-général et l’adresse d’un premier président ne suffisent pas, à qui faudra-t-il avoir recours ? Vous devez trouver dans cette édition beaucoup de corrections à la main, deux cents vers nouveaux dans la Henriade, quelques pièces fugitives qui n’étaient pas dans les autres éditions ; mais surtout les fautes énormes de l’éditeur réformées tant que je l’ai pu.

 

Je ne vous ai point envoyé Zulime, que les comédiens de Paris ont représentée presque malgré moi, et qui n’est pas digne de vous. Si j’avais de la vanité, je vous dirais qu’elle n'est pas digne de moi, du moins je crois pouvoir mieux faire, et qu’en effet Mahomet vaut mieux. Vous jugerez si j’ai bien peint les fourbes et les fanatiques.

 

         En attendant, voyez, mon cher ami, si vous êtes un peu content de la petite odelette pour notre souverain, le roi de Prusse. Je l’appelle souverain, parce qu’il aime, qu’il cultive, qu’il encourage les arts que nous aimons. Il écrit en français beaucoup mieux que plusieurs de nos académiciens, et quelquefois, dans ses lettres, il laisse échapper de petits sixains ou dixains que peut-être ne désavoueriez-vous pas. Sa passion dominante est de rendre les hommes heureux, et de faire fleurir chez lui les belles-lettres. Me serait-il permis de vous dire que, dès qu’il a été sur le trône, il m’a écrit ces propres paroles (2) : « Pour Dieu, ne m’écrivez qu’en homme, et méprisez avec moi les noms, les titres, et tout l’éclat extérieur » ?

 

Eh bien ! qu’en dites-vous ? Votre cœur n’est-il pas ému ? N’est-on pas heureux d’être né dans un siècle qui a produit un homme si singulier ? Avec tout cela, je reste à Bruxelles, et le meilleur roi de la terre, son mérite et ses faveurs ne m’éloigneront pas un moment d’Emilie. Les rois (même celui-là) ne doivent marcher jamais qu’après les amis ; vous sentez bien que cela va sans dire.

 

Ne pouvez-vous pas me rendre un très grand service, en en rendant un petit à M. le marquis du Châtelet ? Il s’agit seulement d’épargner le voyage d’un maître des comptes ou d’un auditeur.

 

M. du Châtelet a, comme vous savez, en Normandie, de petites terres relevant du roi, nommées Saint-Rémy, Heurlemont et Feuilloi ; il en a rendu les aveux et dénombrements à la chambre des comptes de Rouen ; il s’agit actuellement d’obtenir la mainlevée de ces dénombrements, et, pour y parvenir, il faut faire, dit-on, information sur les lieux. C’est apparemment le droit de la chambre des comptes. Elle députe un ou deux commissaires, à ce qu’on dit, pour aller faire semblant de voir si l’on a accusé juste, et se faire payer grassement de leur voyage inutile. Or, on prétend qu’il n’est ni malaisé ni hors d’usage d’obtenir la mainlevée, sans avoir à payer les frais de cette surérogatoire information. Le père de M. du Châtelet obtint pareil arrêt pour les mêmes terres. Voyez, pouvez-vous parler, faire parler, faire écrire à quelqu’un de la chambre des comptes, et nous dire ce qu’il faut faire pour obtenir cet arrêt de dispense ?

 

Adieu, mon aimable ami ; vous êtes fait pour plaire et pour rendre service.

 

 

1 – Voyez la lettre du 5 mai. (G.A.)

 

2 – Voyez la Correspondance avec le roi de Prusse. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. Berger

Bruxelles, le 29 Juin. 1740.

 

         Je ne souhaite point du tout, monsieur, que M. Rameau travaille vite ; je désire, au contraire, qu’il prenne tout le temps nécessaire pour faire un ouvrage qui mette le comble à sa réputation. Je ne doute pas qu’il n’ait montré mon poème (1) dans la maison de M. de la Popelinière, et qu’il n’en rapporte des idées désavantageuses. Je sais que je n’ai jamais eu l’honneur de plaire à M. de La Popelinière, et qu’il pense sur la poésie tout différemment de moi. Je ne blâme point son goût, mais j’ai le malheur qu’il condamne le mien. Si vous en voulez une preuve, la voici. M. Thieriot m’envoya, il y a quelques années (2), des corrections qu’on avait faites, dans cette maison, à mon Epître sur la Modération. J’avais dit :

 

Pourquoi l’aspic affreux, le tigre, la panthère,

N’ont jamais adouci leur cruel caractère,

Et que, reconnaissant la main qui le nourrit,

Le chien meurt en léchant le maître qu’il chérit.

 

         On voulait :

 

Le chien lèche, en criant, le maître qui le bat.

 

         Les autres vers étaient corrigés dans ce goût. Cela me fait craindre qu’une manière de penser si différente de la mienne, jointe à peu de bonne volonté pour moi, ne dégoûte beaucoup M. Rameau. On m’assure qu’un homme (3) qui demeure chez M. de La Popelinière, et à l’amitié duquel j’avais droit, a mieux aimé se ranger du nombre de mes ennemis que de me conserver une amitié qui lui devenait inutile. Je ne crois point ce bruit. Je ne me plains ni de M. de La Popelinière ni de personne, mais je vous expose seulement mes doutes, afin que vous fassiez sentir au musicien qu’il ne doit pas tout à fait s’en rapporter à des personnes qui ne peuvent m’être favorables. Au reste, je compte faire des changements au cinquième acte, et je pense qu’il n’y a que ce qu’on appelle des coupures à exiger dans les premiers.

 

         Il y a une affaire qui me tient plus au cœur, c’est celle dont vous me parlez. Vous ne me mandez point si M. votre frère est à Paris ou à Lyon, s’il fait commerce, ou s’il est chargé d’autres affaires. J’espère que je verrai S. M. le roi de Prusse vers la fin de l’automne, dans les pays méridionaux de ses Etats, en cas que madame la marquise du Châtelet puisse faire le voyage. C’est là que je pourrais vous être utile, et c’est ce qui redouble mon envie d’admirer de plus près un prince né pour faire du bien.

 

 

1 – Pandore. (G.A.)

 

2 – Voyez la lettre du 1er Décembre 1738. (G.A.)

 

3 – Thieriot. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. de Maupertuis

 

Bruxelles, 29 Juin.

 

         M. s’Gravesande, mon cher monsieur, voudrait bien savoir s’il est vrai que vous avez reconnu une assez grande erreur dans la détermination des hauteurs du pôle qui ont servi de fondement aux calculs de la méridienne de MM. de Cassini. Vous me feriez un sensible plaisir si vous vouliez m’envoyer sur cela un petit détail, tant pour mon instruction que pour satisfaire la curiosité de M. s’Gravesande.

 

         Il court des nouvelles bien tristes du Pérou ; il vaudrait mieux que les mines du Potose fussent perdues que d’avoir seulement la crainte de perdre des gens (1) qui ont été chercher la vérité dans le pays de l’or. Je ne crois pas qu’on ait besoin d’eux pour savoir comment la terre est faite ; mais ils ont grand besoin de revenir.

 

         Est-il vrai que les Mémoires de M. Duguay (2) sont rédigés par vous ? Paraissent-ils ? C’était un homme comme vous, unique en son genre. Mon genre à moi est d’être le très humble serviteur du vôtre, et de vous être attaché pour jamais.

 

 

1 – Godin, Bouguer et La Condamine. Le vice-roi les retenait pour qu’ils donnassent des leçons de mathématiques à Lima. La Condamine ne revint qu’en 1745, et Godin qu’en 1751. (G.A.)

 

2 – De Duguay-Trouin, compatriote de Maupertuis. (G.A.)

 

 

 

 

 

à Madame de Champbonin

De Bruxelles,… juin (1).

 

         Si je n’espérais pas vous revoir encore à Cirey, je serais inconsolable. J’ignore à présent dans quelle gouttière vous portez votre bon cœur et vos pattes de velours. Etes-vous toujours à Champbonin ? à la Neuville ? Nous nous sommes vus comme un éclair. Tout passe bien vite dans ce monde, mais rien n’a passé si rapidement que notre entrevue. Nous vivons à Bruxelles comme à Cirey. Nous voyons peu de monde, nous étudions le jour, nous soupons gaiement ; nous prenons notre café au lait le lendemain d’un bon souper. Je suis malade quelquefois, mais très content de mon sort, et ne trouvant que vous qui me manque. Que cette lettre et ces mêmes sentiments soient aussi pour M. votre fils, à qui je fais mille tendres compliments. Adieu, gros chat ; je baise vos pattes.

 

 

1 – Les éditeurs de cette lettre, de Cayrol et A. François, l’ont mise à l’année 1739. Nous la croyons plutôt de 1740, et peut-être bien d’un autre mois que juin, par exemple janvier. (G.A.)

 

 

 

 

à M. de Maupertuis

Bruxelles, le 1er Juillet.

 

         Le roi de Prusse me mande qu’il a fait acquisition de vous, monsieur, et de MM. Wolff et Euler. Cela veut-il dire que vous allez à Berlin, ou que vous dirigerez, de Paris, les travaux académiques de la société que le plus aimable de tous les rois, le plus digne du trône, et le plus digne de vous, veut établir ? Je vous prie de me mander quelles sont vos idées, et de croire que vous ne pouvez les communiquer à un homme qui soit plus votre admirateur et votre ami. Ayez la bonté aussi de me répondre sur les articles de ma dernière lettre (1). Le roi de Prusse voudrait aussi avoir M. s’Gravesande. Je crois qu’il fera cette conquête plus aisément que la vôtre (2).

 

         M. de Camas, adjudant général du roi de Prusse, et homme plus instruit qu'un adjudant ne l’est d’ordinaire, vient à Paris voir le roi et vous. Je m’imagine qu’il vous enlèvera s’il peut ; vous voyez que le destin du père et du fils est d’avoir les grands hommes (3).

 

         Comptez pour jamais sur la tendre et sincère amitié de V.

 

 

1 – Lettre du 29 Juin. (G.A.)

 

2 – C’est, au contraire, S’Gravesande  qui refusa d’aller à Berlin. (G.A.)

 

3 – Le père de Frédéric faisait enlever les hommes de haute taille jusque dans Londres. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. Van Duren

A Bruxelles, ce 3 Juillet au soir ; la poste par le 4.

 

         Je vous accuse, monsieur, la réception des dix exemplaires de mes ouvrages qui me sont parvenus (1).

 

         Je suis fort inquiet de ne point recevoir de vos nouvelles. Vous avez dû recevoir, par la poste, une lettre d’avis et deux paquets qui contiennent le reste de l’Anti-Machiavel. J’espérais que non seulement je serais instruit aujourd’hui de leur réception, mais que je pourrais encore avoir la première feuille ou demi-feuille de votre ouvrage.

 

         La Préface est toute prête ; je n’attends qu’un consentement nécessaire pour vous l’envoyer. Je vous conseille de travailler avec la plus extrême diligence, si vous prétendez fournir une bibliothèque qui doit être l’une des plus belles de l’Europe.

 

 

1 – Van Duren lui en demanda plus tard le paiement à Francfort, sans tenir compte du présent qu’on lui avait fait de l’Anti-Machiavel. Voltaire le paya d’un soufflet. (G.A.)

 

 

 

 

à M. le marquis d’Argenson

A Bruxelles, ce 6 Juillet.

 

 

         Il n’est pas juste, monsieur, que je laisse partir le digne envoyé de Marc-Aurèle (1), sans saisir cette occasion de dire encore combien je suis enchanté qu’il y ait un tel roi sur la terre, et sans le dire à vous, monsieur, qui étiez né pour être son premier ministre. Je crois que M. de Camas en aimera mieux la France, quand il vous aura vu. Vous savez si je lui porte envie. Vous êtes souvent l’objet de mes regrets, et vous le serez toujours de mon tendre et respectueux attachement.

 

 

1 – De Camas, ambassadeur de Frédéric II à la cour de France. (G.A.)

 

 

 

 

à Mademoiselle Quinault

3 Juillet.

 

         [Voltaire accuse réception de sa lettre du 29 Juin. Il avoue que la cabale la plus forte contre Zulime était les quatrième et cinquième actes. Il partage l’avis de M. de Pont de Veyle, que la mort du père de Zulime affaiblit l’intérêt ; leçon nouvelle à cet égard qu’il fallait suivre. Il donne un plan nouveau pour Mahomet qu’il lui communique, et parle d’un paquet, contenant un exemplaire de ses Œuvres, qu’Helvétius a dû lui faire passer.]

 

 

 

CORRESPONDANCE 1740 - Partie 6

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