CORRESPONDANCE - Année 1733 - Partie 1
Photo de KHALAH
à Monsieur de Cideville
Dimanche 4 Janvier 1733
Ma santé est pire que jamais. J’ai peur d’être réduit, ce qui serait pour moi une disgrâce horrible, à ne plus travailler. Je suis dans un état qui me permet à peine d’écrire une lettre. Les vôtres m’ont charmé, mon cher Cideville ; elles font toujours ma consolation, quand je souffre, et augmentent mes plaisirs, quand j’en ai. Je n’écrirai point cette fois-ci à notre aimable Formont, par la raison que je n’en ai pas la force. Je lui aurai déjà envoyé les Lettres anglaises ; mais voici ce qui me tient : M. l’abbé de Rothelin m’a flatté qu’en adoucissant certains traits, je pourrais obtenir une permission tacite ; et je ne sais si je prendrai le parti de gâter mon ouvrage pour avoir une approbation.
Il a fallu que je changeasse l’Epître dédicatoire de Zaïre, qui aurait paru tout uniment et sans contradiction, sans le malentendu entre M. votre premier président et M. Rouillé. Heureusement toute cette petite noise est entière apaisée. J’ai sacrifié mon Epître, et j’en fais une autre.
Vous n’êtes pas le seul qui corrigez vos vers, en voici trois que j’ai cru devoir changer dans le premier acte de Zaïre. Je vous soumets cette rognure, comme tout le reste de l’ouvrage.
Il me semble que tout ce qui sert à préparer la conversion de Zaïre est nécessaire, et qu’ainsi ces vers doivent être préférés à ceux qui étaient en cet endroit.
Adieu, il ne se fait plus de bons vers qu’à Rouen. Les lettres que vous m’écrivez en sont farcies. M. de Formont a envoyé une petite épître à Mme de Fontaine-Martel qui aurait fait honneur à Sarrasin et à l’abbé de Chaulieu. Adieu ; la plume me tombe des mains.
à Monsieur Josse (1)
A Paris, le 6 Janvier (2)
Quoique je n’aie jamais reçu un sou des souscriptions de la Henriade (3), quoique tous ceux qui ont envoyé en Angleterre aient reçu le livre, quoique jamais aucune souscription ne m’ait appartenu, cependant, depuis que je suis en France, j’ai toujours payé de mes deniers les souscriptions qu’on a présentées ; et j’ai, outre cela, fait donner gratis, toutes les éditions de la Henriade aux souscripteurs. Il est vrai, Monsieur, que le temps fixé pour ce remboursement est passé, il y a deux mois ; mais M. de Laporte, porteur de deux souscriptions, mérite une considération particulière. Je vous prie de lui rembourser ce papier, et de lui faire présent d’une Henriade de ma part.
1 – Libraire
2 – Cette lettre prouve qu’au commencement même de sa carrière littéraire, M. de Voltaire n’avait point cette avidité que ses ennemis lui ont tant de fois et si injustement reprochée. Il est d’ailleurs très bien prouvé que nul auteur n’a moins tire parti de ses ouvrages pour s’enrichir ; il les a presque toujours donnés, soit aux libraires ou aux comédiens, soit aux jeunes gens de lettres qu’il voulait encourager.
3 – Thieriot s’en était approprié quatre-vingt à cent.
à Monsieur de Formont
Ce 27 Janvier
Les confitures que vous aviez envoyées à la baronne (1), mon cher Formont, seront mangées probablement par sa jansénite de fille, qui a l’estomac dévot, et qui héritera au moins des confitures de sa mère, à moins qu’elles ne soient substituées, comme tout le reste, à Mademoiselle de Clère. Je devais une réponse à la charmante épître dont vous accompagnâtes votre présent ; mais la maladie de notre baronne suspendit toutes nos rimes redoublées. Je ne croyais pas, il y a huit jours, que les premiers vers qu’il faudrait faire pour elle seraient son épitaphe. Je ne conçois pas comment j’ai résisté à tous les fardeaux qui m’ont accablés depuis quinze jours. On me saisissait Zaïre d’un côté, la baronne se mourrait de l'autre ; il fallait aller solliciter le garde des Sceaux et chercher le viatique. Je gardais la malade, pendant la nuit, et j’étais occupé du détail de la maison, tout le jour. Figurez-vous que ce fut moi qui annonçait à la pauvre femme qu’il fallait partir. Elle ne voulait point entendre parler des cérémonies du départ ; mais j’étais obligé d’honneur à la faire mourir dans les règles. Je lui amenai un prêtre moitié janséniste, moitié politique, qui fit semblant de la confesser, et vint ensuite lui donner le reste. Quand ce comédien de Saint-Eustache lui demanda tout haut si elle n’était pas bien persuadée que son Dieu, son créateur, était dans l’eucharistie, elle répondit, Ah, Oui ! d’un ton qui m’eût fait pouffer de rire, dans des circonstances moins lugubres.
Adieu ; je vais être trois mois entiers tout à ma tragédie (2), après quoi je veux consacrer le reste de ma vie à des amis comme vous. Adieu ; je vous aime autant que je vous estime.
1 – Madame de Fontaine-Martel
2 – Adélaïde du Guesclin
à Monsieur de Cideville
Ce 27 Janvier
J’ai perdu, comme vous savez peut-être, mon cher ami, Madame de Fontaine-Martel ; c’est à dire que j’ai perdu une bonne maison dont j’étais le maître et quarante mille livres de rente qu’on dépensait à me divertir.
Que direz-vous de moi qui ai été son directeur à ce vilain moment, et qui l’ai fait mourir dans toutes les règles ? Je vous épargne tout ce détail dont j’ai ennuyé M. de Formont ; je ne veux vous parler que de mes consolations, à la tête desquelles vous êtes. Il n’y a point de perte qui ne soit adoucie par votre amitié. J’ai vu, tous ces jours-ci, bien des gens qui m’ont parlé de vous. Savez-vous bien qu’il n’y a pas quinze jours que nous représentâmes Zaïre chez madame de Fontaine-Martel, en présence de votre amie madame de La Rivaudaie ? Je jouais le rôle du vieux Lusigan, et je tirai des larmes de ses beaux yeux, que je trouvai plus brillants et plus animés quand elle me parla de vous. Qui aurait cru qu’il faudrait, quinze jours après, quitter cette maison, où tous les jours étaient des amusements et des fêtes ? J’y vis hier un homme de votre connaissance, qui n’est pas tout à fait si séduisant que Madame de La Rivaudaie, et qui veut pourtant me séduire ; c’est monsieur le Marquis (1), qui prétend n’être pas encore cocu, qui aura au moins cinquante mille livres de rente, et qui ne croit pourtant pas que la Providence l’ait encore traité selon ses mérites. Il aurait bien dû employer les agréments et les insinuations de son esprit à rétablir la paix entre Gilles Maignard (2) et la pauvre présidente de Bernières.
Je suis charmé pour elle que vous vouliez bien la voir quelquefois. S’il y a quelqu’un dans le monde capable de la porter à des résolutions raisonnables, c’est vous. Ne vaudrait-il pas mieux pour elle qu’elle continuât à manger quarante ou cinquante mille livres de rente, avec son mari, que d’aller vivre, avec deux mille écus, dans un couvent ? Si elle voulait, en attendant que le temps apaise toutes ces brouilleries, demeurer à la Rivière-Bourdet, je lui promettrais d’aller l’y voir, et d’y achever ma nouvelle tragédie. Quel plaisir ce serait pour moi, mon cher Cideville, de travailler sous vos yeux ! car je me flatte que vous viendriez à la Rivière, avec M. de Formont. Je me fais de tout cela une idée bien consolante. Tachez d’induire madame de Vernières à prendre ce parti. Dites-lui, je vous en prie, qu’elle m’écrive, que je lui serai toujours attaché, et que, si elle a quelques ordres à me donner, je les exécuterai avec la fidélité et l’exactitude d’un vieil ami. Adieu ; je vous embrasse tendrement.
1 – De Lezeau
2 – Le Président de Bernières
à Monsieur Thieriot
A Londres
Paris, 21 Février
Voulez-vous savoir, mon cher Thieriot, tout ce qui m’a empêché de vous écrire, depuis si longtemps ? Premièrement, c’est que je vous aime de tout mon cœur, et que je suis si sûr que vous m’aimez de même, que j’ai cru inutile de vous le répéter ; en second lieu, c’est que j’ai fait, corrigé, et donné au public Zaïre ; que j’ai commencé une nouvelle tragédie, dont il y a trois actes de faits ; que je viens de finir le Temple du Goût, ouvrage assez long et encore plus difficile ; enfin, que j’ai passé deux mois à m’ennuyer avec Descartes, et à me casser la tête avec Newton, pour achever les Lettres que vous savez. En un mot, je travaillais pour vous, au lieu de vous écrire, et c’était à vous à me soulager un peu dans mon travail, par vos lettres. C’est une consolation que vous me devez, mon cher ami, et qu’il faut que vous me donniez souvent.
Vous avez dû recevoir, par monsieur votre frère, un paquet contenant quelques Zaïres adressées à vos amis de Londres ; je vous prie surtout de vouloir bien commencer par faire rendre celle qui est pour M. Falkener : il est juste que celui à qui la pièce est dédiée en ait les prémices, au moins à Londres, car la pièce est déjà vendue à Paris. On a été assez surpris ici que j’aie dédié mon ouvrage à un marchand et à un étranger ; mais ceux qui en ont été étonnés ne méritent pas qu’on leur dédie jamais rien. Ce qui me fâche le plus, c’est que la véritable Epître Dédicatoire a été supprimée par M. Rouillé, à cause de deux ou trois vérités qui ont déplu, uniquement parce qu’elles étaient vérités. L’épître qui est aujourd’hui au-devant de Zaïre n’est donc pas la véritable (1). Mais ce qui vous paraîtra assez plaisant et très digne d’un poète, et surtout de moi, c’est que dans cette véritable épître, je promettais de ne plus faire de tragédies, et que le jour même qu’elle fut imprimée, je commençai une pièce nouvelle.
L’ordre des choses demande, ce me semble, que je vous dise ce que c’est que cette pièce à laquelle je travaille à présent. C’est un sujet tout français, et tout de mon invention, où j’ai fourré le plus que j’ai pu d’amour, de jalousie, de fureur, de bienséance, de probité, et de grandeur d’âme. J’ai imaginé un sire de Couci, qui est un très digne homme, comme on n’en voit guère à la cour ; un très loyal chevalier, comme qui dirait le chevalier d’Aidie, ou le chevalier de Froulay (2).
Il faudrait à présent vous rendre compte de Gustave Wasa (3) ; mais je ne l’ai point vu encore. Je sais seulement que tous les gens d’esprit m’en ont dit beaucoup de mal, et que quelques sots prétendent que j’ai fait une grande cabale contre. M. de Maupertuis dit que ce n’est pas la représentation d’un événement en vingt-quatre heures, mais de vingt-quatre événements en une heure. Boindin dit que c’est l’histoire des révolutions de Suède, revue et augmentée. On convient que c’est une pièce follement conduite et sottement écrite. Cela n’a pas empêché qu’on ne l’ait mise au-dessus d’Athalie, à la première représentation ; mais on dit qu’à la seconde, on l’a mise à côté de Callisthène (4).
Venons maintenant à nos Lettres. Monsieur votre frère se pressa un peu de vous les envoyer ; mais depuis, il vous a fait tenir les corrections nécessaires. Je me croirai, mon cher Thieriot, bien payé de toutes mes peines, si cet ouvrage peut me donner l’estime des honnêtes gens et à vous leur argent. Rien n’est si doux que de pouvoir faire, en même temps, sa réputation et la fortune de son ami. Je vous prie de dire à Milord Bolingbrote, à milord Bathurst, etc., combien je suis flatté de leur approbation. Ménagez leur crédit pour l’intérêt de cet ouvrage et pour le vôtre. Le plaisir que les Lettres vous ont fait m’en donne à moi un bien grand. Que votre amitié ne vous alarme pas sur l’impression de cet ouvrage. En Angleterre, on parle de notre gouvernement comme nous parlons en France, de celui des Turcs.
Les Anglais pensent qu’on met à la Bastille la moitié de la nation Française, qu’on met le reste à la besace, et tous les auteurs un peu hardis au pilori. Cela n’est pas tout à fait vrai ; du moins je crois n’avoir rien à craindre. M. l’abbé de Rothelin qui m’aime, que j’ai consulté, et qui est assurément aussi difficile qu’un autre, m’a dit qu’il donnerait, même dans ce temps-ci, son approbation à toutes les Lettres, excepté seulement celle sur M. Locke ; et je vous avoue que je ne comprends pas cette exception : mais les théologiens en savent plus que moi, et il faut les croire sur leur parole.
Je ne me rétracte pas sur nos seigneurs les évêques ; s’ils ont leurs voix au parlement, aussi ont nos pairs. Il y a bien de la différence entre avoir sa voix et du crédit. Je croirai de plus, toute ma vie, que Saint Pierre et Saint Jacques n’ont jamais été comtes et barons.
Vous me dites que le docteur Clarke n’a pas été soupçonné de vouloir faire une nouvelle secte. Il en a été convaincu, et la secte subsiste, quoique le troupeau soit petit. Le docteur Clarke ne chantait jamais le Crédo d’Athanase.
J’ai vu dans quelques écrivains que le chancelier Bacon confessa tout, qu’il avoua même qu’il avait reçu une bourse des mains d’une femme ; mais j’aime mieux rapporter le bon mot de milord Bolingbroke, que de circonstancier l’infamie du chancelier Bacon.
« Farewell ; I have forgot this way to speak english with you ; but, whatever be my language, mu heart is yours for ever (5) . »
1 – Voyez, tome III, cette épître avec les variantes.
2 – Le premier fut aimé de mademoiselle Aïssé, le second fut ambassadeur de France à Berlin.
3 – Tragédie de Piron.
4 – Autre tragédie de Piron.
5 – « Adieu ; j’ai oublié ici de vous parler anglais ; mais quel que soit mon langage, mon cœur est à vous pour toujours. »
à Monsieur de Cideville
A Paris, 25 Février
Pourquoi faut-il que je sois si indigne de vos charmantes agaceries ? pourquoi ai-je perdu tant de temps sans vous écrire ? pourquoi ne réponds-je qu’en prose à vos aimables vers ? Que de reproches je me fais, mon cher ami ! Mais aussi il faut un peu se justifier. Je passe la moitié de ma vie à souffrir, et l’autre à travailler pour vous. Croiriez-vous bien que cette petite chapelle du Goût, que je vous ai envoyée bâtie de boue et de crachat, est devenue petit à petit un Temple immense ? J’en ai travaillé avec assez de soin les moindres ornements, et je crois que vous trouverez cet ouvrage plus limé et plus fini que tout ce que j’ai fait jusqu’à présent.
Cependant j’ai poussé ma pièce nouvelle jusqu’au commencement du quatrième acte, et il faut suspendre souvent ses occupations poétiques pour corriger dans les Lettres anglaises, quelques calculs et quelques dates, ou pour faire l’inventaire de notre baronne, ou pour souffrir et ne rien faire. Je resterai chez feu la baronne jusqu’à Pâques. Ah ! si je pouvais me réfugier, au printemps, dans votre Normandie, et venir philosopher avec vous et notre ami Formont. Mais je ne sais encore si Jore imprimera ces Lettres Anglaises ; et même, s’il les imprimait, il ne faudrait pas que je fusse à Rouen, où je donnerais trop de soupçon aux inquisiteurs de la librairie. Mais, si je pouvais faire imprimer cet ouvrage à Paris, et vous l’apporte à Rouen, ce serait se tirer d’affaire à merveille. Si l’on pouvait encore aller passer quelque temps à la Rivière-Bourdet, et venir parler d’Horace et de Locke, pendant que M. le marquis jouerait du violon, et que Gilles et sa benoîte épouse se querelleraient ! Qu’en dites-vous ? car, entre nous, je crois que la présidente restera dans son château, et je ne pense pas que la foule y soit. Nous y serions en liberté, à ce que je m’imagine ; vous me rendriez ce séjour délicieux, et j’oublierais pour vous le maître de la maison.
Jore est ici qui débite son abbé de Chaulieu, que j’ai mis dans le Temple du Goût comme le premier des poètes négligés, mais non pas comme le premier des bons poètes. On joue encore Gustave Wasa ; mais tous les connaisseurs m’en ont dit tant de mal, que je n’ai pas eu la curiosité de le voir. Destouches a fait une comédie héroïque ; c’est l’Ambitieux : La scène est en Espagne. On dit que cela n’est ni gai ni vif ; et comme dit fort bien feu Legrand, de polissonne mémoire :
Le comique, écrit noblement
Fait bailler ordinairement
Ce Destouches-là est assurément de tous les comiques le moins comique ; cela sera joué l’hiver prochain. ? Le paresseux de De Laurai paraîtra après Pâques ; et dans le même temps, le Chevalier de Brassac ornera l’Opéra de son petit ballet. Voilà toutes les nouvelles du Parnasse, auxquelles je m’intéresse plus qu’à la mort du roi Auguste.
à Monsieur de Cideville
Ce mardi, 17 mars
Formont est arrivé, sed sine te ; il a vu Gustave Wasa avant de me voir ; je crois cependant qu’à la longue je lui donnerai plus de satisfaction. Je viens de faire partir par le coche de Rouen, mon cher ami, un petit paquet de toile cirée contenant deux exemplaires du Temple du Goût, ouvrage bien différent de la petite esquisse que je vous envoyai, il y a quelques mois. Je ne vous écris que bien rarement, mon cher Cideville ; mais si vous saviez à quel point je suis malade, ce qu’il m’en coûte pour écrire, et combien les poètes tragiques sont paresseux, vous m’excuseriez.
Je peux faire une scène de tragédie dans mon lit, parce que cela se fait sans se baisser sur une table, et sans que le corps y ait part ; mais, quand il faut mettre la main à la plume, la seule posture que cela demande me fait mal. Je suis à présent dans l’état du monde le plus cruel ; mais le plaisir d’être aimé de vous me console. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adieu, mon aimable Cideville ; si j’obéissais à mon cœur, je vous écrirais des volumes ; mais je suis esclave de mon corps, et je finis pour souffrir et pour enrager. Mandez-moi ce qu’est devenue la présidente de Bernières.
J’ai été si malade, que je n’ai pu faire encore que quatre actes de ma nouvelle tragédie.
à Monsieur de Cideville
Ce mercredi, 25 mars
Au nom de Dieu, mon cher Cideville, empêchez que Jore ne parte avec son Temple. Je ne peux vous envoyer encore, aujourd’hui, les changements qui sont en grand nombre, qui sont considérables et nécessaires. On clabaude ici ; on crie, on critique. Il faut apaiser les plaintes, il faut imposer silence à la censure. Je travaille jour et nuit. Il est essentiel pour moi qu’une seconde édition paraisse, purgée des fautes de la première, et pleine de beautés nouvelles. Je viens de montrer cinquante vers nouveaux à Formont ; je lui ai dit d’être sévère, et il est content. Je vais travailler encore, rimer, raturer, corriger et mettre au net. Modérez l’impatient de Jore, et qu’il me laisse le temps d’avoir du génie.