COMMENTAIRE SUR LE LIVRE DES DELITS ET DES PEINES - Des supplices
Photo de PAPAPOUSS
COMMENTAIRE
SUR LE LIVRE DES DÉLITS ET DES PEINES.
_________
II. – DES SUPPLICES.
Ce malheur et cette loi si dure, dont j’ai été sensiblement frappé, m’ont fait jeter les yeux sur le code criminel des nations. L’auteur humain Des délits et des peines n’a que trop raison de se plaindre que la punition soit trop souvent au-dessus du crime, et quelquefois pernicieuse à l’Etat, dont elle doit faire l’avantage.
Les supplices recherchés dans lesquels on voit que l’esprit humain s’est épuisé à rendre la mort affreuse semblent plutôt inventés par la tyrannie que par la justice.
Le supplice de la roue fut introduit en Allemagne dans les temps d’anarchie, où ceux qui s’emparaient des droits régaliens, voulaient épouvanter, par l’appareil d’un tourment inouï, quiconque oserait attenter contre eux. En Angleterre on ouvrait le ventre d’un homme atteint de haute trahison, on lui arrachait le cœur, on lui en battait les joues, et le cœur était jeté dans les flammes. Mais quel était souvent ce crime de haute trahison ? c’était, dans les guerres civiles, d’avoir été fidèle à un roi malheureux, et quelquefois de s’être expliqué sur le droit douteux du vainqueur. Enfin les mœurs s’adoucirent ; il est vrai qu’on a continué d’arracher le cœur, mais c’est toujours après la mort du condamné (1). L’appareil est affreux, mais la mort est douce si elle peut l’être.
1 – C’est ainsi qu’en Angleterre on arracha le cœur et même les parties génitales aux partisans de Charles-Edouard en 1746. Voyez le chapitre XXV du Précis du Siècle de Louis XV. (G.A.)