STANCE : A l'occasion de la prise de Choczim
A L’IMPERATRICE DE RUSSIE CATHERINE II,
A L’OCCASION DE LA PRISE DE CHOCZIM
PAR LES RUSSES EN 1769 (1)
Fuyez, vizirs, bachas, spahis, et janissaires :
Si le nonce du pape, allié du mufti,
Se damnait en armant vos troupes sanguinaires,
Catherine a vaincu, le nonce est converti.
Il doit l’être du moins ; il doit sans doute apprendre
A ne plus réunir la mitre et le turban.
Malheureux Polonais, le fer de l’Ottoman
Mettait donc par vos mains la république en cendre !
De vos vrais intérêts devenez plus jaloux.
Rome et Constantinople ont été trop fatales :
Il est temps de finir ces horribles scandales ;
Vous serez désormais fortunés malgré vous.
Bientôt de Gallitzin la vigilante audace
Ira dans son sérail éveiller Moustapha,
Mollement assoupi sur son large sofa,
Au lieu même où naquit le fier dieu de la Thrace.
O Minerve du Nord ! ô toi, sœur d’Apollon !
Tu vengeras la Grèce en chassant ces infâmes,
Ces ennemis des arts, et ces geôliers des femmes.
Je pars, je vais t’attendre aux champs de Marathon.
1 – Voyez la Correspondance avec Catherine II à cette époque. (G.A.)