LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 152
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LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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NOUVEAU TESTAMENT.
D'HÉRODE.
(Partie 152)
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SOMMAIRE HISTORIQUE
DES QUATRE ÉVANGILES
XX. - Ο Ιησούς είπε: Αν θέλω αυτό να μείνει μέχρι να έρθω, τι σε νοιάζει;
"Jésus dit : Si je veux que celui-ci reste jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ?" (Jean, chapitre XXI, v. 22.)
C'est ce que dit Jésus à saint Pierre après sa résurrection, quand Pierre lui demanda ce que deviendra Jean. On crut que ces mots, jusqu'à ce que je vienne, signifiaient le second avènement étant différé, on crut que saint Jean vivrait jusqu'à la fin du monde, et qu'il paraîtrait avec Enoch et Elie pour servir d'assesseurs au jugement dernier, et pour condamner l'antéchrist juridiquement.
Le profond Calmet a trouvé la raison de cette immortalité de saint Jean, et de son assistance au procès qu'on fera à l'antéchrist quand le monde finira. Voici ses propres mots dans sa Dissertation sur cet Évangile :
"Il semble qu'il manquerait quelque chose dans la guerre que le Seigneur doit faire à l'ennemi de son fils, s'il ne lui opposait qu'Enoch et Elie. Il ne suffit pas qu'il y ait un prophète d'avant la loi, et un prophète qui ait vécu sous la loi; il en faut un troisième qui ait été sous l'Évangile."
Ainsi, selon ce commentateur, le monde sera jugé par cinq juges, Dieu le père, Dieu le fils, Enoch, Elie, et Jean.
De là il conclut que Jean n'est point mort ; et voici les preuves qu'il en rapporte.
"Si Jean était mort, on nous dirait le temps, le genre, les circonstances de sa mort. On montrerait ses reliques ; on saurait le lieu de son tombeau. Or tout cela est inconnu. Il faut donc qu'il soit encore en vie. En effet on assure que, se voyant fort avancé en âge, il se fit ouvrir un tombeau où il entra tout vivant ; et ayant congédié tous ses disciples, il disparut, et entra dans un lieu inconnu aux hommes(1)".
Cependant Calmet est du sentiment de ceux qui pensent que saint Jean mourut et fut enterré à Ephèse. Mais il y a encore des difficultés sur cette dernière opinion ; car, bien qu'il fût enterré, il ne passa point cependant pour mort. On le voyait remuer deux fois par jour dans sa fosse ; et il s'élevait sur son sépulcre une espèce de farine. Saint Ephrem, saint Jean Damascène, saint Grégoire de Tours, saint Thomas, l'assuraient.
Heureusement, comme nous l'avons dit, ces disputes entre les savants, et même entre les saints, ne touchent point à la morale, qui doit être uniforme d'un bout de la terre à l'autre (2).
On sait quelles interminables disputes se sont élevées entre les interprètes sur presque tous les passages des Évangiles, des Actes des apôtres, et des Épîtres. On a tant creusé cet abîme que les terres remuées sont retombées sur les travailleurs, et en ont écrasé un grand nombre.
A commencer par ce verset qui regarde la destinée de saint Jean, on a soutenu que ce passage même démontrait que ce saint Jean n'avait écrit ni pu écrire son Évangile. Car dans ce passage il est dit sur la fin : "C'est ce même disciple Jean qui atteste ces choses ; et nous savons que son témoignage est vrai ((Chapitre XXI, v. 24.)"
Il est évident que Jean n'a pu parler ainsi de lui-même dans son propre ouvrage (3).
Les contradictions qu'on a cru trouver dans les autres évangélistes ont surtout déterminé les critiques téméraires à rejeter absolument tous ces écrits, qu'ils attribuent à des auteurs pseudonymes, moitié juifs, moitié chrétiens, comme Abdjas, Marcel, Hégésippe et d'autres, qui vivaient sur la fin du premier siècle de l'Église chrétienne.
Nos indomptables critiques, dont nous avons tant parlé, disent qu'ils ne peuvent admettre les Actes des apôtres, puisqu'ils sont contraires aux Évangiles ; et ils disent qu'ils rejettent les Évangiles, puisqu'ils sont contraires à la conduite de Jésus rapportée par eux. Voici comme ils soutiennent leur fatale opinion :
"Jésus, par le récit des Évangiles mêmes, ne baptisa jamais personne ; et cependant ces Évangiles annoncent qu'il faut administrer le baptême juif au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit. Et après que ces Évangiles ont ordonné ce baptême au nom de ces trois personnes, viennent les Actes qui font baptiser au nom de Jésus seul en plusieurs passages.
A qui croire ? A rien, continuent ces examinateurs intraitables. Nous ne savons ni quels furent les auteurs de ces livres ni en quels temps ils furent écrits ; nous savons seulement qu'ils se contredisent tous les uns les autres, et que tous ensemble contredisent la faible raison humaine, seule lumière que Dieu nous donne pour juger.
Il nous paraît seulement vraisemblable que Jésus s'étant fait des adhérents, ayant toujours insulté les phrarisiens et les prêtres, et ayant succombé sous ses ennemis, qui le firent livrer au dernier supplice, ses adhérents s'en vengèrent en criant partout que Dieu l'avait ressuscité. Bientôt après ils se séparèrent entièrement de la secte juive. Ce ne fut plus un schisme, ce fut une secte nouvelle qui combattait toutes les autres. Ils avait l'obstination des Juifs et tout l'enthousiasme des novateurs. Ils se répandirent dans l'empire romain, où toute religion était bien reçue de cent peuples différents. Le christianisme s'établit d'abord parmi les pauvres. C'était une association fondée sur l'égalité primitive entre les hommes, et sur la désappropriation des esséniens et des thérapeutes, qui étaient initiés par les premiers partisans de Jésus.
Mais plus cette société s'étendit, plus elle dégénèra. La nature reprit ses droits Les chrétiens, ne pouvant parvenir aux dignités de l'empire, s'adonnnèrent au commerce, comme font aujourd'hui tous les dissidents de l'Europe. Ils acquirent des trésors, ils en prêtèrent au père de Constantin. On sait le reste. Leurs querelles funestes pour des chimères métaphysiques troublèrent longtemps tout l'empire romain. Enfin cette religion, chassés de l'Orient, où elle était née, se réfugia dans l'Occident qu'elle inonda de son sang et de celui des peuples. Il est resté à ses principaux pontifes la rosée du ciel et la graisse de la terre. Puissent-ils toujours en jouir en paix ! qu'ils aient pitié des malheureux ; que jamais ils n'en fassent ; et que le fondateur de cette sociéte particulière, devenue une religion dominante, ce fondateur juif, né pauvre et mort pauvre, ne puisse pas toujours lui dire : "Ma fille, que tu ressemble mal à ton père !"
F.I.N.
1 - "C'est peut-être, dit Strauss, l'âge avancé qu'atteignit l'apôtre Jean, qui a fait naître cette légende dans l'Asie-Mineure, en faisant croire qu'il vivrait assez longtemps pour voir le retour du Chris." Voyez Nouvelle vie de Jésus, trad. Neffizer et Dolifus, I. II, p. 402. (G.A.)
2 - Les premières éditions de la Bible expliquée se terminaient comme il suit :
"Nous ne prétendons point répéter ici toutes les objections dont la sagacité dangereuse des critiques élève des monceaux, toutes ces contradictions qu'ils prétendent trouver entre les évangélistes, toutes ces interprétations diverses que les Églises opposées les unes aux autres donnent aux mêmes paroles. A Dieu ne plaise que nous fassions un recueil de disputes ! Jésus a dit à toutes les sectes : Aimez Dieu et votre prochain comme vous-même ; car c'est là tout l'homme. Tenons-nous-en là si nous pouvons : ne remplissons point d'amertume la vie de nos frères et la nôtre. Tâchons qu'on n'ait pas à nous reprocher de haïr notre prochain comme nous-même : que la religion ne soit point un signal de guerre, un mot de ralliement ; qu'elle ne soit point escortée de la superstition et du fanatisme ;qu'elle ne marche point armée du glaive, sous prétexte que Dieu fut nommé quelquefois le dieu de la vengance ; qu'elle n'accumule point des honneurs, et des trésors cimentés du sang des malheureux, et que son fondateur, qui a vécu pauvre et qui est mort pauvre, ne lui dise pas : O ma fille, que tu ressembles mal à ton père !"
3 - C'est Évangile ne commença à être connu que dans la dernière moitié du deuxième siècle. Baur l'appelle avec raison le plus spiritualiste et le moins historique de tous les Évangiles. C'est donc l'Évangile romantique ; aussi a-t-il été l'Évangile favori de notre époque. (G.A.)