LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON - Partie 7

Publié le par loveVoltaire

LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON - Partie 7

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LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON.

 

 

 

 

 

(Partie 7)

 

 

 

 

 

 

 

 

      IV. Suite de la réfutation de l'athéisme. - D'autres, comme Architas, supputent que l'univers est le produit des nombres. Oh ! que les chances ont de pouvoir : un coup de dés doit nécessairement amener rafle de modes ; car le seul mouvement de trois dés dans un cornet vous amènera rafle de six, le point de Vénus, très aisément en un quart d'heure. La matière, toujours en mouvement dans toute l'éternité, doit donc amener toutes les combinaisons possibles. Ce monde est une de ces combinaisons, dont elle avait autant de droit à l'existence que toutes les autres ; donc elle devait arriver ; donc il est impossible qu'elle n'arrivât pas, toutes les autres combinaisons ayant été épuisées ; donc à chaque coup de dés il y avait l'unité à parier contre l'infini, que cet univers serait formé tel qu'il est.

 

      Je laisse Architas jouer un jeu aussi désavantageux ; et puisqu'il y a toujours l'infini contre un à parier contre lui, je le fais interdire par le prêteur, de peur qu'il ne se ruine. Mais avant de lui ôter la jouissance de son bien, je lui demande comment, chaque instant, le mouvement de son cornet qui roule toujours, ne détruit pas ce monde si ancien, et n'en forme pas un nouveau (1).

 

      Vous riez de toutes ces folies, sage Cicéron, et vous en riez avec indulgence. Vous laissez tous ces enfants souffler en l'air sur leurs bouteilles de savon ; leurs vains amusements ne seront jamais dangereux. Un an des guerres civiles de César et de Pompée a fait plus de mal à la terre que n'en pourraient faire tous les athées ensemble pendant toute l'éternité.

 

 

 

 

 

1 - Cet argument perd toute sa force si l'on suppose que les lois du mouvement sont nécessaires. Dans cette opinion, un coup de dés une fois supposé, tous les autres en sont la suite ; et il s'agit de savoir si entre tous les premiers coups de dés possibles, ceux qui donnent une combinaison d'où résulte un ordre apparent, ne sont pas en plus grand nombre que les autres, si cet ordre apparent n'est pas même une conséquence infaillible de l'existence de lois nécessaires. On croit inutile d'avertir que, par premier coup de dés, on entend la combinaison qui existe à un instant donné, et par laquelle les deux suites infinies de combinaisons dans le passé et dans l'avenir sont également déterminées. (K.)

 

 

 

 

 

 

 

 

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