LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON - Partie 12

Publié le par loveVoltaire

LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON - Partie 12

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LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON.

 

 

 

 

 

(Partie 12)

 

 

 

 

 

 

 

      IX. Des deux principes, et de quelques autres fables. - Les Perses, pour expliquer l'origine du mal, imaginèrent, il y a quelque neuf mille ans, que Dieu, qu'ils appellent Oromase ou Orosmade, s'était complu à former un être puissant et méchant, qu'ils nomment, je crois, Arimane, pour lui servir d'antagoniste ; et que le bon Oromase, qui nous protège, combat sans cesse Arimane le malin qui nous persécute. C'est ainsi que j'ai vu un de mes centurions qui se battait tous les matins contre son singe pour se tenir en haleine.

 

      D'autres Perses, et c'est, dit-on, le plus grand nombre, croient le tyran Arimane aussi ancien que le bon prince Orosmade. Ils disent qu'ils cassent les œufs que le favorable Orosmade pond sans cesse, et qu'il y fait entrer le mal ; qu'il répand les ténèbres partout où l'autre envoie la lumière, les maladies, quand l'autre donne la santé, et qu'il fait toujours marcher la mort à la suite de la vie. Il me semble que je vois deux charlatans en plein marché, dont l'un distribue des poisons, et l'autre des antidotes.

 

      Des mages s'efforceront, s'ils veulent, de trouver de la raison dans cette fable. Pour moi, je n'y aperçois que du ridicule ; je n'aime point à voir Dieu, qui est la raison même, toujours occupé comme un gladiateur à combattre une bête féroce.

 

      Les Indiens ont une fable plus ancienne : trois dieux réunis dans la même volonté . Birma ou Brama, la puissance et la gloire ; Vitsnou ou Bitsnou, la tendresse et la bienfaisance ; Sub ou Siv, la terreur et la destruction, créèrent d'un commun accord des demi-dieux, des debta dans le ciel. Ces demi-dieux se révoltèrent, ils furent précipités dans l'abîme par les trois dieux, ou plutôt par le grand Dieu qui présidait à ces trois. Après des siècles de punition, ils obtinrent de devenir hommes ; et ils apportèrent le mal sur la terre, ce qui obligea Dieu ou les trois dieux de donner sa nouvelle loi du Veidam.

 

      Mais ces coupables, avant de porter le mal sur la terre, l'avaient déjà porté dans le ciel. Et comment Dieu avait-il créé des êtres qui devaient se révolter contre lui ? comment Dieu aurait-il donné une seconde loi dans son Veidam ? sa première était donc mauvaise ?

 

      Ce conte oriental ne prouve rien ; n'explique rien ; il a été adopté par quelques nations asiatiques ; et enfin il a servi de modèle à la guerre des Titans.

 

      Les Égyptiens ont eu leur Osiris et leur Typhon.

 

      Le Jupiter d'Homère avec ses deux tonneaux me fait lever les épaules. Je n'aime point Jupiter cabaretier donnant, comme tous les autres cabaretiers, plus de mauvais vin que de bon. Il ne tenait qu'à lui de faire toujours du falerne.

 

      Le plus beau, le plus agréable de tous les contes inventés pour justifier ou pour accuser la Providence, ou pour s'amuser d'elle, est la boite de Pandore. Ainsi on n'a jamais débité que des fables conquises sur la plus triste des vérités

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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