LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON - Partie 10

Publié le par loveVoltaire

LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON - Partie 10

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LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON.

 

 

 

 

 

(Partie 10)

 

 

 

 

 

 

 

      VII. Si Dieu est infini, et s'il a pu empêcher le mal. - Quelques philosophess me crient : Dieu est éternel, infini, tout-puissant ; il pouvait donc défendre au mal d'entrer dans son édifice admirable.

 

      Prenez garde, mes amis, ; s'il l'a pu, et s'il ne l'a pas fait, vous le déclarez méchant, vous en faites notre persécuteur, notre bourreau, et non pas notre Dieu.

 

      Il est éternel sans doute. Dès qu'il existe quelque être, il existe un être de toute éternité ; sans quoi le néant donnerait l'existence. La nature est éternelle ; l'intelligence qui l'anime est éternelle. Mais d'où savons-nous qu'elle est infinie ? La nature est-elle infinie ? Qu'est-ce que l'infini actuel ? nous ne connaissons que des bornes ; il est vraisemblable que la nature a les siennes ; le vide en est une preuve. Si la nature est limitée, pourquoi l'intelligence suprême ne le serait-elle pas ? pourquoi ce Dieu, qui ne peut être que dans la nature, s'étendrait-il plus loin qu'elle ? Sa puissance est très grande : mais qui nous a dit qu'elle est infinie, quand ses ouvrages nous montrent le contraire ? quans la seule ressource qui nous reste pour le disculper, est d'avouer que son pouvoir n'a pu triompher du mal physique et moral ? Certes, j'aime mieux l'adorer borné que méchant.

 

      Peut-être, dans la vaste machine de la nature, le bien l'a-t-il emporté nécessairement sur le mal, et l'éternel artisan a été forcé dans ses moyens en faisant encore (malgré tant de maux) ce qu'il y avait de mieux.

 

      Peut-être la matière a été rebelle à l'intelligence qui en disposait les ressorts.

 

      Qui sait enfin si le mal qui règne depuis tant de siècles ne produira pas un plus grand bien dans des temps encore plus longs ?

 

      Hélas ! faibles et malheureux humains, vous portez les mêmes chaînes que moi ; vos maux sont réels ; et je ne vous console que par des peut-être.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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