LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 135

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 135

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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NOUVEAU TESTAMENT.

 

 

 

 

 

D'HÉRODE.

 

 

 

 

 

 

(Partie 135)

 

 

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Du temps d'Hérode on disputa beaucoup en Judée sur la religion. C'était la passion d'un peuple oisif soumis aux Romains, et qui jouissait de la paix avec presque tout le reste de l'empire depuis la bataille d'Actium. La philosophie de Platon, tirée en partie des anciens livres égyptiens, avait occupé Alexandrie, ville raisonneuse quoique commerçante, et avait percé, comme nous l'avons dit, jusqu'à Jérusalem.

 

      Il paraît qu'il y eut dans tous les temps, chez les nations un peu policées, des hommes qui s'occupèrent à rechercher au moins des vérités, s'ils ne furent pas assez heureux pour en découvrir. Ils formèrent des écoles, des sociétés, qui subsistèrent au milieu du fracas et des horreurs des guerres étrangères et civiles. On en vit à la Chine, dans les Indes, en Perse, en Égypte, chez les Grecs, chez les Romains, et même chez les Juifs. Parmi toutes ces sectes il y en eut de religieuses, et d'autres purement philosophiques. On connaît assez les trois principales de la Judée, les saducéens, les pharisiens, les esséniens. La secte saducéenne était la plus ancienne. Tous les commentateurs, tous les savants conviennent qu'elle n'admit jamais l'immortalité de l'âme ; par conséquent ni enfer ni paradis chez elle, encore moins de résurrection. C'était en ce point la doctrine d'Epicure. Mais en niant une autre vie, ils voulaient une justice rigoureuse dans celle-ci, et ils joignaient la sévérité stoïque aux dogmes épicuriens.

 

      Ceux qui professeraient hautement parmi nous de tels dogmes, approuvés en Grèce et à Rome , seraient persécutés, condamnés par les tribunaux, suppliciés, mis à mort ; et il y en a des exemples. Comment donc étaient-ils non-seulement tolérés chez le peuple le plus cruellement superstitieux aux pharisiens mêmes, admis aux plus grandes dignités, et souvent élevés à celle de grand'prêtre ? C'est en vertu de cette superstition même dont le peuple juif était possédé. Ils étaient respectés parce qu'on respectait Moïse. Nous avons vu que le Pentateuque ne parle en aucun endroit de récompenses ni de peines après la mort, d'immortalité des âmes, de résurrection. Les saducéens s'en tenaient scrupuleusement à la lettre de Moïse.

 

      Il faut être étrangement absurde, ou d'une mauvaise foi bien intrépide ; il faut se jouer indignement de la crédulité humaine, pour s'efforcer de tordre quelques passages du Pentateuque, et d'en corrompre le sens au point d'y trouver l'immortalité de l'âme et un enfer qui n'y furent jamais. On a osé entendre, ou faire semblant d'entendre par le mot shéol, qui signifie la fosse, le souterrain, un vaste cachot qui ressemblait au Tartare. On a cité ce passage du Deutéronome (Chapitre XXXII), en le tronquant : "Ils m'ont provoqué dans leur vanité ; et moi je les provoquerai dans celui qui n'est pas peuple ; je les irriterai dans la nation insensée. Il s'est allumé un feu dans ma fureur ; et il brûlera jusqu'au fondement de la terre, et il dévorera la terre jusqu'à son germe, et il brûlera la racine des montagnes ; j'assemblerai sur eux les maux, et je remplirai mes flèches sur eux, et ils seront consumés par la faim ; les oiseaux les dévoreront par des morsures amères ; je lâcherai sur eux les dents des bêtes qui se traînent avec fureur sur la terre, et des serpents."

 

      Voilà où l'on a cru trouver l'enfer, le séjour des diables ; on a saisi ces seules paroles. Il s'est allumé un feu dans sa fureur ; et, les détachant du reste, on a inféré que Moïse pouvait bien avoir par là sous-entendu le Phlégéton brûlant, et les flammes du Tartare.

 

      Quand on veut se prévaloir de la décision d'un législateur, il faut que cette décision soit précise et claire. Si l'auteur du Pentateuque avait voulu annoncer que l'âme est une substance immatérielle unie au corps, laquelle ressusciterait avec ce corps, et serait éternellement punie de ses péchés avec ce corps dans les enfers, il eût fallu le dire en propres mots.

 

      Or, aucun auteur juif ne l'a dit avant les pharisiens, et encore aucun pharisien ne l'a dit expressément. Donc il était très permis aux saducéens de n'en rien croire.

 

      Ces saducéens avaient sans doute des mœurs irréprochables, puisque nos Évangiles ne rapportent aucune parole de Jésus-Christ contre eux, non plus que contre les esséniens, dont la vertu était encore plus épurée et plus respectable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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