LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 132
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LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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NOUVEAU TESTAMENT.
D'HÉRODE.
(Partie 132)
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Quelques ténèbres que la science des commentateurs ait répandues sur l'origine d'Hérode, il est clair qu'il n'était pas Juif ; et cela suffit pour faire voir que les Romains distribuaient des couronnes à leur gré, comme Alexandre avait donné celle de Sidon au jardinier Abdolonyme.
Tous ceux qui s'intéressent aux événements de son règne conviennent que sa famille était iduméenne ; elle est très ancienne dans le sens que tous les hommes sont de la race de Noé, et que les Iduméens descendaient d'Esaü. Hérode recouvra son droit d'aînesse dont Esaü s'était dépouillé, et traita durement la maison de Jacob ; mais, dans le sens ordinaire, sa famille était de la lie du genre humain. Son grand-père Antipas fut, selon Eusèbe, un pauvre païen, et sacristain d'un temple d'Ascalon, fait esclave dans sa jeunesse par des voleurs iduméens. Son fils Antipater, esclave comme lui, sut plaire au brigand Arétas, chef des Arabes nabathéens, qui étaient venus pour piller Jérusalem, et que Pompée renvoya dans leurs déserts. Antipater quitta le service des Arabes pour celui des Romains. Il devint leur munitionnaire, et fit une grande fortune dans les vivres. Voilà l'unique origine de la grandeur de sa maison. Il était riche, et tous les Juifs de Jérusalem étaient pauvres. C'est ainsi que les Tarquins furent souverains dans Rome, et les Médicis à Florence.
L'application infatigable d'Antipater à s'enrichir a fait penser à quelques-uns qu'il était Juif ; mais on n'a jamais su au juste de quelle religion il fut, lui et Hérode son fils. C'était un des hommes les plus entreprenants et les plus rusés. Il se rendit nécessaire aux Romains dans leur guerre contre Aristobule ; il contribua beaucoup à l'accabler, parce qu'il gagnait à sa perte. Il s'intrigua sans cesse avec les commandants romains, les Juifs et les Arabes, les faisant tous servir à ses intérêts, et prêtant de l'argent par avarice à quiconque pouvait l'aider dans ses exactions.
Il épousa une fille riche d'Arabie, nommée Cypros, dont il eut quatre enfants. Hérode n'était que le second ; mais ayant toutes les qualités et tous les vices de son père dans un plus haut degré, il devait faire une bien grande fortune.
Antipater établit si bien son crédit, que tantôt Pompée, et tantôt César, eurent besoin de lui pour faire subsister leurs troupes. C'était enfin un de ces hommes qui doivent devenir princes ou être pendus.
César, en passant d'Égypte en Syrie, lui accorda sa protection : il ne haïssait pas de tels caractères. Antipater eut l'audace de lui demander le gouvernement de Jérusalem et de la Galilée et l'obtint aisément. Il partagea les deux provinces entre deux de ses fils, Phazaël et Hérode : quoique Hérode ne fût âgé que de quinze ans, il eut la Galilée, Phazaël eut Jérusalem.
Hérode, quelques années après, fut le premier qui éprouva le pouvoir et la mauvaise volonté de ce fameux sanhédrin établi par Pompée. Quelque puissant qu'il fût par lui-même et par son père, on l'accusa devant ce tribunal. Il vint répondre, mais bien accompagné. On lui imputait des malversations et des meurtres. Il soutint qu'il n'avait fait mourir que des brigands. Il fut traité de brigand lui-même, et condamné à la mort. Il se retira avec ses satellites ; et dans la suite, lorsqu'il fut roi, il fit mourir tous les conseillers du Sanhédrin, excepté un seul nommé Saméas qui l'avait absous (1). Ce Saméas était le prédécesseur d'Hillel, et de Gamaliel, maître de saint Paul.
Pendant que ces petites convulsions agitaient ce coin de terre, l'Asie et l'Europe étaient en armes. L'assassinat de César dans le Capitole par des hommes chargés de ses bienfaits, les horreurs des proscriptions, la funeste concorde d'Octave et d'Antoine, leur discorde encore plus fatale, la guerre où périrent Brutus et Cassius, tenaient l'Europe en alarmes, et les Parthes, vainqueurs de Crassus, épouvantaient l'Asie.
Un Antigone, un homme de la race des Machabées, un fils de cet Aristobule, grand-prêtre des Juifs, frère de cet Alexandre que Pompée avait condamné à perdre la tête, appelle les Parthes à son secours jusque dans Jérusalem. Il disputait le bonnet de grand-prêtre, et même le vain titre de roi des Juifs à Hircan, son oncle, frère d'Aristobule. C'était le jeune Hérode qui était roi en effet par ses intrigues, par son argent, par le pouvoir qu'il usurpait, par la faveur des Romains. Antigone promet, dit Josèphe, mille talents et cinq cents filles aux Parthes, s'ils veulent venir le seconder, et lui assurer sa place de pontife. Quel prêtre que cet Antigone, et quel successeur de Judas Machabée ! Les Parthes viennent chercher l'argent et les filles à Jérusalem. Ils entrent dans cette ville si souvent prise et saccagée. Hérode et son frère Phazaël résistent autant qu'ils le peuvent aux Parthes et aux soldats d'Antigone. On combat aux portes du temple, dans les rues, dans les maisons. Les temps de Nabuchodonosor n'étaient pas plus affreux. On parlemente au milieu du carnage. Phazaël, frère d'Hérode, se laisse séduire aux promesses des Parthes ; il a l'imprudence de se mettre dans leurs mains ; on l'enchaîne, et il se casse la tête contre le mur de sa prison. Hérode fuit de la ville avec ce qui lui restait de soldats, et se réfugie en Arabie.
Ce malheur, qui devait le détruire sans ressource, fut ce qui lui valut le royaume de Judée. Il marche en Égypte, s'embarque au port d'Alexandrie, et va implorer dans Rome la protection d'Antoine et d'Octave, réunis alors pour un peu de temps. Antoine, près de partir pour aller faire la guerre aux Parthes, et sentant le besoin qu'on avait d'un tel homme, disposa le sénat en sa faveur. Octave le seconda. Hérode fut déclaré roi de Judée en plein sénat. David et Salomon ne s'étaient pas doutés que, du fond de l'Italie, deux citoyens d'une ville qui n'était pas encore bâtie, nommeraient un jour leurs successeurs dans Jérusalem.
Hérode ne fut que roi tributaire, et dépendant des Romains ; mais il fut maître absolu chez lui. Antoine envoya d'abord Sosius à son secours avec une armée. Hérode, sous les ordres de Sosius, vint chasser les Parthes, et assiéger Jérusalem, tandis que Ventidius, lieutenant d'Antoine, poursuivit les Parthes dans la Syrie, et qu'Antoine lui-même se préparait à porter la guerre jusque dans le sein de la Perse.
Tout le peuple de Jérusalem avait pris le parti d'Antigone. C'était un devoir religieux de soutenir un Asmonéen, un Machabée, contre un Arabe d'Idumée, fils d'un païen, et qui leur apportait des fers de la part de Rome. Les Juifs des autres villes, et même d'Alexandrie, étaient venus défendre leur ancienne capitale. Sosius et Hérode entrèrent par les brèches au bout de quarante jours. Le temple extérieur fut brûlé, et jamais le carnage ne fut plus grand. Le Machabée Antigone vint se jeter en tremblant aux pieds de Sosius, qui l'appela Antigona par mépris ; et ce fut alors qu'Hérode obtint qu'on fît mourir ce pontife du supplice des esclaves.
Cependant Hérode avait épousé la nièce de ce même pontife, la célèbre Mariamne ; mais les nœuds de l'alliance le retenaient encore moins qu'ils ne retinrent Pompée et César, Antoine et Octave. L'histoire de la plupart des princes est l'histoire des parents immolés les uns par les autres.
1 - Cela n'est pas tout à fait exact. Les membres du sanhédrin furent mis à mort pour avoir encouragé le peuple à la résistance pendant le siège de Jérusalem par Hérode, et Saméas fut épargné, non pas seul, mais avec Pollion, pour avoir proposé d'ouvrir les portes à l'assiégeant. (G.A.)