LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 97
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LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 97)
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ROIS.
DÉCLARATION DU COMMENTATEUR.
"Dans la crainte où je suis que cette histoire et ce commentaire ne causent au lecteur un ennui aussi mortel qu'à moi, je passerai tous les assassinats des rois de Juda et d'Israël, qui ne forment qu'un tableau dégoûtant et monotone de guerres civiles entre deux petits pays barbares, dont les capitales n'étaient qu'à sept ou huit lieues l'une de l'autre. Je ne parlerai de ces roitelets qu'autant qu'ils auront quelque rapport aux grands miracles que Dieu daignait faire continuellement dans ce coin du monde ignoré. Ces miracles, opérés par les prophètes juifs, soutiennent l'attention que l'uniformité des guerres lasseraient infailliblement. Je n'entrerai dans quelques détails que lorsqu'à la fin les rois de Babylone viendront venger la terre des abominations de ce peuple non moins cruel que superstitieux, lorsqu'ils brûleront Jérusalem, qu'ils disperseront dix tribus, dont on n'entendra jamais plus parler, et qu'ils mettront les deux autres dans les fers." (Voltaire.)
En ce temps (Chapitre XIV, v. 1.) Abia, fils de Jéroboam, tomba malade. Et le roi Jéroboam dit à sa femme : Ma femme, déguise-toi, change d'habit ; va-t'en au village de Silo, où est le prophète Ahias ; prends avec toi dix pains, un petit gâteau, un pot de miel, et va-t'en trouver le prophète ; car il te dira tout ce qui arrivera au petit enfant..., Or le prophète Ahias, que la vieillesse avait rendu aveugle, entendit le bruit des souliers de la reine, qui était à sa porte en Silo, et lui dit : Entre, entre femme de Jéroboam ; pourquoi te déguises-tu ?... Ceux de la maison de Jéroboam, qui demeurent dans la ville, seront mangés par les chiens, et ceux qui mourront à la campagne seront mangés par les oiseaux... Va-t'en donc ; et sitôt que tu auras mis le pied dans la ville, l'enfant mourra (1).
Or Juda fit aussi le mal devant le Seigneur : car ils firent aussi des autels, et des statues, et des bois consacrés, sur les hauts lieux. Il y eut aussi des Sodomites prostitués, et des abominations.
Mais la cinquième année du règne de Roboam, Sésac, roi d'Égypte, s'empara de Jérusalem, et il enleva tous les trésors de la maison du Seigneur et les trésors du roi ; il pilla tout, jusqu'aux boucliers d'or que Salomon avait faits (2)...
Or Asa, petit-fils de Roboam, marcha droit devant le Seigneur (Chapitre XV, v. 11.) ; il chassa les Sodomites prostitués... et empêcha Maacha, sa mère, de sacrifier à Priape, et il brisa le simulacre honteux de Priape, et le brûla dans le torrent de Cédron. Cependant il ne détruisit pas les hauts lieux. Mais son cœur était parfait devant le Seigneur (3)...
(4) Abia eut guerre avec Jéroboam. Il avait quatre cent mille combattants bien choisis et très vaillants. Et Jéroboam avait huit cent mille combattants bien choisis aussi et très vaillants... Et il y eut cinq cent mille hommes des plus vaillants tués dans la bataille du côté d'Israël (5)...
Abia, voyant donc son royaume affermi, épousa quatorze femmes, dont il eut vingt-deux fils, et seize filles...
Asa, fils d'Abia, fit ce qui était bon et agréable devant le Seigneur. Il leva dans Juda une armée de trois cent mille hommes portant boucliers et piques, et dans Benjamin deux cent quatre-vingt mille hommes portant boucliers et carquois...
Et Zara, roi d'Ethiopie, vint l'attaquer avec un million de combattants et trois cents chariots de guerre... ; et les Ethiopiens furent entièrement défaits ; car c'était le Seigneur qui les frappait.
1 - Ce prophète Ahias n'est pas consolant. Mais observez qu'il n'est que prophète d'Israël, et que par conséquent il est hérétique. Le peuple d'Israël était plongé dans l'hérésie ; il sacrifiait chez lui ; il ne sacrifiait point à Jérusalem. Et il n'est point exprimé que le prophète Ahias fût de la faction de Juda. Mais il y a eu de tout temps des prophètes chez les hérétiques. Jurieu l'était en Hollande ; il prophétisa contre Louis XIV. Le nommé Carré de Montgeron prophétisa en faveur des jansénites. Il y a des prophètes partout. (Voltaire.) - Voyez, sur Carré de Montgeron, le Dictionnaire philosophique, article CONVULSIONS. (G.A.)
2 - Le lion de Juda, dont la verge ne devait jamais sortir d'entre ses jambes jusqu'à ce que Silo vînt, sent cette fois-ci ses ongles rognés de bien près ; et sa verge n'a pas grand pouvoir. Sésac vient d'Égypte piller tous les trésors prétendus qui étaient dans le temple de Salomon.
De graves savants prouvent que Sésac était le grand Sésostris ; d'autres graves savants prouvent que Sésostris naquit mille ans avant Sésac ; des savants encore plus graves prouvent qu'il n'y eut jamais de Sésostris.
Une raison qui ferait croire que ce ne fut pas Sésostris qui pilla Jérusalem, c'est qu'il ne pilla point Sichem, Jéricho, Samarie et les deux veaux d'or hérétiques ; car Hérodote dit que ce grand Sésostris pilla toute la terre. (Voltaire.) - Selon Munk, Sésac ou Sisac serait Sesonchis, premier roi de la vingt-deuxième dynastie. (G.A.)
3 - L'auteur sacré (chapitre XV, v. 2 et 13.) dit que la reine Maacha était mère du roitelet Abia ; et ensuite il dit qu'elle était mère du roitelet Asa ; mais il ne dit point ce que c'était que ces priapes dont la mère Maacha était grande-prêtresse à Jérusalem. On ne sort point de surprise quand on voit des priapes adorés par la maison de David et par les enfants de Jacob. Y a-t-il une plus forte preuve que la religion judaïque ne fut jamais fixée jusqu'au temps d'Esdras ?
Quant aux jeunes Sodomites chassés par le roi Asa ou par le roi Abia, il est étonnant qu'il y eût encore de ces gens-là après le terrible exemple de Sodome et de Gomorrhe. Il est souvent parlé de ces jeunes Sodomites dans le troisième livre des Rois.
4 - Cet alinéa et les trois suivants sont tirés des Paralipomènes, livre II, chapitres XIII et XIV. (G.A.)
5 - Je ne puis ni concilier les contradictions énormes qui se trouvent entre le livre des Rois et celui des Paralipomènes, ni éclaircir leurs obscurités. Je donne seulement ce petit exemple concernant le roitelet de Juda, nommé Abi, et le roitelet Jéroloam.
Que dites-vous, mon cher lecteur, des vingt-deux fils de cet Abia et de ses seize filles, dont ces quatorze femmes accouchent en deux ans de temps ? Que dites-vous de son armée de cinq cent quatre vingt mille hommes, et de celle du roi d'Ethiopie qui se montait à un million ? Vous savez qu'il y a un peu loin de l'Ethiopie à Jérusalem. Par où était venu ce roi d'Ethiopie ? Comment le roi d'Égypte, Sésac ou Sésotris, l'avait-il laissé passer ?
Je n'insiste pas sur ces prodiges ; nous en avons vu et nous en verrons bien d'autres : prenons courage.