LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 120

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 120

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 120)

 

 

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PROPHÈTES.

 

 

 

 

 

AVERTISSEMENT DU COMMENTATEUR.

 

 

 

 

 

 

"Ce fut dans les querelles entre les tribus, et pendant la captivité en Babylone, que les voyants, les devins, les prophètes parurent. Nous avons déjà parlé d'Elie, d'Elisée, d'Isaïe, de Jérémie : nous dirons des autres ce qui paraît nécessaire, sans entrer dans le détail de leurs déclamations. Nous ne sommes pas assez habiles pour comprendre leurs discours, pour sentir le mérite de leurs répétitions continuelles, pour distinguer le sens littéral, le sens mystique, le sens analogique, de leurs phrases hébraiques ou chaldéennes, que la traduction rend encore plus obscures. Nous tâcherons au moins d'être courts en parlant de ces livres si longs.

 

Les Juifs ne lisent point les prophètes dans leurs synagogues, ou du moins les lisent très rarement. Les chrétiens, pour la plupart, ne les connaissent que par quelques citations. Nous choisirons les morceaux les plus curieux et les plus singuliers. Commençons par Daniel, dont les aventures sont du temps de Nabuchodonosor et de ses successeurs."

 

 

 

 

 

 

DANIEL.

 

 

(1)

 

 

 

 

      Les critiques osent affirmer que le livre de Daniel ne fut composé que du temps d'Antiochus Epiphanes ; que toute l'histoire de Daniel n'est qu'un roman, comme ceux de Tobie, de Judith, et d'Esther. Voici leurs raisons, qui ne sont fondées que sur les lumières naturelles, et qui sont détruites par la décision de l'Église, laquelle est au-dessus de toute lumière.

 

      1°/ Il est dit (Chapitre I) que Daniel, esclave dès son enfance à Babylone avec Sidrach, Misach et Abdénago, fut fait eunuque avec ses trois compagnons, et élevé parmi les eunuques ; ce qui le mettait dans l'impuissance de prophétiser.

 

      On répond qu'il n'est pas dit expressément qu'on châtra Daniel, mais seulement qu'on le mit sous la direction d'Ashphénez, chef des eunuques. Il est très vraisemblable que Daniel subit cette opération, comme tous les autres enfants esclaves réservés pour servir dans la chambre du roi. Mais enfin il pouvait être destiné à d'autres emplois. Les bostangis ne sont point châtrés dans le sérail du grand Turc. Un eunuque ne pouvait être prêtre chez les Juifs : mais il n'est dit nulle part qu'il ne pouvait être prophète ; au contraire, plus il était délivré de ce que nous avons de terrestre, plus il était propre au céleste.

 

      (Chapitre II.) 2°/ Daniel commence non-seulement par expliquer un songe, mais encore par deviner quel songe a fait le roi. Le texte dit que le roi Nabuchodonosor fut épouvanté de son rêve, et qu'aussitôt il l'oublia entièrement. Il assembla tous les mages, et leur dit : Je vous ferai tous pendre, si vous ne m'apprenez ce que j'ai rêvé. Ils lui remontrèrent qu'il leur ordonait une chose impossible. Aussitôt le grand Nabuchodonosor ordonna qu'on les pendît. Daniel, Sidrach, Misach et Abdénago, allaient être pendus aussi en qualité de novices-mages, lorsque Daniel leur sauva la vie en devinant le rêve. Les critiques osent traiter ce récit de puérilité ridicule.

 

      (Chapitre III.) 3°/ Ensuite vient l'histoire de la fournaise ardente, dans laquelle Sidrach, Misach, et Abdénago, chantèrent. On ne traite pas cette aventure avec plus de ménagement.

 

       (Chapitre IV.) 4°/ Ensuite Nabuchodonosor est changé en bœuf, et mange du foin pendant sept ans, après quoi il redevient homme et reprend sa couronne. C'est sur quoi nos critiques s'égaient inconsidérément (2).

 

      (Chapitre V.) 5°/ Ils ne sont pas moins hardis sur Balthazar, prétendu fils de Nabuchodonosor, et sur cette main qui va écrivant trois mots en caractères inconnus sur la muraille. Ils protestent que Nabuchodonosor n'eut d'autre fils qu'Evilmérodac, et que Balthazar est inconnu chez tous les historiens.

 

      6°/ L'auteur juif fait succéder à Balthazar Darius le Mède : mais ce Darius le Mède n'a pas plus existé que Balthazar. C'est Cyaxare, oncle de Cyrus, que l'auteur transforme en Darius de Médie.

 

      (Chapitre VI.) 7°/ L'auteur raconte que ce Darius, ayant ordonné qu'on ne priât aucun dieu pendant trente jours dans tout son empire, et Daniel ayant prié le Dieu des Juifs, on le fit jeter dans la fosse aux lions. Le roi courut le lendemain à la fosse, et appela Daniel, qui lui répondit. Les lions ne l'avaient pas touché. Le roi fit jeter à sa place ses accusateurs avec leurs femmes et leurs enfants, que les lions dévorèrent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Ce livre ne date que de l'époque des Macchabées, soit 160 ans environ avant Jésus-Christ. (G.A.)

 

2 - Voyez le Taureau blanc. Ce roman de Voltaire, où Nabuchodonosor a aussi son rôle, est plus intéressant pour nous que celui de Daniel. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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