LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 110

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 110

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 110)

 

 

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ROIS.

 

 

 

LIVRE IV.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      La quatorzième année (Chapitre XVIII, v. 13.) du roi Ezéchias roi de Juda, Sennachérib (1), roi des Assyriens, vint attaquer toutes les villes fortifiées de Juda, et les prit... Alors Ezéchias envoya des messagers au roi des Assyriens, disant : J'ai péché envers toi ; retire-toi de moi ; je porterai tous les fardeaux que tu m'imposeras. Le roi d'Assyrie lui ordonna donc de payer trois cents talents d'argent et trente talents d'or... Ezéchias donna tout l'argent qui était dans la maison d'Adonaï et dans les trésors du roi.

 

      Or les serviteurs du roi Ezéchias (Chapitre XIX, v. 5.) allèrent trouver Isaïe le prophète, et Isaïe leur dit : Dites à votre maître : Voici ce que dit Adonaï : Ne crains point les paroles blasphématoires des officiers du roi d'Assyrie ; car je vais lui envoyer un certain esprit, un certain souffle, et il apprendra une nouvelle, après laquelle il retournera dans son pays, et je le frapperai dans son pays par le glaive... Cette même nuit l'ange du Seigneur vint dans le camp des Assyriens, et il tua cent quatre-vingt cinq mille hommes... ; et Sennachérib, roi des Assyriens, s'étant levé au point du jour, vit tous ces corps morts, et s'en retourna aussitôt.

 

      En ce temps-là (Chapitre XX, v. 1.) Ezéchias, roi de Juda, fut malade à la mort. Le prophète Isaïe, fils d'Amos, vint lui dire : Voici ce que dit le Dieu Adonaï : Mets ordre à tes affaires ; car tu mourras, et tu ne vivras pas... Alors Ezéchias tourna sa face contre la muraille, et pria Dieu, disant : Seigneur, souviens-toi, je te prie, comment j'ai marché dans la vérité et dans un cœur parfait, et que j'ai fait ce qui t'a plu. Et il sanglota avec de grands sanglots...

 

      Et Isaïe n'était pas encore à la moitié de l'antichambre, qu'Adonaï revint lui faire un discours, disant : Retourne, et dit à Ezéchias, chef de mon peuple : Voici ce que dit Adonaï, Dieu de David ton père : J'ai entendu ta prière, j'ai vu tes larmes ; je t'ai guéri, et dans trois jours tu monteras au temps d'Adonaï, et j'ajouterai encore quinze années à tes jours (2)... Bien plus, je te délivrerai, toi et cette ville, du roi des Assyriens, et je protégerai cette ville à cause de moi et de David mon serviteur.

 

      Alors Isaïe dit : Qu'on m'apporte une marmelade de figues. On lui apporta la marmelade ; on la mit sur l'ulcère du roi, et il fut guéri.

 

      Mais Ezéchias ayant dit à Isaïe : Quel signe aurai-je que le Seigneur me guérira, et que j'irai dans trois jours au temple d'Adonaï ? Et Isaïe lui dit : Voici le signe du Seigneur, comme quoi le Seigneur fera la chose qu'il t'a dite : Veux-tu que l'ombre du soleil s'avance de dix degrés ; ce n'est pas ce que je veux qu'on fasse ; mais que l'ombre retourne en arrière de dix degrés. Le prophète Isaïe invoqua donc Adonaï, et il fit que l'ombre retourna en arrière de dix degrés, dont elle était déjà descendue dans l'horloge d'Achaz (3).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Hérodote (livre II) parle d'un Sennachérib qui vint porter la guerre sur les frontières de l'Égypte, et qui s'en retourna parce qu'une maladie contagieuse se mit dans son armée ; il n'y a rien là que dans l'ordre commun. Que le roitelet de la petite province de Juda s'humilie devant le roi Sennachérib, qu'il lui paye trois cents talents d'argent et trente talents d'or, c'est une somme très forte dans l'état où était alors la Judée ; cependant ce n'est point une chose absolument hors de toute vraisemblance. Mais que le prophète Isaïe vienne de la part de Dieu dire à Ezéchias que le roi Sennachérib a blasphémé ; qu'un ange vienne du haut du ciel frapper et tuer cent quatre-vingt cinq mille hommes d'une armée chaldéenne ; et que cette exécution, aussi épouvantable que miraculeuse, soit inutile, qu'elle n'empêche point la ruine de Jérusalem : c'est là ce qui semblerait justifier l'incrédulité des critiques, si quelque chose pouvait les rendre excusables. Ils ne comprennent pas comment le Seigneur protégeant la tribu de Juda et tuant cent quatre-vingt-cinq mille de ses ennemis, abandonne sitôt après cette tribu dont la verge devait dominer toujours, laisse détruire son temple, et voie impunément cette tribu et celle de Benjamin, avant tant de lévites, plongées dans les fers, o altitudo ! humilions-nous sous les décrets impénétrables de la Providence ; mais qu'il nous soit permis de ne point admettre les explications ridicules que tant d'auteurs ont donnés à ces événements inexplicables.

 

2 - Les critiques, comme milord Bolingbroke et M. Boulanger, prétendent que le prophète Isaïe joue ici un rôle très triste et très indécent, de venir dire à son prince, dès qu'il est malade : Tu vas mourir. Ezéchias est représenté comme un prince lâche et pusillanime, qui se met à pleurer et à sangloter quand un inconnu à l'indiscrétion de lui dire qu'il est en danger, et à peine cet Isaïe est-il sorti de la chambre du roi, que Dieu lui-même vient dire au prophète : Le roi vivra encore quinze ans. Sous quelle forme était Dieu quand il vint annoncer a Isaïe son changement de volonté dans l'antichambre ? Ces incrédules ne se lassent point de censurer toute cette histoire ; il faut combattre contre eux depuis le premier verset de la Bible jusqu'au dernier.

 

3 - Une nuée d'autres incrédules fond sur cette marmelade de figues, et sur cette horloge. Tous ces censeurs disent que le mal d'Ezéchias était bien peu de chose, puisqu'on le guérit avec un emplâtre de figues. Ezéchias leur paraît un imbécile de croire qu'il est plus aisé d'avancer l'ombre que de la reculer. Dans l'un et l'autre cas, les lois de la nature sont également violées, et tout l'ordre du ciel également interrompu. La rétrogradation de l'ombre ne leur paraît qu'une copie renforcée du miracle de José. La plupart des interprètes croient que le soleil s'arrêta pour Josué, et recula pour Ezéchias. Isaïe même, au chapitre XXXII de sa prophétie dit : Le soleil recula de dix lignes ; ce qui probablement signifie dix heures. Mais il est clair qu'Isaïe se trompe ; l'ombre est toujours opposée au soleil ; si l'astre est à l'orient, l'ombre est à l'occident ; pour que l'ombre reculât de dix heures vers le matin, il aurait fallu que le soleil se fût avancé de dix heures vers le soir. De plus, si ces degrés, ces heures signifient le nombre des années qui sont réservées à Ezéchias, pourquoi l'ombre du style ne rétrogade-t-elle que de dix degrés et non pas de quinze ? Le plus long jour de l'année en Palestine n'est que de quatorze heures : c'eût été encore un miracle de plus ; car il est impossible que le soleil paraisse quinze heures et plus, quand il n'est que quatorze heures sur l'horizon.

 

Une autre difficulté encorfe, c'est que non-seulement les Juifs ne comptaient point le jour par heures comme nous, mais que de plus ils n'eurent ni cadrans ni horloges. Enfin, il y aurait eu un jour entier de perdu dans la nature, et une nuit de trop. Ce sont là des embarras où se jettent des ignorants téméraires qui imaginent des miracles, et qui même les expliquent.

 

Telles sont les réflexions de plusieurs physiciens. On peut leur dire que le prophète Isaïe n'était pas obligé d'être astronome, et même que dom Calmet, qui a voulu expliquer dans une dissertation cette rétrogradation, a fait beaucoup plus de bévue qu'Isaïe. On est obligé de dire qu'il n'entend rien du tout à la matière, et que, dans tous ses commentaires, il n'a fait souvent que copier des auteurs absurdes qui n'en savaient pas plus que lui. (Voltaire.) - Voyez, dans le Dictionnaire philosophique, l'article HORLOGE D'ACHAZ et notre note. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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