LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 109
Photo de PAPAPOUSS
LA BIBLE EXPLIQUÉE.
________
ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 109)
______
ROIS.
LIVRE IV.
Mais Osée ayant voulu se révolter contre lui, il fut pris et mis en prison, chargé de chaînes (Chapitre XVII, v. 4.)... Salmanazar dévasta tout le pays ; et étant venu à Samarie, il l'assiégea pendant trois ans, et la neuvième année d'Osée, Salmanazar prit Samarie, transporta tous les Israélites au pays des Assyriens dans Hala, dans Habor, dans les villes des Mèdes, vers le fleuve Gozan... et cela arriva, parce que les enfants d'Israël avaient péché contre leur Dieu Adonaï (1).
Or le roi d'Assyrie fit venir (Chapitre XVIII, v. 24.) des habitants de Babylone, de Cutha, d'Avah, d'Emath, de Sépharvaïm, et les établit dans les villes de la Samarie, à la place des enfants d'Israël... Quand ils y furent établis, ils ne craignirent point Adonaï ; mais Adonaï leur envoya des lions qui les égorgeaient (2).
Cela fut rapporté (Chapitre XVII, v. 26.) au roi des Assyriens, auquel on dit : Les peuples que tu as transportés dans la Samarie, et auxquels tu as commandé de demeurer dans ses villes, ignorent la manière dont le dieu de ce pays-là veut être adoré, et ce dieu leur a détaché des lions ; et voilà que ces lions les tuent, parce qu'ils ignorent la religion du dieu du pays. Alors le roi des Assyriens donna cet ordre, disant : Qu'on envoie en Samarie l'un des prêtres captifs ; qu'il retourne, et qu'il apprenne aux habitants le culte du dieu du pays (3).
Ainsi l'un des prêtres captifs de Samarie y étant revenu, leur apprit la manière dont ils devaient adorer Adonaï (4)...
Ainsi chacun de ces peuples se forgea son dieu, et ils mirent leurs dieux dans leurs temples et dans les hauts lieux. Chaque peuplade mit le sien dans les villes où elle habitait.
Les Babyloniens firent leur Sochothbénoth, les Cuthéens leur Nergel, les Emathiens leur Asima, les Hévéens leurs Nébahaz et Tharthac : pour ceux de Sépharvaïm, ils brûlèrent leurs enfants en l'honneur d'Adramélech et d'Anamélech.
Or tous ces peuples adoraient Adonaï, et ils prirent les derniers venus pour prêtres des hauts lieux... et comme ils adoraient Adonaï, ils servaient aussi leurs dieux, selon la coutume des nations transplantées en Samarie...
1 - Nous voyons que de tous temps, quand des peuples barbares et indisciplinés se sont emparés d'un pays, ils s'y sont établis. Ainsi les Goths, les Lombards, les Francs, les Suèves, se fixèrent dans l'empire romain, les Turcs dans l'Asie-Mineure, et enfin dans Constantinople ; les Tartares quittèrent leur patrie pour dominer dans la Chine. Les grands princes, au contraire, et les républiques qui avaient des capitales considérables, ne se transplantèrent point dans les pays conquis, mais en transportèrent souvent les habitants, et établirent à leur place des colonies.
Cet usage, qui changea en grande partie la face du monde, se conserva jusqu'à Charlemagne ; il fit transporter des familles de Saxons jusqu'à Rome. Ces transporteurs des peuples paraissaient un moyen sûr pour prévenir les révoltes. Il ne faut donc point s'étonner que Salmanazar donna les terres du royaume d'Israël à des cultivateurs babyloniens, et à d'autres de ses sujets.
2 - Les critiques demandent pourquoi Dieu n'envoya pas des lions pour dévorer Salmanazar et son armée, au lieu de faire manger par ces animaux les émigrants innocents qui venaient cultiver une terre ingrate devenue déserte. Si on leur répond que c'était pour les forcer à connaître le culte du Seigneur, ils disent que les lions sont de mauvais missionnaires ; que ceux qui avaient été mangés ne pouvaient se convertir, et que le prêtre hébreu qui vint les prêcher de la part du roi de Babylone ne suffisait pas pour enseigner le catéchisme à toute une province. Mais probablement ce prêtre avait des compagnons qui l'aidèrent dans sa mission. Si on veut s'informer chez les commentateurs qui étaient ces peuples de Cutha, d'Avah, d'Emath, plus ils en parlent, moins vous êtes instruit. C'étaient des peuplades syriennes ; on n'en sait pas davantage. Nous ne connaissons pas l'origine des Francs qui s'établirent dans la Gaule Celtique, ni des pirates qui se transplantèrent en Normandie. Qui me dira de quel buisson sont partis les loups dont mes moutons ont été dévorés ?
3 - C'est une chose bien digne de remarque, que cette opinion des Grecs, A chaque pays son dieu, fût déjà reçue chez les peuples de Babylone, comme cette maxime en Allemagne et en France, Nulle terre sans seigneur. Mais comment faisaient ceux qui adoraient le soleil, ou qui du moins révéraient dans le soleil l'image du Dieu de l'univers ? Nous dirons que les Persans étaient alors les seuls qui professaient ouvertement cette religion, et qu'ils ne l'avaient point encore portée à Babylone ; elle n'y fut introduite que par le conquérant Kir ou Kosrou, que nous nommons Cyrus.
4 - On reste stupéfait quand on voit qu'aussitôt que cette nouvelle peuplace fut instruite du culte d'Adonaï, elle adora une foule de dieux asiatiques inconnus, Sochothénoth, Nergel, Asima, Tharthac, Adramélech, Anamélech, et qu'on brûla des enfants aux autels de ces dieux étrangers. M. Basnage, dans ses Antiquités judaïques, nous apprend que, selon plusieurs savants, ce fut ce prêtre hébreu, envoyé aux nouveaux habitants de Samarie, qui composa le Pentateuque. Ils fondent leur sentiment sur ce qu'il est parlé dans le Pentateuque de l'origine de Babylone, et de quelques autres villes de la Mésopotamie que Moïse ne pouvait connaître ; sur ce que ni les anciens Samaritains ni les nouveaux n'auraient voulu recevoir le Pentateuque de la main des Hébreux de la faction de Juda, leurs ennemis mortels ; sur ce que le Pentateuque samaritain est écrit en hébreu, langue que ce prêtre parlait, n'ayant pu avoir le temps d'apprendre le chaldéen ; sur les différences essentielles entre le Pentateuque samaritain et le nôtre. Nous ne savons pas qui sont ces savants, M. Basnage ne les nomme pas.