LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 105

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 105

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 105)

 

 

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ROIS.

 

 

 

LIVRE IV.

 

 

 

 

 

Or Naaman (Chapitre V, v.2.) prince de la milice du roi de Syrie, était un homme grand et honoré chez son maître ; car c'était par lui qu'Adonaï avait sauvé la Syrie : il était vaillant et riche, mais lépreux.

 

       Or des voleurs de Syrie ayant fait captive une fille d'Israël, cette fille était au service de la femme de Naaman ; cette fille dit à sa maîtresse : Plût à Dieu que monseigneur eût été vers le prophète qui est à Samarie !

 

       Donc Naaman alla au roi son maître, et lui raconta le discours de cette fille. Le roi de Syrie lui répondit : Va, j'écrirai pour toi au roi d'Israël.Il partit donc de Syrie ; il prit avec lui dix talents d'argent, six mille pièces d'or, et dix robes... Naaman vint donc avec ses chariots et ses chevaux, et se tint à la porte de la maison d'Elisée : et Elisée lui envoya dire : Lave-toi sept fois dans le Jourdain, et ta chair sera nette (1).

 

      Il s'en alla donc, se lava sept fois dans le Jourdain, et sa chair devint comme celle d'un enfant...

 

      Naaman dit donc à Elisée : Certainement il n'y a point d'autre dieu dans toute la terre, si ce n'est le Dieu d'Israël... Je ne ferai plus d'holocaustes à d'autres dieux ; mais je te demande de prier ton Dieu pour ton serviteur ; car lorsque le roi mon maître viendra dans le temple de Remnon pour adorer, et que je lui donnerai la main, si j'adore aussi dans le temple de Remnon, il faut que ton Dieu me le pardonne. Elisée lui répondit : Va-t'en en paix (2)...

 

      Quelque temps après, Bénadad, roi d'Assyrie (Chapitre VI, v. 24.), assembla toute son armée ; il monta, et vint assiéger Samarie... Or il y avait grande famine en Samarie, et la tête d'un âne se vendait quatre-vingts écus, et un quart de boisseau de crotins de pigeons cinq écus (3).

 

      Et le roi d'Israël passant par les murailles, une femme s'écria, et lui dit : O roi monseigneur ! sauve-moi ; et le roi lui répondit : Comment puis-je te sauver ? je n'ai ni pain ni vin, que veux-tu me dire ? Et la femme repartit : Voilà ma voisine qui m'a dit : Donne-moi ton fils afin que nous le mangions aujourd'hui, et demain nous mangerons le mien. Nous avons donc fait cuire mon fils, et nous l'avons mangé ; je lui ai dit le lendemain : Faisons cuire aussi ton fils, afin que nous le mangions ; elle n'en veut rien faire ; elle a caché son enfant.

 

      Le roi, ayant entendu cela, déchira ses vêtements, et passa vite la muraille ; il dit : Que Dieu m'extermine si la tête d'Elisée, fils de Saphat, demeure aujourd'hui sur ses épaules ! car c'est lui qui nous a envoyé la famine (4).

 

      Or Elisée était assis dans sa maison. Des vieillards étaient avec lui. Le roi envoya donc vers lui un homme ; mais Elisée dit à ses amis : Prenez garde ; quand cet homme viendra pour me couper le cou, fermez bien la porte... Comme il disait cela, le bourreau arriva, et lui dit : Voilà un grand mal ; que pourrons-nous attendre du Seigneur ?

 

       Elisée lui répondit (Chapitre VII, v. 1.) Écoute la parole du Seigneur ; car voici ce que dit le Seigneur : Demain à cette même heure le sac de farine se vendra trente-deux sous, et deux sacs d'orge se donneront pour trente-deux sous.

 

      Or pendant ce temps-là le Seigneur fit entendre un grand bruit de chariots, de chevaux, et d'une grande armée dans le camp des Syriens ; et tous les Syriens s'enfuirent pendant la nuit, abandonnant leurs tentes, leurs chevaux, leurs ânes, et ne songeant qu'à sauver leur vie... Tout le peuple aussitôt sortit (5) de Samarie et pilla le camp des Syriens, et le sac de farine fut vendu trente-deux sous, et deux sacs d'orge trente-deux sous, selon la parole d'Adonaï...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Naaman fut fort étonné qu'on lui ordonnât de se baigner pour la gale. Il y avait de beaux fleuves à Damas qui pouvaient le guérir ; mais ces fleuves n'avaient pas la vertu du Jourdain, purifiante par la vertu d'Elisée.

 

2 - Il est bien juste que le général du roi de Syrie, ayant été guéri de la gale par Elisée, confesse que le Dieu d'Israël est le plus grand de tous les dieux, et jure qu'il n'en servira jamais d'autres ; mais il est bien étrange que dans le même moment il demande la permission d'adorer le dieu Remnon. Il est encore plus étrange que le Juif Elisée lui donne cette licence sans restriction, sans modification. Si c'est par esprit de tolérance, Elisée soit béni ! salut à Elisée ! Ce n'est pourtant pas le premier Juif qui ait trouvé bon qu'on adorât d'autres dieux qu'Adonaï. Jacob avait trouvé bon que son beau-père et ses deux femmes et ses deux servantes eussent d'autres dieux ; un petit-fils de Mosé ou Moïse avait été prêtre des dieux de Michas dans la tribu de Dan ; Salomon, et presque tous ses successeurs, adoraient des dieux étrangers ; et, malgré les lévites, malgré l'atroce et cruelle stupidité de la nation, les Juifs furent souvent plus tolérants qu'on ne pense.

 

3 - Et toujours famine dans la Terre promise !

 

4 - Il faut avouer que si Elisée avait envoyé la famine par malice dans la Terre promise, le roi Joram aurait été excusable de lui faire couper le cou, puisque Elisée aurait été cause que les mères mangeaient leurs enfants.

 

Pour la femme qui avait donné la moitié de son fils pour souper à sa voisine, c'est une grande question, dit Dumarsais, si elle avait le droit de manger à son tour la moitié de l'enfant de cette commère, selon son marché ; il y a de grandes autorités pour et contre.

 

5 - Dieu merci, si Elisée a envoyé la famine, il envoie aussi l'abondance ; et un grand sac de farine ne coûtera que trente-deux sous. On est seulement un peu surpris que le roi de Syrie s'enfuie tout d'un coup sans raison ; mais c'est encore un miracle d'Elisée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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