LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 104
Photo de PAPAPOUSS
LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 104)
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ROIS.
LIVRE IV.
Un jour donc Elisée étant venu dans le village de Sunam, il alla loger dans cette chambre ; et il dit à son valet Giézi : Fais-moi venir cette Sunamite ; et elle vint. Elisée dit à son valet : Demande-lui ce qu'elle veut que je fasse pour elle, si elle a quelque affaire, et si elle veut que je parle au roi d'Israël Joram, ou au prince de sa milice ; que faut-il que je fasse pour elle (1) ?
Son valet Giezi lui répondit : Est-ce que cela se demande ? ne vois-tu pas que son mari est vieux, et qu'elle n'a point d'enfant ? Elisée la fit donc revenir, puis il lui dit : Tu auras (2) un enfant dans ta matrice, si Dieu plaît, dans un an... Cette femme eut donc un fils au bout de l'année... L'enfant mourut. La mère fit seller son ânesse, et alla trouver l'homme de Dieu sur le mont Carmel (3). Cette femme ayant fait des reproches à Elisée, il dit à Giézi son valet : Mets ta ceinture, prends ton bâton, et marche : si tu rencontres quelqu'un, ne le salue point ; si on te salue, ne réponds point : mets ton bâton sur le visage de l'enfant pour le ressusciter.
Giézi courut donc, et mit son bâton sur le visage de l'enfant ; mais l'enfant ne branla point. Giézi revint donc dire à son maître que l'enfant ne voulait pas ressusciter. Elisée entra donc dans la maison, et trouva l'enfant, mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur ses mains, et se courba sur l'enfant. Et la chair de l'enfant se réchauffa, et Elisée descendant du lit se promena dans la maison par-ci par-là, et puis il remonta, et se courba sur lui, et l'enfant bâilla sept fois, et ouvrit les yeux (4).
Elisée revint ensuite à Galgala ; il y avait une grande famine (5). Les enfants des prophètes demeuraient avec lui ; et il dit à un valet : Prends une grande marmite, et fais à manger pour les enfants des prophètes. Le valet ayant trouvé des coloquintes, les mit dans sa marmite... Les prophètes, en ayant goûté, s'écrièrent : Homme de Dieu, la mort est dans la marmite. Oh bien donc : dit Elisée, apportez-moi de la farine. Ils apportèrent de la farine ; il la mit dans la marmite, et il n'y eut plus d'amertume dans le pot.
Or il vint un homme de Baal-Salisa, qui portait des prémices et vingt pains d'orge, avec du froment nouveau dans sa poche... Le cuisinier lui répondit : Il n'y en a pas là pour servir à cent convives. Elisée dit : Donne, donne cela au peuple, afin qu'il mange ; car Adonaï dit : Ils mangeront, et il y en aura de reste. Le cuisinier servit donc ces pains devant le peuple ; ils mangèrent, et il y en eut de reste, selon la parole d'Adonaï (6).
1 - Dès qu'Elisée est logé et nourri par une dévote, il oublie qu'il est infiniment au-dessus du roi Joram, auquel il disait tout à l'heure qu'il ne daignait le regarder ni lui parler. Il se dit ici son favori, et demande s'il peut rendre service à sa dévote auprès du roi Joram.
Qualis ab incepto processerit, et sibi constet.
HORACE, de Art. poet.
Il semble qu'Elisée change ici de caractère ; on peut dire qu'il préfère au maintien de la dignité de son ministère le plaisir de rendre service.
2 - Nous ne sommes pas de ces gausseurs impies qui prétendent que le texte insinue que le prophète fit un enfant à sa dévote ; nous sommes bien loin de soupçonner une chose si incroyable d'un disciple de prophète, devenu prophète lui-même, et auquel il n'a manqué qu'un char de feu et quatre chevaux de feu pour égaler Elie.
3 - On demande pourquoi Elisée envoie son valet ressusciter le petit garçon avec son bâton, puisqu'il savait bien que son valet ne le ressusciterait pas. On demande pourquoi il lui ordonne de ne saluer personne en chemin. Il est clair que c'est pour aller plus vite ; et Calmet remarque que Jésus-Christ ordonne la même chose à ses apôtres dans saint Luc. Mais pourquoi courir si vite pour ne rien faire ?
4 - Les incrédules se moquent de ce miracle d'Elisée, et de toutes ses simagrées de toutes ses contorsions ; ils disent que ce n'est là qu'une fade imitation du miracle d'Elie, qui ressuscita le fils de la veuve de Sarepta. Mais il y a un sens mystique ; et ce sens est qu'il faut se proportionner aux petits pour leur faire du bien. Le R.P. dom Calmet, profond dans l'intelligence de l'Écriture, ne doute pas, après plusieurs autres Pères, que le bâton du valet d'Elisée ne soit évidemment la synagogue, et qu'Elisée ne soit l'Église romaine.
5 - Et encore famine, et toujours famine ; et toujours preuve que ce beau pays de Canaan, avec ses montagnes pelées, ses cavernes, ses précipices, son lac de Sodome et son désert de sable et de cailloux, n'était pas tout à fait aussi fertile que de bonnes gens le chantent ; et qu'il en faut croire saint Jérôme plutôt que les espions de Josué, qui rapportèrent sur une civière un raisin que deux hommes avaient bien de la peine à soulever.
6 - Ce passage semble indiquer bien des choses ; mais la plus remarquable est que les Évangiles racontent la même chose de Jésus-Christ, afin que l'Ancien Testament fût en tout une figure du Nouveau.