LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 100

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 100

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 100)

 

 

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ROIS.

 

 

 

 

 

 

      Alors Elie leur dit : Prenez les prophètes de Baal, et qu'il n'en échappe pas un seul. Et le peuple les ayant pris, Elie les mena au torrent de Cison, et les y massacra tous (1).

 

      Elle dit ensuite au roi Achab : Allez, mangez, et buvez ; car j'entends le bruit d'une grande pluie... Et il tomba une grande pluie. Achab monta donc sur sa charrette... ; et Elie s'étant ceint les reins, courut devant Achab jusqu'au village de Jesrahel (2).

 

      Le roi Achab ayant rapporté à Jézabel (Chapitre XIX, v. 1.) Ce qu'Elie avait fait, et comme il avait massacré ses prophètes, la reine Jézabel envoya un messager à Elie, disant : Les dieux m'exterminent si demain je ne tue ton âme, comme tu as tué l'âme de mes prophètes !

 

      Elie trembla de peur, et s'enfuit dans le désert, et il se jeta par terre et s'endormit. L'ange de Dieu le toucha et lui dit : Lève-toi et mange. Elie se retourna, et vit auprès de sa tête un pain cuit sous la cendre et un pot d'eau. Il mangea et but, et marcha pendant quarante jours et quarante nuits jusqu'au mont Horeb, montagne de Dieu... et il se cacha dans une caverne. Le Seigneur Adonaï lui dit : Que fais-tu là ? Sors, et va sur la montagne. Puis le Seigneur passa, et on entendit devant le Seigneur un grand vent, qui déracinait les montagnes et qui brisait les roches ; et le Seigneur n'était point dans le vent. Puis, après le vent, il se fit un grand tremblement ; et après ce tremblement de terre, il s'alluma un grand feu, et Dieu n'était pas dans ce feu. Après ce feu, on entendit le sifflement d'un petit vent, et Dieu était dans ce sifflement (3) ; et Adonaï dit à Elie : Retourne dans le désert de Damas (Chapitre XIX, v. 15.), et tu oindras Hazael pour être roi de Syrie, et tu oindras Jéhu, et fils de Namsi, pour être roi sur Israël ; tu oindras aussi le bouvier Elisée pour être prophète. Quiconque aura échappé à l'épée de Jéhu sera tué par Elisée (4).

 

      Or, Elie ayant rencontré Elisée qui labourait avec vingt-quatre bœufs, il mit son manteau sur lui...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Quelques savants prétendent qu'Elie n'est qu'un personnage allégorique, et qu'il n'y eut jamais d'Elie. Mais si Elie exista, les critiques disent que jamais Juif ne fut plus barbare. Les prophètes de Baal étaient aussi dévots à leur dieu que lui au sien ; leur foi était aussi grande que la sienne. Ils n'étaient donc pas coupables ; ils étaient fidèles à leur dieu et à leur roi. Il y avait donc une injustice horrible à leur faire souffrir la mort. Et comment le roi d'Israël permit-il cette exécution ? c'était se condamner soi-même à assister à la potence. De plus, Elie devait espérer que le miracle inouï de la foudre qui vint en temps serein brûler les pierres de son autel, la cendre de son bois et l'eau de ses rigoles, convertirait infailliblement les hérétiques. Il devait donc porter sur ses épaules les brebis égarées. Il devait vouloir le repentir des pécheurs et non leur mort. Mais il les massacra lui-même. Interfecit eos (Chapitre XVIII, v. 40.). C'était un rude homme que cet Elie, qui égorgeait tout seul huit cent cinquante prophètes ses confrères ; car il est dit qu'il les tua tous.

 

Mes prédécesseurs, dans l'explication de la sainte Écriture, n'ont pu répondre aux critiques, ni moi non plus. Puisse seulement cette exécrable boucherie d'Elie ne point encourager les persécuteurs.

 

2 - Nos critiques ne cessent de s'étonner de voir le plus grand des prophètes, le premier ministre de l'Éternel, courir comme un valet de pied devant la charrette du roi d'Israël.

 

Il est dit dans l'Histoire de François Xavier, apôtre des Indes, qu'il courait, comme Elie, devant la charrette qui mena ses compagnons de Rome en Espagne. Nos critiques s'étonnent bien davantage que la reine Jézabel soit assez sotte pour faire avertir Elie, par un messager, qu'elle le fera pendre le lendemain. C'était lui donner un jour pour se sauver. Ils ne conçoivent pas qu'un homme qui ressuscitait des morts, qui disposait des nuées et de la foudre, soit assez poltron pour s'enfuir sur les menaces d'une femme. Dieu ne l'assiste qu'avec un petit pain cuit et de l'eau. L'ange qui lui donna ce pain et cette eau était apparemment l'ange qui donna à boire au petit Ismaël et à sa mère Agar.

 

 

3 - Dieu qui n'était pas dans ce grand vent, mais qui était dans ce petit vent, fournit de belles réflexions aux commentateurs, et surtout au profond Calmet. Il soupçonne, après de grands hommes, que le grand vent signifie l'Ancien Testament, et que le petit vent signifie le Nouveau.

 

4 - Ce petit morceau est le plus important de tous. Dieu ordonne à Elie de faire un oint, un christ, un messie d'Hazael, de le sacrer roi, oint de Syrie, et d'oindre, de sacrer pareillement Jéhu, roi d'Israël, et d'oindre, de sacrer aussi le bouvier Elisée en qualité de prophète, titre qui est bien au-dessus du titre de roi. Cet Elisée est le premier prophète pour lequel l'Écriture ait jamais employé ce mot d'oint, de christ. Milord Bolingbroke dit que pour faire deux rois et un prophète il ne faut qu'un demi-setier d'huile. Cependant nous ne voyons pas qu'Elisée ait été jamais oint. Nous voyons encore moins qu'Elisée ait égorgé ceux qui échappèrent à l'épée de Jéhu. On nous a épargné les meurtres dont Elisée devait décorer son ministère. C'est bien assez des huit cent cinquante prophètes tués de la propre main d'Elie. (Voltaire.) - Selon Munk, Elie est un révolutionnaire dont le plan politique est bien combiné : il veut renverser la dynastie d'Achab et mettre à la place le courageux Jéhu. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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