COMMENTAIRE SUR L'ESPRIT DES LOIS - Partie 3

Publié le par loveVoltaire

COMMENTAIRE SUR L'ESPRIT DES LOIS - Partie 3

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COMMENTAIRE

 

SUR L'ESPRIT DES LOIS.

 

 

 

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- Partie 3 -

 

 

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COMMENTAIRE

 

SUR QUELQUES PRINCIPALES MAXIMES

DE L'ESPRIT DES LOIS.

 

 

 

I.

 

 

 

 

 

 

 

      Ne discutons point la foule de ces propositions qu'on peut attaquer et défendre longtemps sans convenir de rien. Ce sont des sources intarissables de dispute. Les deux contendants tournent sans avancer, comme s'ils dansaient un menuet ; ils se retrouvent à la fin tous deux au même endroit dont ils étaient partis.

 

      Je ne rechercherai point si Dieu a ses lois, ou si sa pensée, sa volonté, sont sa seule loi ; si les bêtes ont leurs lois, comme dit l'auteur ;

 

     Ni s'il y avait des rapports de justice avant qu'il existât des hommes, ce qui est l'ancienne querelle des réaux et des nominaux ;

 

      Ni si un être intelligent, créé par un autre être intelligent, et ayant fait du mal à son camarade intelligent, peut-être supposé devoir subir la peine du talion, par l'ordre du Créateur intelligent, avant que ce Créateur ait créé ;

 

      Ni si le monde intelligent n'est pas si bien gouverné que le monde non intelligent, et pourquoi ;

 

       Ni s'il est vrai que l'homme viole les lois de Dieu en qualité d'être intelligent, ou si plutôt il n'est pas privé de son intelligence dans l'instant qu'il viole ces lois.

 

      Ne nous jouons point dans les subtilités de cette métaphysique ; gardons-nous d'entrer dans ce labyrinthe (1).

 

 

 

 

1 - Tout ce paragraphe est la critique du chapitre Ier, livre Ier, de l'Esprit des lois. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

II.

 

 

 

 

    L'Anglais Hobbes prétend que l'état naturel de l'homme est un état de guerre, parce que tous les hommes ont un droit égal à tout.

 

     Montesquieu, plus doux, veut croire que l'homme n'est qu'un animal timide qui cherche la paix.

 

      Il apporte en preuve l'histoire de ce sauvage trouvé il y a cinquante ans dans les forêts de Hanovre, et que le moindre bruit effrayait.

 

      Il me semblait que si l'on veut savoir comment la pure nature humaine est faite, il n'y a qu'à considérer les enfants de nos rustres. Le plus poltron s'enfuit devant le plus méchant ; le plus faible est battu par le plus fort ; si un peu de sang coule, il pleure, il crie ; les larmes, les plaintes, que la douleur arrache à cette machine, font une impression soudaine sur la machine de son camarade qui le battait. Il s'arrête comme si une puissance supérieure lui saisissait la main ; il s'émeut, il s'attendrit, il embrasse son ennemi qu'il a blessé ; et le lendemain, s'il y a des noisettes à partager, ils recommenceront le combat : ils sont déjà hommes, et ils en useront ainsi un jour avec leurs frères, avec leurs femmes.

 

      Mais laissons là les enfants et les sauvages, n'examinons que bien rarement les nations étrangères, qui ne nous sont pas assez connues. Songeons à nous (1).

 

 

 

 

1 - Critique du chapitre II, livre Ier. (G.A.)

 

 

 

 

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