COMMENTAIRE SUR L'ESPRIT DES LOIS - Partie 17
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COMMENTAIRE
SUR L'ESPRIT DES
LOIS.
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- Partie 17 -
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COMMENTAIRE
SUR QUELQUES PRINCIPALES
MAXIMES
DE L'ESPRIT DES LOIS.
XXXI.
"Lorsque Louis XIII voulut être juge dans le procès du duc de La Valette... le président de Bellièvre dit qu'il voyait dans cette affaire une chose étrange, un prince opiner au procès d'un de ses sujets, etc."
L'auteur ajoute qu'alors le roi serait juge et partie ; qu'il perdrait le plus bel attribut de la souveraineté, celui de faire grâce, etc. (Pages 88 et 89, livre VI, chapitre V.)
Voilà jusqu'ici le seul endroit où l'auteur parle de nos lois dans son Esprit des lois ; et malheureusement, quoiqu'il eût été président à Bordeaux, il se trompe. C'était originairement un droit de la pairie, qu'un par accusé criminellement fût jugé par le roi, son principal pair. François II avait opiné dans le procès contre le prince de Condé, oncle de Henri IV. Charles VII avait donné sa voix dans le procès du duc d'Alençon, et le parlement même l'avait assuré que c'était son devoir d'être à la tête des juges. Aujourd'hui la présence du roi au jugement d'un pair, pour le condamner, paraîtrait un acte de tyrannie. Ainsi tout change. Quant au droit de faire grâce, dont l'auteur dit que le prince se priverait s'il était juge, il est clair que rien ne l'empêcherait de condamner et de pardonner.
Je suis obligé de m'abstenir de plusieurs autres questions, sur lesquelles j'aurais des éclaircissement à demander. Il faut être court, et il y a trop de livres. Mais je m'arrête un instant sur l'anecdote suivante.
XXXII.
"Soixante-dix personnes conspirèrent contre l'empereur Basile. Il les fit fustiger ; on leur brûla les cheveux et le poil. Un cerf l'ayant pris par sa ceinture, quelqu'un de sa suite tira son épée, coupa la ceinture, et le délivra. Il lui fit trancher la tête... Qui pourrait penser que, sous le même prince, on eût rendu ces deux jugements ?" (Page 102, livre VI, chapitre XVI.)
L'Esprit des lois est plein de ces contes, qui n'ont assurément aucun rapport aux lois. Il est vrai que dans la misérable Histoire byzantine,monument de la décadence de l'esprit humain, de la superstition la plus sotte, et des crimes de toute espèce, on trouve ce récit, tome II, page 576, traduction de Cousin.
C'est au président Cousin et au président Montesquieu à chercher la raison pour laquelle l'extravagant tyran Basile n'osa pas punir de mort les complices d'une conjuration contre lui ; et la raison ou la démence qui le força d'assassiner celui qui lui avait sauvé la vie. Mais s'il fallait rechercher pourquoi tant de plats tyrans ont commis tant d'extravagances et tant de barbaries, la vie ne suffirait pas ; et quel fruit en pourrait-il revenir ? Qu'à de commun l'inepte cruauté de Basile avec l'Esprit des lois ?