COMMENTAIRE SUR L'ESPRIT DES LOIS - Partie 10

Publié le par loveVoltaire

COMMENTAIRE SUR L'ESPRIT DES LOIS - Partie 10

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COMMENTAIRE

 

SUR L'ESPRIT DES LOIS.

 

 

 

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- Partie 10 -

 

 

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COMMENTAIRE

 

SUR QUELQUES PRINCIPALES MAXIMES

 

DE L'ESPRIT DES LOIS.

 

 

 

 

XVII.

 

 

 

 

      "M. Penn est un véritable Lycurgue." (Page 40, livre IV, chapitre VI.)

 

      Je ne sais rien de plus contraire à Lycurgue qu'un législateur et un peuple qui ont toute guerre en horreur. Je fais des vœux ardents pour que Londres ne force point les bons Pensylvaniens à devenir enfin aussi méchants que nous et que les anciens Lacédémoniens qui firent le malheur de la Grèce.

 

 

 

 

 

XVIII.

 

 

 

 

      "Le Paraguay peut nous fournir un autre exemple. On a voulu en faire un crime à la Société, qui regarde le plaisir de commander comme le seul bien de la vie. Mais il sera toujours beau de gouverner les hommes en les rendant heureux." (Page 40, livre IV, chapitre VI.)

 

      Sans doute rien n'est plus beau que de gouverner pour faire des heureux ; et c'est dans cette vue que l'auteur appelle l'ordre des jésuites, la société par excellence. Cependant M. de Bougainville nous apprend (1) que les jésuites faisaient fouetter sur les fesses les pères de famille dans le Paraguay. Fait-on le bonheur des hommes en les traitant en esclaves et en enfants ? Cette honteuse pédanterie était-elle tolérable ?

 

      Mais les jésuites étaient encore puissants quand Montesquieu écrivait (2).

 

 

 

 

1 - Voyage autour du monde, 1771-1772. (G.A.)

 

2 - L'Esprit des lois parut en 1748. (G.A.)

 

 

 

 

 

XIX.

 

 

 

 

      "Les Epidamniens, sentant leur mœurs se corrompre par leur communication avec les Barbares, élurent un magistrat pour faire tous les marchés au nom de la cité et pour la cité." (Page 41, livre IV., chapitre VI.)

 

      Les Epidamniens étaient les habitants de Dyrrachium, aujourd'hui Durazzo ; des Scythes ou des Celtes étaient venus s'établir dans le voisinage. Plutarque dit que tous les ans ces Epidamniens nommaient un commissaire entendu pour trafiquer au nom de la ville avec ces étrangers. Ce commissaire n'était point un magistrat, c'était un courtier, polétès ; mais qu'importe ? Ceux qui ont critiqué savamment l'Esprit des lois disent que si on envoyait un conseiller du parlement faire tous les marchés de la ville de Paris, le commerce n'en irait pas mieux.

 

      Mais quel rapport tant de vaines questions ont-elles avec la législation ? Est-il bien vrai que les Epidamniens aient eu le maintien des mœurs pour objet ? Comment ces Barbares auraient-ils corrompu des Grecs ? Cette institution n'est-elle pas plutôt l'effet d'un esprit de monopole ? Peut-être dira-t-on un jour que c'est pour conserver nos mœurs que nous avons établi la compagnie des Indes. Avouons avec madame du Deffand que souvent l'Esprit des lois est de l'esprit sur les lois.

 

 

 

 

 

 

 

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