LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 94

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 94

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 94)

 

 

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ROIS.

 

 

 

LIVRE III.

 

 

 

 

 

 

      Roboam, fils de Salomon (Chapitre XII, v. 1.), vint à Sichem ; car toutes les tribus y étaient assemblées pour l'établir roi ; mais Jéroboam, fils de Nabath, ayant appris en Égypte la mort du roi Salomon, revint de l'Égypte. Il se présenta donc avec tout le peuple d'Israël devant Roboam, disant : Ton père nous avait chargés d'un joug très dur : diminue donc à présent un peu de l'extrême dureté de ton père, et nous te servirons (2)... Roboam, ayant consulté des jeunes gens de sa cour, répondit au peuple : Le plus petit de mes doigts est plus gros que le dos de mon père ; si mon père vous a imposé un joug pesant, j'y ajouterai un joug plus pesant ; si mon père vous a fouettés (Chapitre XII, v. 11.) avec des verges, je vous fouetterai avec des scorpions.

 

      Le peuple voyant donc que le roi n'avait pas voulu l'entendre, lui répondit : Qu'avons-nous à faire à David, ton grand-père ? quel héritage avons-nous à partager avec le fils d'Isaï ? Allons, Israël, allons-nous en dans nos tentes. Adieu, David ; pourvois à ta maison comme tu pourras. Et tout Israël s'en alla dans ses tentes (2).

 

      Roboam ne régna donc que dans les bourgs de la tribu de Juda.

 

      Or le roi Roboam envoya l'intendant de ses tribus, nommé Aduram ; mais tout le peuple le lapida, et il en mourut... Le roi Roboam monta aussitôt sur sa charrette et s'enfuit à Jérusalem ; et tout Israël se sépara de la maison de David, comme il en est séparé encore aujourd'hui (3).

 

      Or tout Israël, sachant que Jéroboam était revenu, le constitua roi ; et personne ne suivit la maison de David, excepté la maison de Juda.

 

      Roboam, étant donc à Jérusalem, assembla la tribu de Juda et celle de Benjamin et vint avec cent quatre-vingt mille soldats choisis (4) pour combattre contre la maison d'Israël, et pour réduire tout le royaume de Roboam, fils de Salomon.

 

      Alors Dieu parla à Séméias, homme de Dieu, disant : Va parier à Roboam, fils de Salomon, roi de Juda, et à toute la maison de Juda et de Benjamin, disant : Voici ce que commande le Seigneur :Vous ne monterez point contre vos frères les enfants d'Israël ; que chacun s'en retourne chez soi ; car c'est moi qui ai dit cette parole. Ils écoutèrent tous ce discours de Dieu, et ils s'en retournèrent comme le Seigneur l'avait ordonné (5)...

 

 

 

 

 

 

 

1 - Ce Salomon était donc le plus avare Juif qui fût parmi les Juifs ; et son contrôleur général des finances méritait d'être pendu.

 

Quoi ! de son temps on marchait sur l'or et l'argent dans les rues ; nous avons vu qu'il possédait environ trente-six milliards d'argent comptant ; et le cancre accablait encore son peuple d'impôts, après lui avoir fait manger en un jour cent quatre-vingt-neuf millions deux cent mille livres de viande à seize onces la livre ! On a bien raison de dire qu'il n'y a rien de si avare qu'un prodigue.

 

Pour Roboam, qui dit que Salomon avait fouetté son peuple avec des verges, et qu'il le fouetterait avec des scorpions, c'est la réponse d'un tyran. Roboam méritait pis que ce qui lui arriva. (Voltaire.) - "Mon père vous a châtiés avec des fouets, traduit Munk, et moi je vous châtierai avec des verges piquantes." (G.A.)

 

2 - Tout Israël avait grande raison. Une nation entière n'aime point à être fouettée avec des scorpions. La maison de David n'était pas meilleure qu'une autre : c'était le fils de l'habitant d'un village ;et les autres familles avaient autant de droit que la sienne de se servir de scorpions pour fouetter le peuple ; mais Dieu choisit la famille de David.

 

3 - Ces mots, "comme il en est séparé encore aujourd'hui" (usque in prœsentem diem), prouvent que l'auteur sacré écrivait très longtemps après l'évènement. Cela prouve encore que, s'il n'était qu'un homme ordinaire, on pourrait douter de tout ce qu'il raconte ; mais il était inspiré, comme on sait.

 

Cette scission entre Israël et Juda dura toujours jusqu'à la dispersion des dix tribus, et recommença ensuite entre Samarie et Jérusalem. De là toutes les prophéties en faveur de Juda par les prophètes du parti de Juda : de là toutes ces invectives contre les ennemis de Juda, et toutes ces prédictions de la grandeur de Juda, qu'on a ensuite appliquées à Jésus fils de Marie, quand la religion chrétienne a été établie, avec tant de peine et de temps sur les ruines de la religion judaïque.

 

4 - Voilà une des exagérations incroyables qui se sont glissées dans les livres saints du peuple de Dieu (sans doute par la faute des copistes). un misérable roitelet de la dixième partie d'un petit pays barbare pouvait-il avoir une armée de cent quatre-vingt mille combattants ? Les exagérations précédentes, dit-on, sont encore plus incroyables. Il est vrai, et j'en suis très fâché. Mes deux prédécesseurs ont dit avec raison que dans ces temps-là rien ne se faisait comme aujourd'hui.

 

5 - Tous les bons critiques soupçonnent quelqu'un de ces rabbi, de ces prophètes, d'avoir écrit tous ces livres juifs. L'auteur représente toujours un prophète prédisant l'avenir et disposant du présent : mais de quelle autorité ce Juif inconnu, nommé Séméias, était-il donc revêtu pour dissiper tout d'un coup une armée de cent quatre-vingt mille hommes ? Ce prophète-là , n'était pas de la faction de Juda ; aussi n'était-il point compté parmi ceux qui ont prédit Jésus-fils de Marie en Bethléem.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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