LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 90

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 90

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

 

 

(Partie 90)

 

 

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ROIS.

 

 

 

LIVRE III.

 

 

 

 

 

 

 

      Salomon prit possession du trône de son père, et affermit son règne... Adonias alla implorer la protection de sa belle-mère Betsabée, et lui dit : Vous savez que le règne m'appartenait comme à l'aîné, et que, de plus, tout Israël m'avait choisi pour roi ; mais mon royaume a été transporté à mon frère, et le Seigneur l'a constitué ainsi : je ne demande qu'une grâce ; le roi Salomon ne vous refusera rien ; je vous prie qu'il me laisse épouser Abisag la Sunamite... Betsabée dit donc à Salomon son fils : Je te prie, donne pour femme Abisag la Sunamite à ton frère Adonias. Le roi Salomon répondit à sa mère : Pourquoi demandes-tu Abisag la Sunamite pour Adonias ? Demande donc aussi le royaume ; car il est mon frère aîné, et il a pour lui Abiathar le grand-prêtre, et le capitaine Joab (1)... Salomon jura donc (Chapitre II, v. 23 et 24) par Dieu.... disant : Je jure par Dieu, qui m'a mis sur le trône de David mon père, qu'aujourd'hui Adonias mon frère sera mis à mort. Et le roi Salomon envoya le capitaine Banaias, fils de Joïada, qui assassina Adonias, et il mourut... Cette nouvelle étant venue au capitaine Joab, qui était attaché au prince Adonias, il s'enfuit dans le tabernacle du Seigneur, et embrassa la corne de l'autel... On vint dire au roi Salomon que Joab s'était réfugié dans le tabernacle de Dieu, et qu'il s'y tenait à l'autel ; et le roi Salomon envoya aussitôt le capitaine Banaias, fils de Joïada, disant : Cours vite, va tuer Joab... Banaias alla donc au tabernacle de Dieu, et dit à Joab : Sors d'ici, que je te tue. Joab lui répondit : Je ne sortirai point ; je mourrai ici... Le capitaine Banaias alla rapporter la chose au roi. Le roi lui répondit : Fais comme je t'ai dit (2), assassine Joab et enterre-le et je ne serai pas responsable, ni moi, ni la maison de mon père, du sang innocent répandu par Joab ; que le Seigneur donne une paix éternelle à David, à sa semence, à sa maison, et à son trône... Donc le capitaine Banaias, fils de Joïada, retourna vers Joab, et l'assassina à l'autel, et il enterra Joab en sa maison dans le désert.

 

      Le roi envoya aussi vers Séméi, et lui dit : Bâtis-toi une maison dans Jérusalem, et n'en sors point pour aller d'un côté ni d'un autre ; si tu en sors jamais, et si tu passes le torrent de Cédron, je te ferai tuer au même jour.

 

      Séméi dit au roi : Cet ordre est très juste. Mais, au bout de trois ans, il arriva que les esclaves de Séméi s'enfuirent vers Achis, roi de Geth. Séméi fit aussitôt sangler son âne et s'en alla vers Achis à Geth pour redemander ses esclaves, et les ramena de Geth...

 

      Et Salomon, en ayant été averti, commanda à Banaias, fils de Joïada, d'aller tuer Sémi ; et le capitaine Banaias y alla sur-le-champ, et il assassina Séméi, qui mourut (3).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AVIS DE L'ÉDITEUR.

 

 

 

 

      "Le commentateur qui avait entrepris de continuer cet ouvrage s'est arrêté ici, ayant été appelé à la cour d'un grand prince pour être son aumônier. Un troisième commentateur s'est présenté, et a continué avec la même érudition et la même impartialité, mais avec trop de véhémence peut-être, et trop de hardiesse." (Voltaire.) - Voir l'Avertissement (.G.A)

 

 

 

 

 

 

 

1 - En tâchant de suivre mes deux prédécesseurs, j'observe d'abord que cette histoire n'a rien de commun ni avec nos saints dogmes, ni avec la foi, ni avec la charité. Le jeune Adonias demande à son frère puîné, devenu roi par la brigue de Bethsabée et du prophète Nathan, une seule grâce, qui ne tire à aucune conséquence : il veut, pour tout dédommagement du royaume qu'il a perdu, une jeune fille, une servante, qui réchauffait son vieux père ; il est si simple et de si bonne foi, qu'il implore,pour obtenir cette fille, la protection de la mère de Salomon, de cette même Bethsabée qui lui a fait perdre la couronne ; et, pour toute réponse, le sage Salomon jure par Dieu qu'il fera assassiner son frère Adonias, et sur-le-champ, sans consulter personne, il commande au capitaine Bamaias d'aller tuer ce malheureux prince. Est-ce là l'histoire du peuple de Dieu ? Est-ce l'histoire du sérail du Grand-Turc ? Est-ce celle des voleurs de grands chemins ?

 

2 - Si l'on peut ajouter un crime nouveau aux scélératesses par lesquelles Salomon commence son règne, il y ajoute un sacrilège. Le capitaine Banaias lui rapporte que Joab implore la miséricorde de Dieu dans le tabernacle, et qu'il embrasse la corne de l'autel. Cet officier n'ose commettre un assassinat dans un lieu si saint Salomon n'en est point touché ; il ordonne au capitaine de massacrer Joab à l'autel même. S'il est quelque chose d'étrange après tant d'horreurs, c'est que Dieu qui a fait périr cinquante mille hommes de la populace, et soixante et dix hommes du peuple, pour avoir regardé son arche, ne venge point ce coffre sacré, sur lequel on a égorgé le plus grand capitaine des Juifs, à qui David devait sa couronne.

 

3 - A peine Salomon, cruel fils de l'infâme Bethsabée, s'est-il signalé par l'assassinat, par le sacrilège et par le fratricide, qu'il tend un piège à ce Séméi, conseiller d'État du roi son père, il attend que ce pauvre vieillard ait sellé son âne pour aller redemander son bien, et qu'il ait passé le torrent de Cédron pour le faire tuer sous couleur de justice. Qu'on lise l'histoire de Caligula et de Néron, et qu'on voie si ces monstres ont commencé ainsi leur règne par de tels crimes. On dit que Dieu punit Salomon pour avoir offert de l'encens aux dieux de ses femmes et de ses maîtresses ; et moi j'ose croire que s'il fut enfin puni, ce fut pour ces assassinats.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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