LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 87
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LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 87)
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ROIS.
LIVRE II.
Donnez-nous sept enfants de Saül, afin que nous les fassions pendre au nom du Seigneur dans Gabaa ; car Saül était de Gabaa, et il fut l'élu du Seigneur... Et le roi David leur dit : Je vous donnerai les sept enfants... Et il prit les deux enfants de Saül et de Respha, fille d'Aja, qui s'appelaient Armoni et Miphiboseth, et cinq fils que Michol (1), fille de Saül, avait eus de son mari Hadriel... ; et il mit ces sept enfants entre les mains des Ganaonites (Chapitre XXI, v. 9.) qui les pendirent devant le Seigneur, et ils furent pendus tous ensemble au commencement de la moisson des orges (2).
Et la fureur du Seigneur (Chapitre XXIV, v. 1.) se joignit à sa fureur contre les Israélites, et elle excita David contre eux, en lui disant : Va, dénombre Israël et Juda... Le roi dit donc à Joab, chef de son armée : Promène-moi dans toutes les tribus d'Israël, depuis Dan jusqu'à Bersabée : dénombre le peuple, afin que je sache son nombre... Et Joab ayant parcouru toute la terre pendant neuf mois et vingt jours, il donna au roi le dénombrement du peuple, et l'on trouva dans les tribus d'Israël huit cent mille hommes robustes tirant l'épée, et dans Juda cinq cent mille combattants... Le lendemain au matin, David s'étant levé, la parole de Dieu s'adressa au prophète Gad, lequel était le devin, le voyant de David. Dieu dit à Gad : Va, et parle ainsi à David : Voici ce que dit le Seigneur : De trois choses choisis-en une, afin que je te la fasse : ou tu auras la famine sur la terre pendant sept ans ; ou tes ennemis te battront, et tu fuiras pendant trois mois ; ou la peste sera dans ta terre pendant trois jours : délibère, et vois ce que tu veux que je dise à Dieu qui m'a envoyé (3).
1 - Ou mieux, Mérob. (G.A.)
2 - Le Lord Bolingbroke, MM. Fréret et Huet, s'élèvent contre cette action avec une force qui fait trembler : ils décident que de tous les crimes de David celui-ci est le plus exécrable. David, dit M. Huet, cherche un infâme prétexte pour détruire, par un supplice infâme toute la race de son roi et de son beau-père ; il fait pendre jusqu'aux enfants que sa propre femme Michol eut d'un autre mari, lorsqu'il la répudia : il les livre, pour être pendus, entre les mains d'un petit peuple qui ne devait nullement être à craindre, puisque alors David est supposé être vainqueur de tous ses ennemis. Il y a dans cette action non-seulement une barbarie qui ferait horreur aux sauvages, mais une lâcheté dont le plus vil de tous les hommes ne serait pas capable. A cette lâcheté et à cette fureur David joint encore le parjure, car il avait juré à Saül de ne jamais ôter la vie à aucun de ses enfants. Si, pour excuser ce parjure, on dit qu'il ne les pendit pas lui-même, mais qu'il les donna aux Gabaonites pour les pendre, cette excuse est aussi lâche que la conduite de David même, et ajoute encore un degré de scélératesse.
De quelque côté qu'on se tourne, on ne trouve dans toute cette histoire que l'assemblage de tous les crimes, de toutes les perfidies, de toutes les infamies, au milieu de toutes les contradictions.
Ces reproches sanglants font dresser les cheveux à la tête. Le R.P dom Calmet repousse ces invectives en disant "que David avait ordre de la part de Dieu qu'il avait consulté, et que David ne fut ici que l'exécuteur de la volonté de Dieu ;" et il cite Estius, Grotius et les Antiquités de Flavius Josephe.
3 - Il y a beaucoup de choses importantes à remarquer dans cet article. D'abord le texte de la Vulgate dit expressément que la fureur de Dieu redoublée inspira David, et le porta, par un ordre positif, à faire ce dénombrement, que Dieu punit ensuite par le fléau le plus destructif. C'est ce qui fournit un prétexte à tant d'incrédules de dire que Dieu est souvent représenté chez les Juifs comme ennemi du genre humain, et occupé de faire tomber les hommes dans le piège.
Secondement, le Seigneur a lui-même ordonné trois dénombrements dans le Pentateuque.
Troisièmement, rien n'est plus utile et plus sage, comme rien n'est plus difficile, que de faire le dénombrement exact d'une nation ; et non-seulement cette opération de David est très prudente, mais elle est sainte, puisqu'elle lui est ordonnée par la bouche de Dieu même.
Quatrièmement, tous les incrédules crient à l'exagération, à l'imposture, au ridicule, d'admettre à David treize cent mille soldats dans un si petit pays : ce qui ferait, en comptant seulement pour soldats le cinquième du peuple, six millions cinq cent mille âmes, sans compter les Cananéens et les Philistins qui venaient tout récemment de livrer quatre batailles à David, et qui étaient répandus dans toute la Palestine.
Cinquièmement, le livre des Paralipomènes, qui contredit très souvent le livre des Rois, compte quinze cent soixante et dix mille soldats : ce qui monterait à un nombre bien plus prodigieux encore et plus incroyable.
Les commentateurs succombent sous le poids de ces difficultés, et nous aussi. Nous ne pouvons que prier l'Esprit saint qu'il daigne nous éclairer.
Sixièmement, les critiques malintentionnés, comme Meslier, Boulanger et autres, pensent qu'il y a une affectation puérile, ridicule, indigne de la majesté de Dieu, d'envoyer le prophète Gad au prophète David, pour lui donner à choisir l'un des trois fléaux pendant sept ans, ou pendant trois mois, ou pendant trois jours. Ils trouvent dans cette cruauté une dérision, et je ne sais quel caractère de conte oriental qui ne devrait pas être dans un livre où l'on fait agir et parler Dieu à chaque page. (Voltaire.) - Selon Munk, David est coupable d'avoir voulu établir une armée permanente. (G.A.)