LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 85
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LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 85)
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ROIS.
LIVRE II.
(Chapitre XIV, v. 25.) Or il n'y avait point d'homme dans tout Israël plus beau qu'Absalon ; il n'avait pas le moindre défaut depuis les pieds jusqu'à la tête ; et lorsqu'il tondait ses cheveux, qu'il ne tondait qu'une fois l'an, parce que le poids de ses cheveux l'embarrassait, le poids de ses cheveux était de deux cents sicles...
Absalon demeura deux ans à Jérusalem sans voir la face du roi... Ensuite il fit dire à Joab de venir le trouver, pour le prier de le remettre entièrement dans les bonnes grâces du roi son père ; mais Joab ne voulut pas venir chez Absalon... ; et étant mandé une seconde fois, il refusa encore de venir... Absalon dit alors à ses gens : Vous savez que Joab a un champ d'orge auprès de mon champ ; allez, et mettez-y le feu... Et les gens d'Absalon brûlèrent la moisson de Joab... Joab alla trouver Absalon dans sa maison, et lui dit : Pourquoi tes valets ont-ils mis le feu à mon orge ? Absalon répondit à Joab : Je t'ai fait prier de me venir voir, afin de me raccommoder avec le roi ; je t'en prie, fais-moi voir la face du roi, et s'il se souvient encore de mon iniquité, qu'il me tue (1).
Joab alla donc parler au roi, qui appela Absalon ; et Absalon s'étant prosterné, le roi le baisa...
(Chapitre XV, v. 1.) Ensuite Absalon se fit faire des chariots ; il assembla des cavaliers, et cinquante hommes qui marchaient devant lui... Et il fit une grande conjuration, et le peuple s'attroupa auprès d'Absalon...
Et quarante ans après, Absalon dit à David : Il faut que j'aille à Hébron, pour accomplir un vœu que j'ai voué au Seigneur dans Hébron. Et David dit à Absalon : Va-t'en en paix. Et Absalon s'en alla dans Hébron ; et Absalon fit publier dans tout Israël, au son de la trompette, qu'il régnait dans Hébron.
David dit à ses officiers qui étaient avec lui à Jérusalem : Allons, enfuyons-nous vite, hâtons-nous de sortir, de peur qu'on ne nous frappe dans la bouche du glaive... Le roi David sortit donc avec tout son monde, en marchant avec ses pieds, laissant seulement dix de ses concubines pour garder la maison... Ainsi étant sorti avec ses pieds, suivi de tout Israël, il s'arrêta loin de sa maison, et tous ses officiers marchaient auprès de lui ; et les troupes des Céréthins, des Phélétins, et six cents Géthéens, très courageux, marchaient à pied devant lui (2)...
Tout le peuple pleurait à haute voix ; et le roi passa le torrent de Cédron ; et tout le peuple s'en allait dans le désert 3)...
Après que David fut monté au haut du mont (Chapitre XVI, v. 1.), Siba, intendant de la maison de Miphiboseth, petit-fils de Saül, vint au-devant de lui avec deux ânes chargés de deux cents pains, de cent cabas de figues, de cent paquets de raisins secs, et d'une peau de bouc pleine de vin.
Le roi lui dit : Où est Miphiboseth, le fils de votre ancien maître Jonathas ? Siba répondit au roi : Miphiboseth est resté dans Jérusalem, disant : Aujourd'hui Israël me rendra le royaume de mon père. Le roi dit à Siba : Eh bien ! je te donne tous les biens de Miphiboseth.
Or, le roi David étant venu jusqu'à Bahurim, il sortit un homme de la maison de Saül, nommé Séméi, qui le maudit et lui jeta des pierres et à tous ses gens, pendant que tout le peuple et tous les guerriers marchaient à côté du roi à droite et à gauche... Et il maudissait le roi en lui disant : Va-t'en, homme de sang ; va-t'en, homme de Bélial.
1 - M. Huet dit que cette conduite d'Absalon avec Joab est moins horrible que tout le reste, mais qu'elle est excessivement ridicule ; que jamais on ne s'est avisé de brûler les orges d'un général d'armée, d'un secrétaire d'État, pour avoir une conversation avec lui ; que ce n'est pas là le moyen d'avoir des audiences. Il va jusqu'à la raillerie : il dit que le capitaine Joab ne fit pas ses orges avec Absalon. Cette plaisanterie est froide ; il ne faut pas tourner la sainte Écriture en raillerie.
2 - Le lord Bolingbroke raconte que le général Widers, qui s'était tant signalé à la fameuse bataille de Bienheim, entendant un jour son chapelain lire cet endroit de la Bible, lui arracha le livre, et lui dit : Par D..., chapelain, voilà un grand poltron et un grand misérable que ton David, de s'en aller pieds nus avec son beau régiment de Géthéens : par D..., j'aurais fait volte-face ; jarni D... j'aurais couru à ce coquin d'Absalon ; mord..., je l'aurais fait pendre au premier poirier.
Le discours et les jurements de ce Wilders sont d'un soldat ; mais il avait raison dans le fond, quoique ses paroles soient fort irrévérencieuses.
3 - Si l'auteur sacré n'avait été qu'un écrivain ordinaire, il aurait détaillé la rébellion d'Absalon ; il aurait dit quelles étaient les forces de ce prince ; il nous aurait appris pourquoi David, ce grand guerrier, s'enfuit de Jérusalem avant que son fils y fût arrivé. Jérusalem était-elle fortifiée, ne l'était-elle pas ? Comment tout le peuple qui suit David ne fait-il pas résistance ? Est-il possible qu'un homme aussi impitoyable que David, qui vient de scier en deux, d'écraser sous des herses, de brûler des fours ses ennemis vaincus, s'enfuie de sa capitale en pleurant comme un sot enfant, sans faire la moindre tentative pour réprimer un fils criminel ? Comment, étant accompagné de tant d'hommes d'armes, et de tous les habitants de Jérusalem, ce Séméi lui jeta-t-il des pierres impunément tout le long du chemin ?
C'est sur de telles incompatibilités que les Tilladet, les Leclerc, les Astruc, ont pensé que nous n'avons que des extraits informes des livres juifs. Les auteurs de ces extraits écrivaient pour des Juifs qui étaient au fait des affaires ; ils ne savaient pas que leurs livres seraient lus un jour par des Bretons et par des Gaulois.
A l'égard de ce pauvre Miphiboseth, fils de Jonathas, fils de Saül, comment ce boiteux espérait-il de régner ? Comment David qui n'a plus rien, qui ne peut plus disposer de rien, donne-t-il tout le bien du prince Miphiboseth a son domestique Siba ? Fréret dit que si ce prince Miphiboseth avait un intendant (ce qui est difficile à croire), cet intendant se serait emparé du bien de son maître sans attendre la permission du roi David.