LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 84

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 84

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 84)

 

 

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ROIS.

 

 

 

LIVRE II.

 

 

 

 

 

 

 

      Immédiatement après, Amnon, fils de David, aima sa sœur appelée Thamar (Chapitre XIII, v.1.), sœur aussi d'Absalon, fils de David ; et il l'aima, si fort qu'il en fut malade ; car comme elle était vierge, il était difficile qu'il fît rien de malhonnête avec elle... Or Amnon avait un ami fort prudent, qui s'appelait Jonadab, et qui était propre neveu de David. Et Jonadab dit à Amnon : Pourquoi maigris-tu, fils de roi ? que ne m'en dis-tu la cause ? Amnon lui dit : C'est que j'aime ma sœur Thamar, sœur de mère de mon frère Absalon (1).

 

      Jonadab lui ayant donné conseil... et Thamar étant venue chez son frère Amnon qui était couché dans son lit... Amnon se saisit d'elle, et lui dit : Viens, couche avec moi, ma sœur. Elle lui répondit : Non, mon frère, ne me violente pas : cela n'est pas permis dans Israël ; ne me fais pas de sottises ; car je ne pourrais supporter cet opprobre, et tu passerais pour un fou dans Israël... Demande-moi plutôt au roi en mariage, et il ne refusera pas de me donner à toi...

 

      Amnon ne voulut point se rendre à ses prières ; étant plus fort qu'elle, il la renversa et coucha avec elle ; et ensuite il conçut pour elle une si grande haine, que sa haine était plus grande que ne l'avait été son amour ; et il lui dit : Lève-toi et va-t-en. Thamar lui dit : Le mal que tu me fais à présent est encore plus fort que le mal que tu m'as fait. Mais Amnon, ayant appelé un valet, lui dit : Chasse de ma chambre cette fille, et ferme la porte sur elle (2)...

 

      Absalon, fils de David, ne parla à son frère Amnon de cet outrage ni en bien ni en mal ; mais il le haïssait beaucoup, parce qu'il avait violé sa sœur Thamar.

 

      Et il donna ordre à ses valets que, dès qu'ils verraient Amnon pris de vin dans un festin, ils l'assassinassent en gens de cœur... Les valets firent à Amnon ce qu'Absalon leur avait commandé, et aussitôt tous les enfants du roi s'enfuirent chacun sur sa mule (3).

 

 

 

 

 

 

1 - M. Huet s'exprime bien violemment sur cet inceste d'Amnon, et sur tous les crimes qui en résultèrent. "On ne sort, dit-il, d'une horreur que pour en rencontrer une autre dans cette famille de David."

 

L'histoire profane rapporte des incestes qui ont quelque ressemblance avec celui d'Amnon ; et il n'est pas à présumer que les uns aient été copiés des autres; car, après tout, de pareilles impudicités n'ont été que trop communes chez toutes les nations. Mais ce qu'il y a ici d'étrange, c'est qu'Amnon confie sa passion criminelle à son cousin germain Jonadab. Il fallait que la famille de David fût bien dissolue, pour qu'un de ses fils, qui pouvait avoir tant de concubines à son service, voulût absolument jouir de sa propre sœur, et que son cousin germain lui en facilitât les moyens.

 

2 - Ce qu'il y a bien plus étrange encore, c'est que Thamar dit à son frère : "Demande-moi en mariage, etc." Le Lévitique défend expressément, au chapitre XVIII, de révéler la turpitude de sa sœur. Mais quelques Juifs prétendent qu'il était permis d'épouser la sœur de père, et non pas de mère. C'était tout le contraire chez les Athéniens et chez les Égyptiens : ils ne pouvaient épouser que leur sœur de mère ; il en fut de même, dit-on, chez les Perses.

 

Il fallait bien que les Hébreux fussent dans l'usage d'épouser leurs sœurs, puisque Abraham dit à deux rois qu'il avait épousé la sienne. Il se peut que plusieurs Juifs aient fait depuis comme le père des croyants disait qu'il avait fait. Le chapitre XVIII du Lévitique, après tout, ne défend que de révéler la turpitude de sa sœur ; mais quand il y a mariage, il n'y a plus turpitude. Le Lévitique pouvait très bien avoir été absolument inconnu des Juifs pendant leur sept servitudes : et ce peuple, qui n'avait pas de quoi aiguiser ses serpettes, et qui n'avait eu si longtemps ni feu ni lieu, pouvait fort bien n'avoir point de libraire, puisqu'on ne trouva que longtemps après le Pentateuque, sous le melch Josias.

 

3 - C'est une grande impureté de coucher avec sa sœur, c'est une extrême brutalité de la renvoyer ensuite avec outrage ; mais c'est sans doute un crime encore beaucoup plus grand d'assassiner son frère dans un festin. Il est triste de ne voir que des forfaits dans toute l'histoire de Saül et de David.

 

Tous les frères d'Absalon, témoins de ce fraticide, sortent de table et montent sur leurs mules, comme s'ils craignaient d'être assassinés ainsi que leur frère Amnon.

 

C'est la première fois qu'il est parlé de mulets dans l'histoire juive. Tous les princes d'Israël, avant ce temps, sont montés sur des ânes. Le père Calmet dit que "les mulets de Syrie ne sont pas produits de l'accouplement d'un âne et d'une jument, et qu'ils sont engendrés d'un mulet et d'une mule." Il cite Aristote : "mais il vaudrait mieux, sur cette affaire, consulter un bon muletier." Nous avons vu plusieurs voyageurs qui assurent qu'Aristode s'est trompé, et qu'il a trompé Calmet. Il n'y a point de naturaliste aujourd'hui qui croie aux prétendues races de mulets.

 

Un bourriquet fait un beau mulet à une cavale ; la nature s'arrête là, et le mulet n'a pas le pouvoir d'engendrer. Pourquoi donc la nature lui a-t-elle donné l'instrument de la génération ? On dit qu'elle ne fait rien en vain ; cependant l'instrument du mulet devient la chose du monde la plus vaine : il en est des parties du mulet comme des mamelles des hommes ; ces mamelles sont très inutiles, et ne servent qu'à figurer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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