LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 81
Photo de PAPAPOUSS
LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 81)
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ROIS.
LIVRE II.
Isboseth, fils de Saül (Chapitre II, v. 10.), avait quarante ans lorsqu'il commença à régner sur Israël, et il régna deux ans, et il n'y avait que la tribu de Juda qui suivît le parti de David, et David demeura à Hébron sept ans et demi...
Il y eut donc une longue guerre (Chapitre III, v. 1.) entre la maison de Saül et la maison de David...
Or Saül avait eu une concubine nommée Respha, fille d'Aja ; et le roi Isboseth dit à son capitaine Abner : Pourquoi es-tu entré dans la concubine de mon père ? Le capitaine Abner, en colère, répondit au roi Isboseth : Comment donc! Tu me traites aujourd'hui comme une tête de chien ! moi qui t'ai soutenu contre la tribu de Juda après la chute de ton père et de tes frères ! Il t'appartient bien de me chercher querelle pour une femme (1) ! Que Dieu me traite encore plus mal que toi, si je ne donne à David ton trône comme Dieu a juré de le lui donner, et si je ne transfère le règne de la maison de Saül à celle de David, depuis Dan jusqu'à Bersabée.
Isbosteth n'osa répondre à Abner, parce qu'il le craignait... Après cela, Abner parla aux anciens d'Israël... Il alla trouver David à Hébron, et il arriva accompagné de vingt hommes ; et David lui fit un festin... Mais Joab, étant sorti d'auprès de David, envoya après Abner, sans que David le sût ; et lorsqu'il fut arrivé à Hébron, il tira Abner à part, et le tua en trahison en le perçant par les parties génitales...
Le roi Isboseth, fils de Saül (Chapitre IV, v. 1.) ayant appris qu'Abner avait été tué à Hébron, perdit courage (2)... Or, Isboseth avait à son service deux capitaines de voleurs, dont l'un s'appelait Baana, et l'autre Rechab.
Or Rechab et Baana entrèrent la nuit dans la maison d'Isboseth, et le tuèrent dans son lit, et ayant marché toute la nuit par le chemin du désert, ils présentèrent à David la tête d'Isboseth, fils de Saül... David commanda à ses gens de les tuer, et ils les tuèrent (3)...
Alors le roi David, avec ses suivants (Chapitre V, v.6.) marcha contre Jérusalem, habitée par des Jébuséens...
Or David habita dans la forteresse; et il l'appela la cité de David, et il bâtit des édifices tout autour...
Hiram, roi de Tyr, envoya des ambassadeurs à David avec du bois de cèdre, des charpentiers et des maçons pour lui faire une maison...
Il prit donc encore de nouvelles concubines et de nouvelles femmes ; et il en eut des fils et des filles (4)...
1 - Tout rentre ici pour la première fois dans le train des choses ordinaires. L'intervention du ciel ne dispose plus du gouvernement, on ne voit plus de ces aventures que les incrédules traitent de romanesques, et dans lesquelles les sages commentateurs reconnaissent la simplicité des temps antiques ; tout se fait, comme partout ailleurs, par les passions humaines. Le roi Isboseth est mécontent de son général Abner, et Abner, mécontent de son roi, le trahit pour se donner à David. Joab, général de David, est jaloux d'Abner, Il craint d'être supplanté par lui, et il l'assassine. Deux chefs de voleurs qui ont vendu leurs services au roi Isboseth, l'ayant massacré, croient qu'ils obtiendront une grande récompense de David son compétiteur. David, pour se dispenser de les payer, les fait assassiner eux-mêmes. Il semble qu'on lise l'histoire des successeurs d'Alexandre, que signalèrent les mêmes perfidies et les mêmes cruautés sur un plus grand théâtre.
2 - Il faut qu'il y ait ici quelque méprise de la part des copistes ; car il n'est pas possible que le roi Isboseth ait perdu courage uniquement parce qu'on avait assassiné son nouvel ennemi Abner ; il perdit sans doute courage quand son général Abner l'abandonna pour passer au service de son compétiteur David. Il y a quelque chose d'oublié ou de transposé dans le texte. Plusieurs incrédules nous reprochent de recourir si fréquemment à la ressource d'imputer tant de fautes aux copistes ; ils affirment qu'il était aussi aisé à l'Esprit saint de conduire la plume des scribes que celle des auteurs. Nous les confondons en disant que les scribes n'étaient pas sacrés, et que les auteurs juifs l'étaient.
3 - C'est une excellente politique ; on pourrait la comparer à celle de César, qui fit mourir les assassins de Pompée, s'il était permis de comparer les petits événements d'un pays aussi chétif que la Palestine aux grandes révolutions de la république romaine. Il est vrai qu'Isobeth est fort peu de chose devant Pompée ; mais l'histoire de Pompée et de César n'est que profane, et l'on sait que la juive est divine. Cela est sans réponse.
4 - A cette époque de la prise de Jérusalem commence le véritable établissement du peuple juif, qui jusque-là n'avait jamais été qu'une horde vagabonde, vivant de rapine, courant de montagne en montagne, et de caverne en caverne, sans avoir pu s'emparer d'une seule place considérable, forte par son assiette. Jérusalem est située auprès du désert, sur le passage de tous les Arabes qui vont trafiquer en Phénicie. Le terrain, à la vérité, n'est que de cailloux, et ne produit rien ; mais les trois montagnes sur lesquelles est bâtie la ville en faisaient une place très importante. On voit que David manquait de tout pour y bâtir des maisons convenables à une capitale, puisque Hiram, roi de Tyr, lui envoya du bois, des charpentiers, et des maçons ; mais on ne voit pas comment David put payer Hiram, ni quel marché il fit avec lui. David était à la tête d'une nation longtemps esclave, qui devait être très pauvre. Le butin qu'il avait fait dans ses courses ne devait pas l'avoir beaucoup enrichi, puisqu'il n'est parlé d'aucune ville opulente qu'il ait pillée. Mais enfin, quoique l'histoire juive ne nous donne aucun détail de l'état où était alors la Judée, quoique nous ne sachions point comment David s'y prit pour gouverner ce pays, nous devons toujours le regarder comme le seul fondateur.
Dès qu'il se vit maître de la forteresse de Jérusalem, et de quinze à vingt lieues de pays, il commença par avoir de nouvelles concubines et de nouvelles femmes, à l'imitation des plus grands rois de l'Orient.