LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 79

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LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 79

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 79)

 

 

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ROIS.

 

 

 

LIVRE PREMIER.

 

 

 

 

 

 

 

 

      (Chapitre XXVIII, v. 2.) Et il dit à David : Je ne confierai qu'à toi la garde de ma personne (1)...

 

      Or, les Philistins s'étant assemblés, Saül ayant aussi assemblé ses gens vers Gelboé, et ayant vu les Philistins, il trembla de peur. Il consulta le Seigneur ; mais il ne lui répondit rien, ni par les songes, ni par les prêtres, ni par les prophètes (2).

 

      Et il dit à un de ses gens (idem, v. 7.) : Va me chercher une femme (une ventriloque) qui ait un ob, un esprit de Python (3)... La femme lui dit : Qui voulez-vous que j'évoque ? Saül lui dit : Évoque -moi Samuel (4). Or, comme la femme eut vu Samuel, elle cria d'une voix grande : Pourquoi m'as-tu trompée ; car tu es Samuel ? Le roi lui dit : Ne crains rien : qu'as-tu vu ? Elle répondit : J'ai vu des dieux montant de la terre. Saül lui dit : Comment est-il fait ? Elle dit : C'est un vieillard qui est monté ; il est vêtu d'un manteau. Et Saül vit bien que c'était Samuel. Et il s'inclina la face en terre, et il l'adora.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Voilà David qui, d'écuyer et de gendre de Saül son roi, devient formellement capitaine des gardes de l'ennemi d'Israël; il est difficile, nous l'avouons avec douleur, de justifier cette conduite selon le monde ; mais selon les desseins inscrutables de Dieu, et selon la barbarie abominable de ces temps-là, nous devons suspendre notre jugement, et tâcher d'être justes dans le temps où nous sommes, sans examiner ce qui était juste ou injuste alors.

 

2 - Il est défendu dans le Deutéronome d'expliquer les songes ; mais Dieu se réservait le droit de les expliquer lui-même. Aujourd'hui, un général d'armée qui déterminerait ses opérations de campagne sur un songe, ne serait pas regardé comme un homme bien sensé. Mais, nous l'avons déjà dit, ces temps-là n'ont rien de commun avec les nôtres.

 

3 - Les devins, les sorciers, les pythonisses, les prophètes, dans tous les pays, ont toujours affecté de parler du creux de la poitrine, et de former des sons qui ont quelque chose de sombre et de lugubre : ils se disaient tous agités d'un esprit qui les faisait parler autrement que les autres hommes, et la populace se laissait prendre à ces infâmes simagrées, qui effrayaient les femmes et les enfants. Les premiers prophètes des Cévennes, vers l'an 1704, parlaient tous du creux de la poitrine, et traînait un peuple fanatique après eux. Il n'en était pas ainsi des vrais prophètes du Seigneur.

 

Saül demande une femme qui ait un ob ; la Vulgate dit un esprit de Python. Les profonds mythologistes, qui ont sérieusement examiné l'histoire de Typhon, frère d'Osiris et d'Isis, ont conclu savamment qu'il était le même que le serpent Python. Le judicieux Bochart assure pourtant que Typhon était le même qu'Encelade. Leur histoire est aussi confuse que le reste de la mythologie.

 

Il n'est pas aisé de savoir si Jupiter se battit contre Typhon et le foudroya, ou si Apollon tua Python à coups de flèches. Quoi qu'il en soit, la pythie, ou la pythonisse de Delphes, rendait des oracles de temps immémorial. Non-seulement elle était ventriloque, mais elle recevait l'inspiration dans son ventre. Elle s'asseyait sur un triangle de bois ou de fer : une exhalaison qui sortait de la terre, et qui entrait dans sa matrice, lui faisait connaître le passé et l'avenir. La réputation de cet oracle pénétra dans l'Asie-Mineure, dans la Syrie, et enfin jusque dans la Palestine. Il est très vraisemblable que la pythonisse d'Endor était une de ces gueuses qui tâchaient de gagner leur vie à imiter comme elles pouvaient la pythie de Delphes.

 

Le texte nous dit donc que Saül se déguisa pour aller consulter cette misérable. Il n'y a rien que de très ordinaire dans cette conduite de Saül. Nous avons vu dans plusieurs endroits qu'il n'y a point de pays où la friponnerie n'ait abusé de la crédulité, point d'histoire ancienne qui ne soit remplie d'oracles et de prédictions. Longtemps avant Balaam on a prédit l'avenir ; depuis Balaam on le prédit toujours ; et depuis Nostradamus on ne le prédit plus guère. (Voltaire.) - Voyez, dans le Dictionnaire philosophique, l'article ENCHANTEMENT, IIe section. (G.A.)

 

4 - Il y avait un an ou deux que Samuel était mort, lorsque Saül s'adressa à la pythonisse pour évoquer ses mânes, son ombre. Mais comment évoquait-on une ombre ? Nous croyons avoir prouvé ailleurs que rien n'était plus naturel ni plus conforme à la sottise humaine. On avait vu dans un songe son père, ou sa mère, ou ses amis, après leur mort ; ils avaient parié dans ce songe : nous leur avions répondu : nous avions voulu, en nous éveillant, continuer la conversation, et nous n'avions plus trouvé à qui parler. Cela était désespérant ; car il nous paraissait très certain que nous avions parlé à des morts, que nous les avions touchés ; il y avait donc quelque chose d'eux qui subsistait après la mort, et qui nous avait apparu : ce quelque chose était une âme, c'était une ombre, c'étaient des mânes. Mais tout cela s'enfuyait au point du jour ; le champ du coq faisait disparaître toutes les ombres. Il ne s'agissait plus que de trouver quelqu'un d'assez habile pour les rappeler pendant le jour, et le plus souvent pendant la nuit. Or, sitôt que des imbéciles voulurent voir des âmes et des ombres, il y eut bientôt des charlatans qui les montrèrent pour de l'argent. On cacha souvent une figure dans le fond d'une caverne, et on la fit paraître par le moyen d'un seul flambeau derrière elle.

 

La pythonisse d'Endor n'y fait pas tant de façon : elle dit qu'elle voit une ombre ; et Saül la croit sur sa parole. Partout ailleurs que dans la sainte Écriture, cette histoire passerait pour un conte de sorcier assez mal fait : mais puisqu'un auteur sacré l'a écrite, elle est indubitable ; elle mérite autant de respect que tout le reste. Saint Justin ne doute pas, dans son Dialogue contre Tryphon, que les magiciens n'évoquassent quelquefois les âmes des justes et des prophètes qui étaient tous en enfer, et qui y demeurèrent jusqu'à ce que Jésus-Christ vînt les en tirer, comme l'assurent plusieurs Pères de l'Église.

 

Origène est fortement persuadé que la pythonisse d'Endor fit venir Samuel en corps et en âme.

 

Le plus grand nombre des commentateurs croit que le diable apparut sous la figure de Samuel. Nous ne prenons parti ni pour ni contre le diable.

 

Le R.P. dom Calmet prouve la vérité de l'histoire de la pythonisse, par l'exemple d'un Anglais qui avait le secret de parler du vent. M. Boulanger dit que Calmet devait s'en tenir à ses vampires. (Voltaire.) - Dom Calmet est auteur d'une dissertation sur les Vampires. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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