LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 77

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 77

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 77)

 

 

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ROIS.

 

 

 

LIVRE PREMIER.

 

 

 

 

 

 

 

 

      Les Philistins voyant que le plus fort d'entre eux était mort, ils s'enfuirent...

 

      Et David prit la tête du Philistin ; il la porta dans Jérusalem, et il mit ses armes dans sa tente...

 

      Or, lorsque Saül avait vu que David marchait contre le Philistin, il dit à Abner, prince de sa milice : Quel est ce jeune homme ? de quelle famille est-il ? Abner lui répondit : Vive ton âme ! ô roi ! je n'en sais rien. Le roi lui dit : Va l'interroger ; il faut savoir de qui cet enfant est fils... Et lorsque David fut retourné du combat après avoir tué le Philistin, Abner le présenta au roi, tenant en sa main la tête de Goliath... Et Saül lui dit : De quelle famille es-tu ? David lui dit : Je suis un des fils d'Isaï, ton serviteur de Bethléem (1).

 

      (Chapitre XVIII, v. 6.) Or, quand David revenait après avoir tué le Philistin, les femmes sortirent de toutes les villes d'Israël, chantant en chœur et dansant au-devant du roi Saül, avec des flûtes, des tambours, et des instruments à trois cordes ; elles chantaient dans leurs chansons : Saül en a tué mille, et David dix mille.

 

      Cette chanson mit Saül dans une grande colère... Le lendemain le souffle malin du Seigneur s'empara de Saül ; il prophétisait au milieu de sa maison ; et David jouait de la harpe devant lui comme à l'accoutumée ; et Saül tenait sa lance ; il la jeta contre David pour le clouer à la muraille. David se détourna et évita le coup deux fois (2)...

 

      Le temps étant venu que Saül devait donner Mérob, sa fille, en mariage à David, il la donna en mariage à Hadriel, Molathite. Mais Michol, autre fille de Saül, était amoureuse de David ; cela fut rapporté à Saül, et il en fut bien aise ; car il dit : Je lui donnerai celle-ci ; elle lui sera pierre d'achoppement, elle le fera tomber dans les mains des Philistins. Or donc, dit-il à David, tu seras mon gendre à deux conditions... Et ensuite il lui fit dire par ses officiers : Le roi n'a point besoin de présent de noces pour sa fille, il ne te demande que cent prépuces des Philistins... Quelques jours après David marcha avec ses soldats ; il tua deux cents Philistins, et apporta au roi deux cents prépuces, qu'il compta devant lui ; et Saül lui donna sa fille Michol...

 

      Alors Saül ordonna (Chapitre XIX, v.1.) à Jonathas, son fils, et à tous ses serviteurs, de tuer David ; mais Jonathas aimait beaucoup David, et il lui donna avis que son père voulait le tuer (3).

 

      Or il arriva que le souffle malin du Seigneur se saisit encore de Saül ; et Saül étant dans sa maison comme David harpait de la harpe, il voulut le clouer contre la muraille avec sa lance, et David s'enfuit.

 

      Saül envoya ses gardes dans la maison de David pour le tuer le lendemain matin... Michol, sa femme, le fit sauter par une fenêtre, et il s'enfuit...

 

      Michol aussitôt prit un téraphim, le coucha dans son lit à la place de David, et lui mit sur la tête une peau de chèvre (4)...

 

      David s'enfuit donc et se sauva, et alla trouver Samuel à Ramatha. Cela fut rapporté à Saül, qui envoya des archers pour prendre David. Mais les archers ayant vu une troupe de prophètes qui prophétisaient, et Samuel qui prophétisait par-dessus eux, ils furent saisis eux-mêmes du souffle du Seigneur, et ils prophétisèrent aussi...

 

      Saül en ayant été averti envoya d'autres archers, et ils prophétisèrent de même.

 

      Il en envoya encore ; et ils prophétisèrent tout comme les autres. Enfin il y alla lui-même ; et le souffle du Seigneur fut sur lui, et il prophétisa pendant tout le chemin... Il se dépouilla de ses habits, prophétisa avec tous les autres devant Samuel, et resta tout nu le jour et la nuit. C'est de là qu'est venu le proverbe : Saül est donc aussi devenu prophète (5).

 

 

 

 

 

 

 

1 - Il est plus difficile de répondre à ceux qui ne peuvent comprendre comment Saül ignore quel est ce David, comment il ne reconnaît point son joueur de harpe, son écuyer, qui portait ses armes. Nous n'avons point de solution pour cette difficulté ; mais considérons que ces contradictions ne sont qu'historiques, et qu'elles ne touchent ni à la foi ni aux bonnes mœurs.

 

On ne peut comprendre encore comment David porta la tête de Goliath à Jérusalem, qui n'appartenait point alors au peuple de Dieu ; mais c'est une anticipation ; il se peut que David, s'étant emparé plusieurs années après de la place de Jérusalem, y ait porté le crâne de Goliath. (Voltaire.) - "Ce passage est une interpolition," dit Munk (G.A.)

 

2 - L'auteur sacré nous représente ici Saül dans un accès de folie. Quelques commentateurs disent que ce n'était qu'un accès de colère, et qu'il était jaloux de la chanson qu'on chantait à l'honneur de David, et surtout de ce qu'il avait été oint en secret.

 

3 - M. Huet d'Angleterre trouve de la contradiction dans la conduite de Saül, qui veut toujours tuer David, qui est jaloux de lui, et qui lui donne sa fille Michol en mariage. Mais il est dit que Saül était possédé d'un esprit malin. Lorsque le roi de France, Charles VI, donna sa fille au roi d'Angleterre son ennemi, on avoue qu'il était fou. A l'égard des deux cents prépuces, chaque pays a ses usages : on apporte aux Turcs des têtes, on apportait aux Scythes des crânes, on apporte aux Iroquois des chevelures.

 

4 - Voilà la guerre déclarée entre Saül et David : le beau-père craint toujours que le gendre ne le détrône ; cela ne peut être autrement. Quand Samuel a oint deux rois, deux christs, il a excité nécessairement une guerre civile. Michol sauve son mari en mettant une figure dans son lit, coiffée d'une peau de chèvre : cette peau de chèvre était-elle le bonnet de nuit ordinaire de David ? c'était un téraphim ; mais un téraphim était, dit-on, une idole. Michol faisait-elle coucher des idoles avec elle ? voulait-elle que les satellites envoyés par Saül prissent cette idole pour son mari ? voulait-elle que la peau de chèvre fût prise pour la chevelure rousse de David ? C'est sur quoi les commentateurs ne s'accordent pas.

 

5 - L'auteur sacré a déjà donné une autre origine à ce proverbe. M. Boulanger compare ici témérairement Saül à un juge de village en Basse-Bretagne, nommé Kerlotin, qui envoya chercher un témoin par un huissier ; le témoin buvait au cabaret, et l'huissier resta avec lui à boire ; il dépêche un second huissier, qui reste à boire avec eux ; il y va lui-même, il boit et s'enivre, et le procès ne fut point jugé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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