LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 75

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 75

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 75)

 

 

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ROIS.

 

 

 

LIVRE PREMIER.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      (Chapitre XVI, v.4.) Or Samuel vint à Bethléem selon l'ordre du Seigneur ; et les anciens de Bethléem, tout surpris, lui dirent : Viens-tu ici en homme pacifique ? Et il répondit : Je viens en pacifique pour immoler au Seigneur ; purifiez-vous, et venez avec moi pour que je sacrifie (1).

 

      Samuel purifia donc Isaï : Sont-ce là tous tes enfants ? Isaï lui répondit : Il en reste encore un petit qui garde les brebis. Et Samuel dit à Isaï : Fais-le venir ; car nous ne nous mettrons à table que, quand il sera venu... On l'amena donc : il était roux et très beau ; et Dieu dit à Samuel : C'est celui-là que tu dois oindre. Samuel prit donc une corne pleine d'huile, et oignit David au milieu de ses frères ; et le souffle du Seigneur vint sur David, et le souffle du Seigneur se retira de Saül, et Dieu envoya à Saül un mauvais esprit (2)...

 

     Et les officiers de Saül lui dirent : Tu vois qu'un mauvais souffle de Dieu te trouble ; s'il te plaît, tes serviteurs iront chercher un joueur de harpe, afin que, quand le mauvais souffle de Dieu te troublera le plus, il touche de la harpe avec sa main, et qu'il te soulage... Saül dit à ses serviteurs : Allez-me chercher quelqu'un qui sache bien harper ; et l'un de ses serviteurs lui dit: J'ai vu un des fils d'Isaï de Bethléem, qui harpe fort bien ; c'est un jeune homme très fort et belliqueux, prudent dans ses paroles, fort beau, et Dieu est avec lui (3).

 

      Saül fit donc dire à Isaï : Envoie-moi ton fils qui est dans les pâturages. Isaï prit aussitôt un âne avec des pains, une cruche de vin, et un chevreau, et les envoya à Saül par la main de son fils David...

 

      Saül aima fort David, et il le fit son écuyer ; et toutes les fois que le mauvais souffle du Seigneur rendait Saül maniaque, David prenait sa harpe, il en jouait, Saül était soulagé, et le souffle malin s'en allait (4).

 

 

 

 

 

 

 

1 - Il semble étrange que les habitants de Bethléem demandent à Samuel : Viens-tu ici avec un esprit de paix ? Bethléem n'appartenait donc pas à Saül ; et cela est très vraisemblable : car Jérusalem, qui est tout auprès, n'était point à lui. Il y avait donc dans Bethléem des Cananéens qui dominaient, et des Juifs tributaires. C'est aux Juifs pourtant que Samuel s'adressa : "Purifiez-vous et venez avec moi." Jamais histoire ne fut plus divine ; mais aussi elle est très obscure aux yeux des hommes.

 

2 - Calmet observe que c'était une beauté chez les Juifs d'être roux, et que l'époux ou l'amant du Cantique des cantiques était rousseau. Nous ne sommes pas de cette opinion. L'amant du Cantique des cantiques était d'un blanc mêlé de rouge, candidus et rubicundus.

 

Mais le sacre de David est un objet plus important. C'est d'abord une chose remarquable que Dieu parle à Samuel chez le père de David même, en présence de toute la maison. Il faut croire qu'il lui parlait intérieurement ; mais alors comment les assistants pouvaient-ils deviner qu'il avait une mission particulière et divine ? Tous les Juifs devaient savoir que Saül régnait, parce que Samuel lui avait répandu de l'huile sur la tête. Or, quand il en fait autant à David, son père, sa mère, ses frères et les assistants, devaient s'apercevoir qu'il faisait un roi nouveau, et que par là il exposait toute la famille à la vengeance de Saül. Il y a là quelque difficulté ; mais elle disparaît dès qu'on sait que Samuel était inspiré.

 

Boulanger dit qu'il n'y a jamais eu de scène du théâtre Italien plus comique que celle d'un prêtre de village qui vient chez un paysan, avec une bouteille d'huile dans sa poche, oindre un petit garçon rousseau, et faire une révolution dans l'État : mais il ajoute que cet État et ce petit garçon rousseau ne méritaient pas un autre historien. Nous laissons ces blasphèmes pour ce qu'ils valent.

 

3 - Les commentateurs exaltent ici le pouvoir de la musique, Calmet regarde que Terpandre apaisa une sédition en jouant de la lyre ; et il cite Henri Estienne, qui vit dans la tour d'Angleterre un lion quitter son dîner pour entendre un violon. Ces exemples sont assez étrangers à la maladie de Saül.

 

Le souffle malin de Dieu, c'est-à-dire un souffle très malin, une espèce de possession, l'avait rendu maniaque, et, selon plusieurs commentateurs, Dieu l'avait abandonné au diable. Mais il est prouvé que les Juifs ne connaissaient point encore d'esprit malin, de diable qui s'emparât du corps des hommes ; c'était une doctrine des Chaldéens et des Persans ; et jusqu'ici il n'en est pas encore question dans les livres saints.

 

4 - Les commentateurs remarquent que c'était un don particulier, communiqué de Dieu à David, de guérir les accès de folie dont Saül était attaqué. Mais en même temps ils veulent expliquer si ce don était la suite de son sacre et de l'huile que Samuel avait répandue sur sa tête.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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